Page 688 - Merveilles Industrie Tome 4

682 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

altération. Pour se servir de ce lait concen­ tube vertical. On entretient le lait à cette
tré, on délaye, dans quatre ou cinq fois son température pendant une heure à peu près ;
volume d’eau tiède, la quantité que 1 on veut au bout de ce temps, il est entièrement
en consommer. La substance contenue dans purgé d’air.
la boîte, et qui s’y trouve dans un état pâ­ On arrête alors l’arrivée de la vapeur
teux, avec une couleur d'un blanc jaunâtre, dans l’appareil, et on laisse le tout se refroi­
se délaye dans l’eau, à laquelle elle commu­ dir lentement, jusqu’à la température d’en­
nique l’aspect du lait ordinaire. viron -f- 30°. Le lait, qui s’était dilaté, se
Des expériences faites, à bord de nos navi­ réfracte, mais il remplit toujours chaque
res, en 1854, montrèrent que les conserves bouteille, et le tube qui la surmonte. Non-
de lait préparées par M. de Lignac étaient seulement il ne reste plus d’air dans le lait,
d’un usage irréprochable. mais il n’y a point d’espace vide dans l’in­
térieur des bouteilles, puisque le liquide s’y
Il était cependant préférable de conserver trouve soumis à la pression de la colonne
le lait sans le concentrer, et sans l’addition de lait de 3 à 4 décimètres de hauteur con­
d’aucune substance étrangère. Comme on tenue dans le tube.
vient de le voir, Appert et M. de Lignac Au moyen d’une pince, on comprime
ajoutaient du sucre au lait avant de le sou­ alors fortement ce tube au-dessus de chaque
mettre à l’évaporation; un autre industriel, bouteille, qui se trouve dès lors herméti­
M. Mabru, est parvenu à le conserver sans quement fermée ; le tube est coupé au-des­
concentration et sans addition d’aucune sus de cet étranglement, et on applique sur
substance. la section de la soudure d’étain.
Les moyens employés par M. Mabru se Ainsi, le lait a été chauffé à l’abri du con­
réduisent à l’application de la méthode tact de l’air, il a été complètement purgé
d’Appert, mais cette méthode a été très- de gaz, et l’air atmosphérique ne saurait
ingénieusement appropriée à ce cas spécial. s’v introduire de nouveau; enfin, l’absence
M. Mabru renferme le lait dans des bou­ de tout espace vide empêche le liquide de
teilles de fer-blanc, qui sont terminées, à ballotter dans l’intérieur du vase, ballotte­
leur partie supérieure, par un tube vertical ment qui provoquerait la séparation du
de plomb, d’un diamètre intérieur de 1 cen­ beurre. Toutes les conditions d’une parfaite
timètre, haut de 3 à 4 décimètres et muni conservation sont ainsi réalisées.
d’un petit entonnoir. On remplit entière­ Il résulte, d’un rapport qui fut fait, en
ment de lait la bouteille, le tube vertical et 1855, par M. Herpin,à la Société d’encoura­
l’entonnoir. Ces bouteilles, remplies de lait gement, que le lait ainsi traité peut se con­
et surmontées chacune de leur tube, sont server pendant plusieurs années. On procéda,
placées, au nombre de douze ou quinze, dans une séance du Comité des arts écono­
dans un grand vase fermé, dans l’intérieur miques de la Sociétéd’encouragement, à l’ou­
duquel on fait arriver de la vapeur d’eau, à verture de plusieurs boîtes métalliques
l’aide d'un générateur. contenant du lait qui avait été préparé par
La température du lait contenu dans ces ce moyen huit mois auparavant. Une autre
bouteilles s’élève à -j- 75 ou -|- 80°. Le lait boîte, préparée depuis deux ans et demi, fut
se dilate et monte en partie dans le réser­ également ouverte après son retour d’un
voir supérieur; en outre,l’air interposé mé­ voyage au Brésil, où elle avait séjourné six
caniquement ou même dissous dans le lait, semaines. Le lait contenu dans ces vases, et
se dégage complètement, et s’échappe par le en particulier dans la dernière boîte, fut