Page 684 - Merveilles Industrie Tome 4
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              concentré et non un morceau de bœuf. La  ressource pour le soldat, que de trouver
              quantité d’extrait de bouillon et de farine  dans son sac, lorsqu’il manque de viande,
              contenue dans dix livres de ce biscuit ne  un aliment qui lui offrirait, réunis, le
              représente, d’ailleurs, que le quart, et non  pain, la viande et les légumes. Mais, quels
              la totalité de la ration, en pain et en viande,   que soient l'attention et les soins que l’on
              qui serait nécessaire pour subvenir, pendant  apporte à la confection de ce biscuit, comme
              un mois, à la nourriture d’un homme sup­   il manque de cohésion, il s’émiette facile­
              portant les fatigues du travail ou celles du  ment, ses fragments rancissent prompte­
              voyage.                                    ment au contact de l’air et acquièrent une
                En France, M. Callamand essaya de  saveur aigrelette. Si l’on veut alors en faire
              perfectionner le meat-biscuit de l'Américain  de la soupe, on n’obtient plus qu’un mélange
              Gail Rorden. Il prépara un biscuit ren­    épais et brunâtre, dont l’aspect et la saveur
              fermant à la fois de la farine de froment, de  inspirent aux hommes un dégoût mar­
              la viande cuite et des légumes. D'après  qué.
              l’auteur,250 grammes de ce biscuit donne­    En résumé, le perfectionnement apporté
              raient, avec 2 litres d’eau et un assaisonne­  à la préparation du biscuit viande améri­
              ment convenable, six rations de soupe  caine l’a rendu propre à entrer dans l'ali­
              grasse. Ce biscuit, d’après l’analyse qui en  mentation des marins. Ce produit mérite
              a été faite, contient 17 pour 100 de viande  donc d’être encouragé comme devant ap­
              sèche ou d’assaisonnements et légumes,     porter un élément nouveau de salubrité au
              et 83 pour 100 des matières ordinaires qui  régime des équipages et à celui des troupes
              entrent dans la composition du biscuit des  de terre.
              marins.                                      Tablettes de bouillon. — On appelle ta­
                En 1855, l’Académie des sciences de  blettes de bouillon un produit qui eut son
              Paris reçut de l’un de ses membres, à pro­  moment de vogue, au milieu de notre siècle,
              pos de ce produit alimentaire, un rapport  mais qui a beaucoup perdu de sa faveur,
              qui ne lui était point défavorable. Le rap­  en raison de la difficulté de sa préparation,
              porteur déclarait que M. Callamand avait  et de la grande facilité qu'il laisse à la
              rendu le biscuit plus nutritif, en y intro­  fraude, de remplacer la substance nutritive
              duisant une notable proportion de viande   du bouillon par de la gélatine, qui est dé­
              de bœuf desséchée ; mais il n’admettait point   pourvue de toute propriété nutritive.
              qu’au point de vue de la valeur alimentaire,   Pour préparer les tablettes de bouillon,
              le biscuit-viande fût l’équivalent de la  on évapore le bouillon de viande jusqu’à la
               viande et de la farine qu’il contient. En   consistance d'extrait. On obtient ainsi une
              effet, après les six heures d’ébullition dans   matière solide, souple et d’une conservation
              l’eau qu’elle doit subir, et après sa dessicca­  facile, qui contient un certain nombre des
              tion dans le four, la viande doit perdre de   principes du bouillon, mais non tous. En
               son arôme, et ne saurait être aussi nutritive   effet, l’action prolongée de la vapeur a fait
               que si on la consommait à l’état de bouilli   entièrement disparaître l’arome du bouillon.
               ou de rôti.                                 Cette préparation qui a perdu toute im­
                 Il faut dire, néanmoins, que les essais   portance en France est pourtant encore
              auxquels fut soumis, le meat-biscuit pour   utilisée dans certains pays, en Russie no­
              l'alimentation des troupes, pendant la guerre   tamment, pour faire des potages, et pour la
              de Crimée, en 1855, ne donnèrent pas de bons  joindre aux légumes.
              résultats. Ce serait, sans doute, une heureuse   La préparation des tablettes de bouillon a
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