Page 680 - Merveilles Industrie Tome 4
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             de pression. Une solution de chlorure de   planches et la tôle. C’est dans ces magasins
             calcium est la liqueur qui sert à la trans­  que les viandes sont suspendues pendant le
             mission du froid.                         voyage.
               Une double circulation s’établit par le   C’est à Buénos-Ayres que s’est rendu le
             fonctionnement de l’appareil : celle de l’é­  Frigorifique pour en rapporter une car­
             ther et celle de la dissolution de chlorure   gaison de viande fraîche. L’équipage se
             de calcium.                               composait de douze matelots, commandés
               L’atmosphère ambiante est en partie puri­  par le capitaine Lemarié, et de quinze ou­
             fiée des germes qu’elle contient, par l’em­  vriers, occupés aux machines.
             ploi d’un ventilateur, qui tamise l’air quand   L’expédition proprement dite compre­
             il s’introduit dans les chambres.         nait : M. Ch. Tellier, le promoteur de l’en­
               Les viandes de boucherie, les volailles,   treprise ; M. Caron, capitaine d’état-major,
             les pièces de gibier et les crustacés, matières   représentant du ministère de la guerre ;
             sur lesquelles on a expérimenté, introduites   M. Gouret, représentant des chambres de
             fraîches dans la chambre froide, demeurent   commerce de Lyon et de Paris ; M. Mignard,
             exemptes de foute putréfaction; et si, lors­  ancien lieutenant de vaisseau; M. Léon
             qu’elles sont mises en expérience, la fermen­  Barrai, représentant de la Société centrale
             tation s’y est déjà établie, ce mouvement   d'agriculture de France, fils de l’éminent
             s’arrêterait immédiatement. Les viandes   agriculteur, M. Jacques Barrai ; d’un géolo­
             de boucherie conservent l’odeur de la     gue, M. Loten, etc., etc.
             viande fraîche et son aspect extérieur, à    Parti de Rouen, dans les derniers jours
             part, au bout d’un certain nombre de jours   du mois d’août 1876, le Frigorifique n’ef­
             d’exposition dans la chambre froide, la   fectuera son retour, avec son magasin de
             teinte plus sombre de leurs coupes et un   viandes représentant les dépouilles comes­
             certain degré de dessiccation qui se pro­  tibles de 400 à 500 bœufs, que dans le cou­
             duisent à leur surface. Mais, si l’on enlève   rant de 1877. On ne saurait donc prévoir
             une très-mince couche de cette surface plus   encore les résultats de cette entreprise.
             sèche exposée à l’air, la couleur de la viande   Nous donnerons seulement quelques chif­
             fraîche apparaît à l’instant, et témoigne de   fres pour montrer de quelle importance il
             son état de complète conservation. Les     serait pour l’Europe que l’on pût y trans­
             graisses se dessèchent également à la sur­  porter, sans trop de frais, les viandes de
             face, mais n’acquièrent pas d’odeur de rance.  boucherie empruntées à l’Amérique. D’a­
               Un navire spécial a été construit en 1876   près des statistiques qui paraissent exactes,
             par la Compagnie française qui dirige cette   dans l’Uruguay, le nombre des bœufs serait
             entreprise. Ce navire (fig. 349, page 672),   de 7,200,000, celui des moutons de 20 mil­
             baptisé du nom de Frigorifique, est du port   lions et celui des porcs de 100,000. La po­
             de 900 tonneaux, et pourvu d’une machine   pulation de ce pays n’est que de 450,000 habi­
             à vapeur de la force de 100 chevaux. L’inté­  tants, dispersés sur une étendue de 217,
             rieur, à part l’espace réservé à la machine   187 kilomètres carrés, égale à la moitié de
             à vapeur, forme un immense magasin         la superficie de la France à peu près.
             (fig. 351), isolé, dans toute sa longueur,   Il y aurait, dit-on, 6,800,000 bœufs et va­
             de la muraille du navire, par une cloison   ches dans la province de Buénos-Ayres et
             en tôle, doublée intérieurement avec des   60 millions de moutons.
             planches. Une couche isolante, formée de     Entre Bios et Corrientes, il y aurait des
             paille et de feutre, est interposée entre les   quantités de bétail analogues.
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