Page 79 - Merveilles Industrie Tome 4
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LE PAIN ET LES FARINES.                               73


         quent de cohésion à tel point que la quan­  Quelques boulangers ont eu recours au
         tité de sel nécessaire pour les raffermir et  sulfate de zinc, dans la pensée qu’ils ren­
         pour masquer le goût de la levùre, commu­  draient ainsi leur pain plus blanc et qu’ils
         niquerait au pain une saveur prononcée.   le prépareraient en moins de temps avec des
           Celte fraude est, du reste, facile à dé­  farines inférieures. Le sulfate de zinc est
         couvrir. Plusieurs procédés peuvent être  un sel dont les propriétés vomitives expo­
         employés dans ce but. Le plus simple est  sent à de graves accidents. Il possède, heu­
         l’incinération de la pâte. On place la farine  reusement, des réactions très-tranchées, qui
         dans une capsule de porcelaine que l’on in­  en facilitent la découverte dans les pains
         troduit dans un moufle, c’est-à-dire dans  ainsi falsifiés.
         une capacité de briques entièrement fer­    Le sulfate de cuivre sert quelquefois à
         mée, sauf l’ouverture que fermera la porte   d’odieuses falsifications. Ce sel possède la
         du fourneau, et on chauffe fortement le  propriété de raffermir la pâte faite avec des
         fourneau (fig. 49). On réduit la farine en
         cendres. L’alumine qui reste dans les cen­
         dres, est le produit de décomposition de
         l’alun, et trahit, par conséquent, l’introduc­
         tion de ce sel dans la pâte du pain.
           Le carbonate d’ammoniaque employé
         pour faire lever la pâte ne peut produire cet
         effet qu’à très-forte dose. La chimie possède
         des moyens faciles d’en déceler la présence
         dans le pain. On peut, par exemple, mettre
         en liberté l’ammoniaque de ce composé, au
         moyen d’une solution de potasse ou de
        soude caustique, et reconnaître le gaz am­
        moniac qui se dégage, aux fumées blanches
        qu’il donne en présence d’une baguette de
        verre trempée dans l’acide acétique.
           Le carbonate de magnésie, dans la pro­             _BUF\Gum
                                                  Fig. 49. — Fourneau à moufle pour l’incinération des
         portion de A, donne au pain une teinte jau­
                                                                    farines.
         nâtre, dont les boulangers profitent pour
         modifier la couleur brune que donneraient au  farines humides et de lui faire absorber une
         pain les farines de qualité médiocre. Mais  quantité d’eau plus grande que dans les
         cette addition communique à la pâte des pro­  conditions ordinaires. Le mélange de levain
         priétés purgatives, qui peuvent être fatales   et de sel marin produit les mêmes effets,
         aux personnes de constitution délicate. Cette   mais en exigeant un pétrissage plus éner­
         falsification n échappe pas plus que les   gique.
        autres aux investigations de la chimie.     Le sulfate de cuivre est très-vénéneux.
           On croi t que le carbonate et le bi-carbonate   On ne l’emploie, il est vrai, qu’à petites
         de potasse permettent au pain de se conserver   doses, mais à la longue il peut devenir
         plus longtemps sans durcir. Ces substances   dangereux. D’autre part, il peut s’accu­
         ne sont pas moins faciles à reconnaître que   muler par place dans le pain et produire
         les précédentes, grâce à l’incinération du
                                                  ainsi un véritable empoisonnement.
         pain et à l’analyse chimique des cendres.
                                                    Un procédé très-simple permet de décou-
                T. IV.
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