Page 687 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES CONSERVES ALIMENTAIRES.                                681


         traitLiebig. 11 prouve qu’à petite dose ces sels  Avant de le renfermer dans ses boîtes,
         sont des stimulants ; mais qu’à haute dose ils  Appert ajoutait du sucre au lait, et évapo­
         sont toxiques, et peuvent occasionner des   rait le liquide jusqu’à un certain point de
         troubles dangereux pour la santé.         concentration. 11 ajoutait même des jaunes
           M. Muller formule en ces termes les con­  d’œufs, afin de prévenir la séparation qui
         clusions de son mémoire :                 s’opère spontanément dans, les éléments de
                                                   ce liquide longtemps conservé. Cependant
          « 1° Les extraits de viande ne sont aliments ni di­  on arrivait difficilement à prévenir, même
         rectement, parce qu’ils ne renferment pas de ma­
         tières albuminoïdes ; ni indirectement, parce que   avec ces précautions, l’agglomération par­
         leurs principes azotés n’arrêtent pas la désassimi­  tielle de la matière grasse ; et le lait, ainsi
         lation.                                   privé d’une partie du beurre, semblait avoir
           « 2° A dose faible, ils peuvent être utiles, par l'ac­
         tion stimulante des sels potassiques qui favorisent   été écrémé.
         la digestion et la circulation.             Beaucoup d’industriels et de chimistes
          «3° A dose plus forte, au lieu d’être utiles, ils pour­  avaient essayé, sans succès, de conserver le
         ront avoir un effet fâcheux ; administrés à la suite
         de longues maladies, quand l’économie est épuisée   lait dans son état naturel, mais ce n’est que
         par une abstinence prolongée, les sels de potasse   vers 1850, que cette question fut résolue par
         auront un effet fâcheux d’autant plus manifeste que   un propriétaire français, M.de Lignac, qui,
         l’organisme aura perdu plus de chlorure de sodium ;   plus tard, s’établit comme fabricant de con­
         loin de favoriser la nutrition, ils l’entraveront :
         1° par l’action directe des sels potassiques sur le   serves alimentaires.
         globule, qui produit la moindre absorption de l’oxy­  Voici en quoi consiste le procédé de M. de
         gène; 2° par la prédominance dans le sérum de   Lignac.
         sels qui ne dissolvent que difficilement l’acide car­
         bonique et ne permettent pas l’exhalation de la   Le lait provenant des traites est aussitôt
         quantité normale de ce gaz, et par suite l'introduc­  évaporé au bain-marie, dans des chaudières
         tion de l’oxygène.                        plates et très-peu profondes. On ne met
           « 4° Le médecin devra toujours se rappeler que   dans chaque chaudière qu’une couche de
         donner ces extraits seuls, c’est maintenir le malade
         à l’inanition. »                          lait d’un centimètre de hauteur, et l’on
                                                   ajoute environ 60 grammes de sucre par
           L’extrait Liebig fut consommé en gran­  litre de lait. Par cette évaporation, on ré­
         des quantités, pendant le siège de Paris,   duit le lait au cinquième de son volume pri­
         en 1870-1871 , et l’on constata que cette   mitif, en agitant continuellement le liquide.
         substance, prétendue alimentaire, ne con­  On remplit de ce lait concentré des bou­
         tribuait aucunement à relever les forces et  teilles cylindriques de fer-blanc, que l’on
         n’était l’équivalent que d’une simple tasse  traite par la méthode d’Appert, c’est-à-dire
         de bouillon, bonne tout au plus pour les  que l’on maintient, pendant une demi-heure,
         convalescents ou les malades.              dans de la vapeur d’eau portée à une tempé­
                                                    rature un peu supérieure à 100° par l’ad­
                                                    dition d’une certaine quantité de sel marin
                                                    ou de sucre à l’eau du bain-marie. Au bout
                     CHAPITRE VIII
                                                    de ce temps, on ferme, à l’aide d’une goutte
         LES PROCÉDÉS DE CONSERVATION DU LAIT. — PROCÉDÉ   de plomb fondu, le petit orifice qui a servi
           DE M. DE LIGNAC. — PROCÉDÉ DE M. MABRU. — LE
                                                    d’issue à l’air et à la vapeur du liquide de
           LAIT CONSERVÉ DE LA COMPAGNIE ANGLO-SUISSE, DE
                                                    la boîte.
           CHAM, PRÈS DE LUCERNE.
                                                      Le vase ainsi fermé est retiré du bain-
           La méthode d’Appert ne s’applique pas    marie, et le lait qu’il contient peut s’y
         avec avantage à la conservation du lait.   conserver très-longtemps sans la moindre
                 T. iv.                                                          359
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