Page 74 - Merveilles Industrie Tome 4
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68 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
selon la nature des petits champignons dont pommes de terre mêlée à la farine ont beau
elles sont formées. coup occupé les chimistes à l’époque oi
Nous ne décrirons pas ces divers champi cette recherche avait son utilité, et un chi
gnons. Nous parlerons seulement d’une miste belge, M. Donny, s’appuyant sur uni
apparition de ce genre qui fut constatée observation de Payen, trouva, en 1847, ui
en 1843, par une commission de l’institut, procédé très-élégant pour constater ce genre
nommée pour en étudier la cause et les de fraude au moyen du microscope.
remèdes. Le pain distribué aux soldats cam M. Donny a fait voir qu’il n’est rien d<
pés dans des baraquements sous Paris, se plus facile que de reconnaître au micro
recouvrait d’une substance rouge, d’une scope les grains de fécule de pomme if
odeur désagréable. On reconnut que cette terre mélangés aux grains d’amidon de li
substance n’était autre qu’un champignon, farine, en humectant le mélange avec d
VOïdium aurantiacum. On parvint à arrê la potasse diluée, à raison de 1/8 de potasse
ter, ou du moins à atténuer la formation de pour 100 d’eau. Cette solution augmente d
ce champignon, en mettant, sur le conseil moitié ou cinq fois le volume des grains d
de la commission, moins d’eau et plus de fécule, sans modifier celui des grains de fa
sel dans la pâte. rine de froment.
Le biscuit de mer, malgré sa grande Voici comment on opère :
cohésion, n’est pas à l’abri de toute altéra On place la farine à examiner sur
tion. Il s’y développe quelquefois des larves porte-objet d’un microscope, après l’avoi
d’insectes, que l’on en fait sortir en battant délayée avec une dissolution de potasse
les biscuits les uns contre les autres. La pré caustique, composée de isr.75 de potasse
sence de ces larves, qui ne s’y trouvent du
reste qu’en petite quantité, ne paraît pas
exercer d’influence sensible sur la santé des
marins qui se nourrissent de ces biscuits.
Les altérations naturelles ne sont pas les
seules auxquelles les farines soient sujettes.
Les fraudeurs ont quelquefois mélangé la
farine de blé avec la farine de pommes de
terre, de féveroles, ou bien de vesces et de
légumineuses. On y a même ajouté des sub
stances minérales. Parmi ces substances, les
unes sont absolument nuisibles et les autres
ne sont certainement pas sans effet fâcheux.
Nous dirons quelques mots de ces diverses
altérations et des moyens de les reconnaître. Fig. 44. — Grains de fécule gonflés par la potasse
Quelques-uns sont restés intacts.
Le mélange de la fécule de pommes de
terre avec la farine de blé a tenté les frau pour 100 grammes d’eau. Les grains d’;
deurs jusqu’en 1845. Mais à cette époque, midon qui caractérisent la farine de bl
la maladie des pommes de terre, en faisant n’éprouvent point de changement, tandis
renchérir les farines, a fait disparaître cette que les globules de fécule s’étendent et foi
fraude, en supprimant les avantages qu’elle ment de grandes plaques minces et trans
pouvait procurer. parentes.
Les moyens de reconnaître la fécule de On rend le phénomène plus sensible