Page 721 - Merveilles Industrie Tome 4
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LE CAFÉ ET LE TI1É. 715
Touteslcs feuillesdu servent de toile épaisse et d’environ l“,20 de lon
à la fabrication des thés verts. Dès qu'elles gueur sur 70 centimètres de circonférence.
sont récoltées, on les porte à l'atelier de tor On presse avec force le thé dans ce sac, en se
réfaction. Le torréfacteur en jette environ servant des pieds et des bras. De la main
trois livres à la fois dans la bassine chauffée gauche l’ouvrier en tient l’ouverture fermée
au rouge, et les retourne dans tous les sens. au raz des feuilles, et de la droite il bat le thé
Il opère d’abord avec les mains, puis, quand à vigoureux coups de poings, en le tournant
la chaleur n’est plus supportable. avec en tous sens, et le resserrant à chaque fois.
deux petites fourchettes de bambou à six Quand il juge le thé réduit, par cette pres
dents. 11 soulève délicatement les feuilles, sion, au plus petit volume possible, l’ouvrier
d’abord avec la fourchette de la main noue étroitement ce sac, qui n’est plus alors
droite, ensuite avec la fourchette de la rempli qu’au tiers, et en retourne l’excédant
main gauche. 11 empêche ainsi les feuilles sur le fond, ce qui double la toile ; puis il
de brûler ou de s’attacher au fond de la en tord les deux bouts à plusieurs reprises.
bassine. Au bout de trois minutes, elles Le sac étant ainsi bien fermé, il l’étend à
ont acquis assez de flexibilité pour être terre et'saute dessus, à pieds joints, en se
roulées sans se briser. Alors on les retire du suspendant, par es bras, à une traverse de
feu, on les verse dans les corbeilles, on les bois. Dans cette posture, il pèse de tout le
évente, puis on les malaxe avec les mains, poids de son corps sur ce sac, le foulant
comme lorsqu’on prépare le thé noir. Les tantôt d’un pied, tantôt de l’autre, le retour
feuilles rendent, surtout quand elles sont nant dans tous les sens, et l’ouvrant de
fraîches, un suc assez abondant. temps à autre, pour le resserer de plus en
Pour façonner le thé vert, on pétrit les plus.
feuilles avec les mains, de manière à leur La balle de feuilles étant devenue très-
donner une forme, non sphérique comme le dure, par cette sorte de martelage, l’ou
thé noir, mais plutôt conique. Les feuilles, vrier la met de côté, jusqu’au lendemain.
une fois roulées en cônes, sont placées, par Le lendemain matin, il ouvre le sac, en
rangées, dans des corbeilles, qu’on pose sur retire les feuilles et les met dans des cor
des châssis et exposées au soleil, pendant huit beilles; puis il les passe au feu, jusqu’à ce
à dix minutes. Ensuite on déroule les feuil qu’elles soient crispées, recoquillées, à peu
les une par une. A mesure qu’on déplie les près comme pour les thés noirs.
feuilles, on les étend sur des corbeilles, et Le thé est enfin emballé dans des paniers
on les expose de nouveau au soleil ; puis on de bambou garnis de feuilles du même ar
les roule de nouveau et ainsi de suite, en bre, et on le conserve en cet état pendant
répétant trois fois cette opération. trois, quatre et même six mois avant de lui
Après avoir été trois fois ployées en cônes, faire subir la dernière préparation, qu il
puis séchées, les feuilles ont perdu la plus nous reste à décrire.
grande partie de leur humidité. Alors, une Les paniers contenant le thé sont vidés et
seconde fois, le torréfacteur les jette dans la leur contenu versé dans de grandes corbeil
bassine rouge de feu, en les tournant et les les, qu’on expose à l’air, jusqu’à ce que les
retournant en tous sens. Lorsqu’elles sont feuilles se soient assez amollies pour être en
sur le point de se brûler, il les retire preste roulées. Alors on fait rougir sur un feu de
ment et les jette dans un panier, et tandis bois une bassine de fonte, pareille à celle
qu’elles sont encore chaudes, on en transvase dont on se sert pour le thé noir, et l’on y
de quinze à vingt livres environ dans un sac jette environ 3 kilogrammes et demi de