Page 704 - Merveilles Industrie Tome 4
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              dans l’eau pendant quelque temps, est l’in­  légumes le perfectionnement imaginé par
              convénient que l’on reproche à ce genre de  Fasticr pour les conserves de viande, c’est-à-
              préparation. On leur trouve aussi un goût  dire d’élever la température du bain-marie
              un peu âcre. Ajoutons que la méthode  à + 108° au moyen du sel marin. Ce nouveau
              Chollet, c’est-à-dire la dessiccation et la   procédé donnait de très-bons résultats, mais
              compression, ne peut s'appliquer à tous les  on fut forcé d’y renoncer, parce qu’il aug­
              légumes, car la compression ne saurait être  mentait sensiblement le prix de revient des
              supportée sans inconvénient pour beaucoup  conserves, qu’il oxydait les boîtes, ce qui
              d’entre eux. La déformation qui en est la  nécessitait un nettoyage très-dispendieux,
              conséquence, a l’inconvénient d’enlever aux  enfin parce que les produits contractaient
              légumes l’aspect qui leur est propre.     souvent un mauvais goût.
                La méthode Chollet ne saurait donc rem­    C’est en 1854 que l’on remplaça le bain-
              placer la méthode d’Appert. Aussi l’indus­  marie par la vapeur, pour la fabrication
              trie de la conservation des légumes con­  des conserves de légumes. On lit construire
              tinue-t-elle à user largement du procédé   des chaudières autoclaves munies d’une sou­
              Appert.                                   pape et d’un manomètre. Les boîtes de
                Il faut même dire que l'on a, depuis quel­  conserves étaient plongées dans l’eau, et
              ques années, délaissé presque entièrement  restaient deux heures soumises à la tempé­
              les légumes Chollet, et que la conservation  rature de la vapeur d’eau bouillante fournie
              des légumes ne s’opère guère plus que par  par un générateur.
              la méthode d’Appert, modifiée ainsi que      Ce moyen permit de préparer de très-
              nous allons le dire, et qui s’applique à tous  bonnes conserves, mais il n’était pas en­
              les légumes : pois verts, asperges, fèves de  tièrement satisfaisant ; aussi subit-il un im­
              marais, haricots verts, artichauts, oseille,   portant perfectionnement.
              choux-fleurs, épinards, etc.                 En 1855, M. Salles modifia les chaudières
                                                        pour le traitement des légumes en chauffant
                Les conserves de légumes par la méthode   l’eau du bain-marie par un courant de va­
              d’Appert se préparent de la même manière  peur fourni par un générateur. Cette mo­
              que les conserves de viande, avec quel­   dification permit d’obtenir une prompte
              ques modifications secondaires et quelques   ébullition et de livrer à la consommation
              perfectionnements.                        des légumes d’un goût et d’une saveur
                Ce n’est que depuis l’année 1860 environ,   plus agréables.
              que ces perfectionnements ont été réalisés,   On a perfectionné, depuis 1855, la fabri­
              et que la fabrication des conserves végétales   cation des légumes conservés :
              par le procédé Appert a pu prendre une       1° En faisant, blanchir et refroidir très-ra­
              extension considérable.                   pidement les légumes; 2° en rejetant les
                Jusqu’à l’année 1850, pour conserver les   principes nuisibles que l’on employait au­
              légumes par la méthode d’Appert, on se  trefois pour colorer artificiellement les lé­
              bornait à les faire bouillir dans l’eau, à les  gumes verts; 3° en arrivant à connaître
              placer dans des boîtes de fer-blanc soudées  l’époque où l'on doit opérer, et consta­
              avec soin, et à les exposer, pendant une   tant que tous les légumes ne doivent pas
              heure et demie, à l’action de l’eau bouillante.   être traités en tout temps de la même ma­
              Comme on n’obtenait pas toujours de bons   nière ; 4° en parvenant à connaître le point
              résultats en opérant ainsi, on eut l’idée d’ap­  de cuisson et le temps d’ébullition pour cha­
              pliquer à la fabrication des conserves de  que légume.
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