Page 720 - Merveilles Industrie Tome 4
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714                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

            prend la forme d’une boule. L'ouvrier re­  moins, et celles qui sont trop torréfiées de
            commence à plusieurs reprises à confection­  celles qui sont torréfiées à point.
            ner ces boules. Tantôt il agglomère les feuil­  Ce triage ne s’effectue que le lendemain
            les, tantôt il les sépare et les laisse retomber,   de la torréfaction et de l’enroulement des
            pour les reprendre de nouveau. Enfin, il   feuilles. Il est confié à des femmes et à des
            les remet dans la corbeille, qu’il agite circu-   enfants.
            lairement, et les reporte à l’ouvrier torré­  Les feuilles les plus tendres et les plus
            facteur. Celui-ci, les replaçant dans la bas­  jeunes composentle thépekoé;celles qui sui­
            sine, fait subir aux feuilles une deuxième  vent sous le rapport de la finesse donnent
            coction.                                   la Wxé paw-chong ; les suivantes le souchong,
              On alterne ainsi la torréfaction et l’en-  puis le congou. Les feuilles plus grossières
            loulement des feuilles, jusqu’à trois ou   fournissent les dernières qualités de thé.
            quatre fois; mais en diminuant à chaque      Quand on les a ainsi assorties, on range
            fois, et graduellement, la chaleur à laquelle  de nouveau les feuilles sur les tamis, et l’on
            on les expose.                             pose ces tamis sur les paniers à sécher,
              Pendant ces manipulations les feuilles  puis on les expose à l'action d'un feu plus
            ont absorbé un peu d’humidité : il faut les   doux que dans l’opération précédente. Au
            dessécher entièrement. Pour cela, on les  bout de quelques minutes, on les retire, on
            étend sur un tamis percé de trous de di­   les vanne et on les jette dans une nouvelle
            verses grandeurs, et on place ce tamis au  corbeille. Cette dernière exposition au feu
            milieu d’un panier élevé, qui a la forme   a pour but de dessécher complètement les
            de deux cônes tronqués superposés l’un à   feuilles. De même que pour les premières
            l'autre, en sens opposés. Le tamis chargé   cuissons, on la réitère jusqu’à trois fois, en
            de feuilles est posé entre les deux moitiés   retournant de temps en temps les feuilles
            du panier. On allume un feu de bois dans  avec les mains. Sur la fin, le feu ne doit
            un fourneau qui est différent de celui des­  plus flamboyer, mais être réduit à quelques
            tiné à la torréfaction, car il n’a point de   tisons consumés.
            bassine. On a eu la précaution, avant de le   On reconnaît que le thé a atteint son der­
            placer sur le feu, de bien secouer le tamis,   nier point de dessiccation lorsque les feuilles
            pour empêcher que les feuilles ne passent à   sont bien crispées, bien roulées, et qu’elles
            travers ses trous et tombent dans le feu, ce   se brisent à la moindre pression des doigts.
            qui occasionnerait une fumée nuisible au     Le travail est alors terminé. On emballe
            thé. On abandonne le panier sur le four­  le thé dans de grandes caisses bien fermées.
            neau, car ses rebords circulaires qui recou­  On le tasse avec les mains, puis avec les
            vrent le brasier sont assez éloignés du feu   pieds chaussés de bas très-propres et on
            pour qu’on n’ait rien à craindre. Quand    ferme bien la caisse.
            les feuilles sont sèches, on retire le panier
            du feu et on verse le contenu du tamis dans   Telle est la méthode qui sert, en Chine, •
            de grandes corbeilles à claire-voie posées  à obtenir les thés noirs.
            sur des châssis.                             Passons à la manière de torréfier les feuil­
              L’opération qui s’exécute ensuite est celle   les qui doivent donner le thé vert. La diffé­
            </zz triage des feuilles torréfiées. Elle a pour  rence entre les deux modes de traitement
            but de classer les feuilles suivant leur gran­  réside surtout dans la chaleur moins grande
            deur et leur finesse, de séparer celles qui   à laquelle on expose les feuilles, pour prépa­
            sont bien roulées de celles qui le sont   rer le thé vert.
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