Page 82 - Merveilles Industrie Tome 4
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76 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
peut-être jamais été poussé plus loin qu’à devait alors être passée au tamis de crin, en
l’égard des amidonniers. On nous permettra suivant toujours l’ordre du numéro des fu
d’en rappeler les principales dispositions. tailles mises en trempe, sans pouvoir les
Au xvni° siècle, il était interdit aux ami intervertir sous quelque prétexte que ce fût,
donniers, en prévision des famines, d’ache ni passer au tamis de crin un numéro sub
ter de bons grains pour en faire de l’amidon. séquent avant ceux qui le précédaient.
Il leur était également interdit, afin d’assu L’opération devait toujours se faire en pré
rer la bonne qualité du produit, de se servir sence d’un commis, qui en dressait un acte,
des blés germés ni gâtés, et d’introduire aux frais du fabricant.
dans la fabrication de l’amidon des matières Les amidonniers devaient subir, sous
prohibées par les règlements. peine d’amende, en cas de refus, les visites
Les règlements de police leur interdi et exercice des commis, toutes les fois qu’ils
saient de fabriquer de l’amidon dans l’inté se présentaient, même les dimanches et jours
rieur de Paris, à cause de l’odeur infecte de fête.
de leurs eaux. Leurs ateliers devaient être Les professions de perruquier, de boulan
relégués dans les faubourgs et banlieue. ger et de meunier, étaient incompatibles
Ils ne pouvaient s’établir que dans les loca avec celles d’amidonnier. Les amidonniers
lités présentant un écoulement sulfisant ni leurs enfants demeurant avec eux, ne
pour les liquides. pouvaient embrasser aucune de ces profes
Pour faciliter la perception des droits sur sions.
l’amidon, les amidonniers ne pouvaient se Tous ces règlements, nous n’avons pas
servir que de tonneaux ou autres vaisseaux besoin de le dire, sont tombés depuis long
susceptibles d’être jaugés. Ils ne pouvaient temps en désuétude. Les amidonniers ne
faire usage de cuves, cuveaux, baquets et sont soumis qu’aux ordonnances de police
autres vaisseaux informes. qui règlent les établissements insalubres.
Un inventaire général était dressé chez L’amidonnier peut traiter toutes les matières
tous les fabricants d’amidon, qui étaient qui lui conviennent, et ses ateliers ne sont
tenus de déclarer et de mettre en évidence soumis qu’à la réglementation qui atteint
tous les tonneaux dans lesquels ils avaient tous les établissements industriels dont le
des farines en trempe. Tous les tonneaux voisinage peut être pour les voisins une cause
qu’ils destinaient à cet usage étaient nu d’insalubrité ou de danger.
mérotés et jaugés. L’amidonnerie, qui n’était autrefois qu’un
Les amidonniers ne pouvaient mettre au simple métier, est devenue aujourd’hui une
cune farine à macérer qu’après une décla industrie savante, qui fait usage des moyens
ration préalable aux commis de l’adminis que fournissent la mécanique et la chimie.
tration, en indiquant le jour et l’heure de C’est la découverte du procédé mécanique, ou
l’opération, ainsique le nombre, la jauge, le procédé Émile Martin, pour l’extraction de
numéro des futailles qu’ils devaient em l’amidon, qui a provoqué cette heureuse
ployer. transformation de l’industrie dont nous
Ils devaient ranger par ordre, dans leurs allons exposer les procédés.
ateliers, les futailles destinées à faire ma
cérer les farines, de telle sorte que l’on
pût passer librement pour les visiter.
Toute farine mise en trempe ne pouvait
macérer que pendant trois semaines. Elle