Page 722 - Merveilles Industrie Tome 4
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716                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

             feuilles, qu’on roule alternativement avec   Ces parcelles et cette poussière sont le
             les deux mains. Comme la bassine est incli­  résidu de la cuisson des feuilles. Elles don­
              née en avant, les feuilles retombent conti­  nent les thés verts les plus communs.
              nuellement vers l’ouvrier, qui les repousse   La qualité suivante s’appelle young hy­
              toujours de bas en haut, avec la paume de  son (hyson junior). Elle est la meilleure
              la main, en tenant les doigts en l’air, pour  parce qu’elle se compose des feuilles les
              ne pas toucher la fonte rougie. Ce travail,   plus tendres de l'arbuste. Le courant d’air
              fort douloureux pour l’ouvrier, dure une  les pousse presque au bout de l’auge, et les
              heure. Au bout de ce temps, on procède au   fait tomber dans un panier.
              triage des feuilles torréfiées.             La qualité suivante est un peu plus lourde
                Pour cela, on jette les feuilles torréfiées  et ne s’envole pas aussi loin ; elle tombe dans
              dans un gros crible, sous lequel se trouvent  la même case et dans le même panier, qui
              placés deux autres cribles, l’un moyen et  sont l’un et l’autre partagés en deux par un
              l’autre fin. Ce triple tamisage divise les  compartiment. C’est le hyson.
              feuilles en trois sortes ; grosses, moyennes   La qualité qui vient après est plus pesante
              et fines. Mais le triage n’est encore qu’à son   encore; elle tombe, dans la deuxième case,
              début. La véritable séparation du thé vert   près du ventilateur. On donne à cette sorte
              en sortes diverses s’opère par un moyen fort  le nom de thé poudre à canon, parce qu’elle
              curieux, c’est-à-dire avec un tarare. Le cou­  est roulée en petits grains, semblables à ceux
              rant d’air lancé par le ventilateur du tarare  de la poudre à canon.
              sert à opérer, d’une manière très-ingé­      Le thé le plus lourd tombe tout près
              nieuse, comme on va le voir, la séparation   du ventilateur, et presque sous l’orifice de
              du thé vert en différentes sortes.         l’entonnoir, dans la première case : c’est la
                Les feuilles sont introduites successive­  grosse poudre à canon. Ses grains, trois fois
              ment, en commençant par les plus larges,   plus gros que ceux de la sorte précédente,
              dans l’entonnoir du tarare, qui fait tomber  se composent de plusieurs jeunes feuilles
              ces feuilles dans une auge à trois divisions,   agglomérées ensemble et formant des peti­
              ou cases. Au fond de chacune de ces cases  tes boules compactes. On coupe souvent en
              est une trappe, par où le thé tombe dans un   petits fragments le thé grosse poudre à ca­
              panier placé au-dessous. Le ventilateur du  non, pour le mélanger avec le thé poudre à
              tararei.est placé à l’une des deux extrémités  canon proprement dit.
              de l’auge près de l’entonnoir. Ce ventilateur   Malgré le soin que l’on a mis à opérer le
              est mis en mouvement par une roue, que  triage des thés verts en différentes sortes,
              l’ouvrier tourne de la main droite, tandis   l’opération n’est pas encore,terminée. Des
              que de la gauche il fait fonctionner une   femmes et des enfants s’emparent des pa­
              coulisse pratiquée au fond de l’entonnoir,   niers, en déposent le contenu sur une table,
              et qui sert à régler la quantité de thé qui   puis s’occupent d’enlever les mauvaises
              doit tomber dans les cases. Le courant d’air   feuilles, les téguments et débris de tiges et
              chasse les parcelles et la poussière du thé   de branches, qui peuvent être restés mé­
              à l'autre extrémité du tarare. Là, les feuilles  langés au thé. Ce travail est fort long, mais
              sont arrêtées par une planche, que l’on peut  de la manière plus ou moins consciencieuse
              faire avancer ou reculer à volonté. Arrivées  dont il est fait, dépendent la valeur et le prix
              contre cette planche, elles tombent, par une   des diverses sortes de thés verts.
              ouverture, dans un panier disposé au-des­    Les thés étant ainsi bien épluchés, on les
              sous.                                      remet encore dans des bassines rouges de
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