Page 90 - Merveilles Industrie Tome 4
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8't                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                       est recueillie dans un cuvier placé au-dessous  fécule ne peuvent produire cet aspect, tandis
                       du tamis. Mais cet amidon est chargé d’une  que les grains lenticulaires de l’amidon de
                       certaine quantité de son.                 blé contractent entre eux une adhérence
                         Il s’agit maintenant de purifier ce pro­  sensible, pendant les manipulations précé­
                       duit, c’est-à-dire de séparer l’amidon des  dentes. Ils éprouvent, par l’effet de l’étu­
                       impuretés. On donne à cet effet un rafraîchi  vage , un retrait considérable, et se fendillent,
                       au mélange. Cette opération consiste à dé­  de la périphérie au centre du bloc, en lignes
                       canter l’eau qui, après une journée de repos,   continues de 4 à 8 centimètres de longueur.
                       est venue occuper la partie supérieure du  De là le nom d’amidon en aiguilles qui sert,
                       cuvier, à la remplacer par de l’eau fraîche,   dans le commerce, à désigner ce produit. J
                       et a mélanger le tout par l’agitation. On   Tel est, dans ses traits caractéristiques, le
                       laisse ensuite reposer le liquide trois jours,  procédé chimique pour l’extraction de l'ami­
                       pendant lesquels on voit s’élever à la partie   don des céréales par la fermentation. Malgré
                       supérieure, une couche assez colorée ; on   son apparente simplicité, il est très-dispen­
                       enlève cette couche avec une pelle en bois.  dieux, parce que l’opération dure de quinze
                         En termes d’amidonnerie, la couche co­  à trente jours, selon la température, et que
                       lorée supérieure s’appelle gras, la couche  les appareils, immobilisés pendant ce laps de
                       blanche inférieure s’appelle blanc.       temps, doivent être très-nombreux et occu­
                         On réunit les blancs de trois opérations  pent un emplacement considérable. Un troi­
                       successives, et on les passe dans un tamis de   sième et très-grave défaut de ce procédé,
                       soie du numéro 120. Quant aux ÿras de ces  c’est son insalubrité, qui le fait reléguer
                       mêmes opérations, on les soumet à un trai­  loin des habitations, et qui avait nécessité
                       tement semblable. Ils fournissent par ce  les réglementations multipliées et vexatoires
                       traitement de l’amidon de seconde qualité.  que nous avons citées en commençant.
                         On verse alors les blancs dans un bac, ou   Le procédé mécanique pour l’extraction de
                       bachot, en bois, disposé de manière à faire, en  l’amidon, procédé auquel l’inventeur, Emile
                       quelque sorte, fonction de filtre. Ses parois  Martin, a donné son nom, n’est autre chosd
                       sont revêtues d’une toile grossière, et son fond  que l’application à l’industrie d’une expé­
                       est percé de trous. On laisse égoutter l’ami­  rience bien connue dans les laboratoires de
                       don ; puis on le verse, en retournant le bac,  chimie. Si, comme nous l’avons représenté
                       sur une aire en plâtre, qui absorbe une par­  dans la Notice précédente (fig. 46, page 71) en
                       tie de l’humidité dont il est encore impré­  parlant de l’analyse des farines, on fait une
                       gné. On le transporte ensuite dans un sé­  pâte avec de la farine et de l’eau, et qu’on la
                       choir, où il se ressuie, c’est-à-dire se des­  malaxe longtemps sous un mince filet d’eau,
                       sèche à l’air libre. On racle les impuretés  au-dessus d’un tamis, posé sur une ter­
                       adhérentes à sa surface ; on l’enveloppe dans  rine, on finit par avoir dans la main une
                       du papier, et on l’expose, pendant cinq jours,   masse plastique de gluten, tandis que l’eau
                       dans une étuve chauffée à -j- 35°, puis à  chargée d’amidon s’est écoulée à travers les
                       4- 80°.                                   mailles du tamis. Si l’on conserve cette eau
                         On obtient ainsi le pain d’amidon.      et qu’on la laisse en repos, l’amidon qu’elle
                         Le pain d'amidon, après cette opération,   tient en suspension se précipite au fond du
                       doit présenter en son milieu une forme  vase.
                       prismatique, analogue, à celle des basaltes.   Pour appliquer à l’industrie ce moyen si
                       C’est là, pour le consommateur, un indice  simple et si élégant de séparer le gluten de
                       de pureté, car les grains globuleux de la  l’amidon, Emile Martin inventa l’appareil
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