Page 685 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES CONSERVES ALIMENTAIRES.                               679


         été perfectionnée récemment par M. Martin   très-soluble dans l’eau froide; ce résidu dissout
         <ie Lignac, qui a trouvé le moyen de préparer   donc environ 32 parties d’eau chaude, et, addition­
                                                   né d’un peu de sel, a le goût et tous les caractères
         du bouillon rappelant le pot-au-feu des fa­
                                                   d'un excellent bouillon. L’intensité de saveur de
         milles. M. Martin de Lignac, partant de cette   l’extrait desséché est si grande qu’aucun ingrédient
         observation, que la température de 100° a   culinaire ne lui est comparable comme assaisonne­
                                                   ment. »
         pour effet de volatiliser l’arome du bouillon,
         et qu’une concentration trop prolongée pa­  L’arfr-azf de viande de Liebig peut rendre
         raît être la cause du goût de gélatine brûlée   quelques services aux malades, aux troupes
         que contracte le bouillon , évapore le li­  en campagne et dans les hôpitaux, mais à
         quide à une température relativement basse,   une condition : c’est que son prix baisse
         c’est-à-dire à 70°, et il ne le concentre   des deux tiers.
         que jusqu’à consistance de gelée.            Uextrait de viande de Liebig a été sou­
           Extrait de viande, ou bouillon Liebig. —   mis, en France, à une étude approfondie,
         Liebig donna, dans ses Annales, un procédé   de la part des médecins et des hygiénistes,
         pour préparer un extrait de viande {extrac­  et il n’a pas résisté à cette enquête sévère.
         tion, carnis) qui resta quinze ans sans ap­  Le docteur P. Muller, dans une thèse pré­
         plication. En 1862 seulement, Giebert, in­  sentée à la Faculté de médecine de Paris en
         génieur de Hambourg, chargé de certains    1872, a établi, par des analyses chimiques et
         travaux dans l’Amérique du Sud, songea à   par des expériences sur l’homme et les ani­
         tirer parti des indications de Liebig pour  maux, que les extraits de viande en général
         utiliser les énormes quantités de chairs de  (extractum carnis) et Y extrait Liebig en par­
         moutons et de bœufs, qui se perdaient dans  ticulier, sont tout à fait dépourvus de pro­
         les prairies de l’Uruguay.                 priétés nutritives.
           Le procédé par lequel on prépare Y extrait   Nous allons rapporter quelques-uns des
         de viande de Liebig était d’abord tenu se­  traits qui nous ont le plus frappé dans l’ex­
         cret. 11 est maintenant bien connu. Il n’y  cellent travail du docteur Muller.
         avait, du reste, qu’à ouvrir l’ouvrage de    L’auteur pose d’abord en principe qu'un
         Liebig, Lettres sur la chimie, pour y trouver  bouillon, s’il est agréable au goût, est, au
         sa description.                            fond, tout à fait dépourvu de qualités nutri­
                                                    tives. C’est un moyen d'éveiller l’appétit et
           « Lorsqu’on lessive à l’eau froide, dit Liebig, et
         qu'on exprime de la chair musculaire hachée   de prédisposer à une bonne digestion. « Le
         menu, on obient un résidu blanc et fibreux, com­  potage, dit Brillat-Savarin, réjouit l’esto­
         posé de fibres musculaires proprement dites, de li­  mac et le dispose à bien digérer; mais exci­
         gaments, de vaisseaux et de nerfs.         ter n’est pas nourrir. »
           « Si la lixiviation est complète, l’eau froide dissout
         16 à 24 centièmes de la viande supposée sèche.......  Si le bouillon n'a pas de valeur nutritive,
         Lorsqu’on chauffe peu à peu à l’ébullition l’extrait   l’extrait en aurait-il davantage?
         de viande aqueux ordinairement coloré en rouge   Le docteur Muller étudie les différents ex­
         par du sang, on voit, quand le liquide atteint 56°
         centigrades, se séparer l’albumine, d’abord dis­  traits de viande qui existent dans le commerce
         soute, en flocons caillebottés, presque blancs ; la   (extraits de Réveil, de Martin de Lignac et
         matière colorante du sang ne se coagule qu’à 70°.  de Bellat). Nous laissons de côté ce que l’au­
           « L’extrait privé par l’ébullition de la matière co­
          lorante du sang et de l’albumine possède le goût   teur dit de ces produits, beaucoup moins ré­
          aromatique et toutes les propriétés du bouillon de   pandus que la composition allemande, et
          viande. Évaporé à une douce chaleur, il se fonce,   nous arrivons a Yextrait Liebig.
          devient finalement brun, et prend un goût de rôti.   Liebig a avancé que 600 grammes de cet
          Réduit à siccité, il laisse 12 à 13 parties pour 100
          de viande sèche, d’une masse brune, un peu molle,   extrait, unis à une quantité suffisante de
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