Page 699 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES CONSERVES ALIMENTAIRES. 693
de ces vases et le prix des transports ren Il ne suffisait donc pas de conserver les
daient fort dispendieux l’usage des aliments aliments végétaux avec toutes leurs qualités
végétaux conservés par la méthode d’Appert ; nutritives, il fallait encore les réduire à un
de telle sorte qu’ils n’avaient pu entrer avec volume tel que 12,000 à 15,000 rations pus
utilité dans la consommation générale. La sent être logées dans un espace de quelques
marine elle-même n’avait pu les adopter que mètres.
comme objet <\'extra; on les réservait pour En 1850, M. Masson résolut ce pro
la table des officiers. Ce n’est que lorsque blème, qui n’offrait pas, à vrai dire, grande
la méthode d’Appert s’étant prodigieuse difficulté. Les légumes une fois desséchés,
ment répandue, l’industrie disposa d’un ou il les comprimait au moyen de la presse
tillage particulier fabriqué à bas prix, que hydraulique. Ce résultat obtenu, le succès
l’on en revint à la conservation des légumes de 1 invention était assuré; il ne s'agissait
par la méthode d’Appert. Nous décrirons plus que de pourvoir à son exploitation in
plus loin les procédés suivis actuellement dustrielle.
pour conserver les légumes par la dessicca En 1851, M. Chollet acheta à 1 inventeur
tion. Pour le moment, continuons l’histoire le droit d'exploiter industriellement les pro
de la découverte et des progrès de la mé cédés de dessiccation et de compression des
thode de dessiccation appliquée aux légumes. légumes.
C’est M. Masson, jardinier en chef du Après avoir régularisé la fabrication,
Luxembourg, qui eut le mérite d’aborder le M. Chollet se mit en devoir de faire ac
premier avec succès le problème de la con cepter ses produits par les administrations
servation des légumes par la dessiccation. de la marine et de la guerre. Dans l’espace
En 1845, M. Masson conçut ce projet, de quatre ans, plus de quarante commis
qui fut communiqué par lui à la Société sions se réunirent, pour procéder à cet exa
d’horticulture de Paris. En 1850, M. Masson men. Ce n’est qu’après une appréciation
obtint des résultats qui lui parurent assez éclairée de la valeur et de l’utilité de ces
importants pour être soumis à l'examen de produits alimentaires, que le ministre de la
diverses sociétés savantes. marine décida, en 1853, d’approvisionner
Le procédé de conservation proposé par le des légumes de M. Chollet un certain
jardinier en chef du Luxembourg ne différait nombre de batiments de l'Etat. C’est à par
guère pourtant de celui qui avait été mis en tir de cette époque que la nouvelle in
usage, un siècle auparavant, par le pasteur dustrie, créée en France, a pris un déve
de Livonie. M. Masson se contentait de des loppement rapide.
sécher les légumes en les plaçant dans des Les préparations végétales de M. Chollet
fours. se présentent sous la forme de tablettes
Les produits de M. Masson furent offerts carrées, qui semblent avoir la solidité du
au ministre de la marine, qui jugea qu’ils marbre. Ces plaques, aussi pesantes que le
occupaient trop de place, et, pour ee motif bois, par suite de la compression à laquelle
refusa de les faire entrer dans le régime elles ont été soumises, sont enveloppées
des équipages. L’administration trouvait, immédiatement et mises dans des caisses
non sans raison, que par leur grande sur de fer-blanc, pour être transportées ou em
face, ces légumes seraient trop exposés à barquées. Quand elles ne doivent servir
l’air et à l’humidité, et qu’ils courraient qu’à la consommation des ménages, on les
ainsi le risque d’être altérés par l’eau de recouvre simplement d’une feuille d’étain.
la mer. Chacune de ces tablettes, s’il s'agit par