Page 82 - Merveilles Industrie Tome 4
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                       peut-être jamais été poussé plus loin qu’à  devait alors être passée au tamis de crin, en
                       l’égard des amidonniers. On nous permettra  suivant toujours l’ordre du numéro des fu­
                       d’en rappeler les principales dispositions.  tailles mises en trempe, sans pouvoir les
                         Au xvni° siècle, il était interdit aux ami­  intervertir sous quelque prétexte que ce fût,
                       donniers, en prévision des famines, d’ache­  ni passer au tamis de crin un numéro sub­
                       ter de bons grains pour en faire de l’amidon.   séquent avant ceux qui le précédaient.
                       Il leur était également interdit, afin d’assu­  L’opération devait toujours se faire en pré­
                       rer la bonne qualité du produit, de se servir  sence d’un commis, qui en dressait un acte,
                       des blés germés ni gâtés, et d’introduire  aux frais du fabricant.
                      dans la fabrication de l’amidon des matières   Les amidonniers devaient subir, sous
                       prohibées par les règlements.             peine d’amende, en cas de refus, les visites
                         Les règlements de police leur interdi­  et exercice des commis, toutes les fois qu’ils
                      saient de fabriquer de l’amidon dans l’inté­  se présentaient, même les dimanches et jours
                       rieur de Paris, à cause de l’odeur infecte  de fête.
                      de leurs eaux. Leurs ateliers devaient être   Les professions de perruquier, de boulan­
                      relégués dans les faubourgs et banlieue.   ger et de meunier, étaient incompatibles
                       Ils ne pouvaient s’établir que dans les loca­  avec celles d’amidonnier. Les amidonniers
                      lités présentant un écoulement sulfisant  ni leurs enfants demeurant avec eux, ne
                      pour les liquides.                         pouvaient embrasser aucune de ces profes­
                         Pour faciliter la perception des droits sur  sions.
                      l’amidon, les amidonniers ne pouvaient se    Tous ces règlements, nous n’avons pas
                      servir que de tonneaux ou autres vaisseaux  besoin de le dire, sont tombés depuis long­
                      susceptibles d’être jaugés. Ils ne pouvaient  temps en désuétude. Les amidonniers ne
                      faire usage de cuves, cuveaux, baquets et  sont soumis qu’aux ordonnances de police
                      autres vaisseaux informes.                 qui règlent les établissements insalubres.
                        Un inventaire général était dressé chez   L’amidonnier peut traiter toutes les matières
                      tous les fabricants d’amidon, qui étaient  qui lui conviennent, et ses ateliers ne sont
                      tenus de déclarer et de mettre en évidence   soumis qu’à la réglementation qui atteint
                      tous les tonneaux dans lesquels ils avaient  tous les établissements industriels dont le
                      des farines en trempe. Tous les tonneaux  voisinage peut être pour les voisins une cause
                      qu’ils destinaient à cet usage étaient nu­  d’insalubrité ou de danger.
                      mérotés et jaugés.                          L’amidonnerie, qui n’était autrefois qu’un
                        Les amidonniers ne pouvaient mettre au­  simple métier, est devenue aujourd’hui une
                      cune farine à macérer qu’après une décla­  industrie savante, qui fait usage des moyens
                      ration préalable aux commis de l’adminis­  que fournissent la mécanique et la chimie.
                      tration, en indiquant le jour et l’heure de   C’est la découverte du procédé mécanique, ou
                      l’opération, ainsique le nombre, la jauge, le  procédé Émile Martin, pour l’extraction de
                      numéro des futailles qu’ils devaient em­  l’amidon, qui a provoqué cette heureuse
                      ployer.                                   transformation de l’industrie dont nous
                        Ils devaient ranger par ordre, dans leurs  allons exposer les procédés.
                      ateliers, les futailles destinées à faire ma­
                      cérer les farines, de telle sorte que l’on
                      pût passer librement pour les visiter.
                        Toute farine mise en trempe ne pouvait
                      macérer que pendant trois semaines. Elle
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