Page 675 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES CONSERVES ALIMENTAIRES.                                669


        L’enduit se fige par le refroidissement. On   M. Pelouze fils a pris un brevet, en
        sèche ensuite à l'air libre les morceaux de  France, en 1871, pour conserver les viandes
        viande enrobés de gélatine. Ces viandes se   au moyen de l'oxyde de carbone, gaz qui
        conservent plusieurs mois sous cet enduit.  paraît jouir d’un pouvoir antiseptique assez
          D’après une addition suggérée par Jo­    prononcé.
        bard, de Bruxelles, on assure une conser­    Le procédé de M. Pelouze fils consiste à
        vation plus longue encore en tannant l’ex­  conserver la viande dépecée en morceaux,
        térieur de l’enveloppe de gélatine, c’est-  dans des caisses que l’on remplit de gaz oxyde
        à-dire en plongeant les viandes enrobées de  de carbone, en ayant le soin, après cela, de
        gélatine, dans une dissolution de tannin  saupoudrer la viande d’une matière anti­
        contenant 200 grammes de tannin pour  putride.
        5 litres d’eau. Il se forme ainsi du tannate   En Angleterre, un autre expérimentateur,
        de gélatine, c’est-à-dire un véritable cuir,   M. Gramgée opère autrement. Il asphyxie
        matière imputrescible, qui enveloppe la  les animaux de boucherie au moyen de gaz
        viande de toute part. Et comme cette ma­   oxyde de carbone. Le sang et les liquides
        tière tannée est dure et non cassante, elle ne  de l’animal demeurant imprégnés de ce gaz,
        se gerce pas, comme la gélatine pure.      la viande se conserve très-facilement.
          Pour expédier les viandes enrobées de gé­  Nous trouvons dans le Bulletin de la So­
        latine tannée, on les enferme dans des cais­  ciété chimique, le procédé de M. Gramgee
        ses au milieu de poudre de tan.            décrit comme il suit, d’après le Polytechnis-
          M. Marie a expédié de Grenelle, où se    clies Journal de Dingler.
        trouve son établissement, des viandes à
        Buénos-Ayres, c’est-à-dire leur a fait fran­  « On recouvre la tète de la bête à abattre d'un
                                                   capuchon portant un tuyau en communication avec
        chir l’équateur, et elles sont arrivées en par­  un réservoir d’oxyde de carbone. On laisse respirer
        fait état de conservation.                 ce gaz pendant quelques secondes à l’animal, il se
                                                   trouve asphyxié ; on l’abat alors, on le dépouille et
                                                   on le dépèce. Par l’action du gaz le sang acquiert
          Depuis l’année 1870, on a pris en France
                                                   une couleur plus claire que celle du sang des ani­
        plusieurs brevets pour le transport lointain   maux abattus par les procédés ordinaires. La viande
        de viandes de bœuf conservées au moyen     dépecée est mise dans des caisses qu’on peut fermer
        de la glycérine.                           hermétiquement. Dans chacune de ces caisses se
                                                   trouve une boite fermée contenant du charbon de
          La glycérine, qui est à très-bas prix dans   bois saturé de gaz sulfureux. A l’aide d’un ventila­
        le commerce, étant coulée dans le vase de   teur, ôn enlève l’air des caisses et on le remplace
        métal où l’on a placé les quartiers de viande   parles produits gazeux de la combustion du char­
                                                   bon de bois ; alors, à l’aide d’un fil de fer qui passe
        dépecée, conserve parfaitement ces vian­
                                                   dans un presse-étoupe, on ouvre la boîte contenant
        des, et les préserve de toute décomposition   le charbon saturé de gaz sulfureux. Cet acide en­
        pendant le plus long voyage.               tre dans la viande par diffusion de l’extérieur à l’in­
                                                   térieur. L’oxyde de carbone qu’on emploie a l’avan­
                                                   tage de conserver à la viande la couleur rouge qui
          Il nous reste à signaler deux autres métho­  lui serait enlevée par l’acide sulfureux, de sorte que
        des d’une originalité incontestable. Nous   la viande conservée de cette façon, même après des
        voulons parler, d'une part, de l’emploi du gaz   mois, a le même aspect que la viande fraîche. Les
                                                   gaz employés sont complètement chassés de la
        oxyde de carbone qui préserve les viandes   viande quand on la cuit pour l’utiliser. Si la viande
        de toute putréfaction, et des expériences   doit être conservée pendant très-longtemps, on l’en­
        très-longues et très-attentives faites par   ferme avec de l’oxyde de carbone dans des boîtes
                                                   en fer-blanc hermétiquement closes, en empêchant
        M. Alvaro Reynoso sur la conservation des
                                                   les différents morceaux de se toucher, à l’aide de
        viandes dans l’air comprimé.               balles d’avoine. »
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