Page 671 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES CONSERVES ALIMENTAIRES.                                665


           Mais hâtons-nous de faire remarquer que   Il est un sel qui offre un mode à la fois
         les sels alumineux mêlés à nos aliments,   simple, peu coûteux et très-efficace de con­
         même aux plus faibles doses, occasionnent  servation, sans nuire aux propriétés nutriti­
         de graves inconvénients. Comme il serait  ves etaugoût des viandes : c’est le bisulfite de
         impossible que quelques portions du sel d’a­  chaux, breveté par MM. Medlock et Railey.
         lumine ne restent point mêlées à la viande,   L’acide sulfureux avait déjà été proposé
         ce procédé n’est nullement à recomman­    dans ce but, mais sa volatilité le rendait
         der.                                      inapplicable à cet objet. Les sulfites de
           Le sucre jouit, comme le sel marin et l’a­  soude et de potasse donnent un mauvais
         cétate de soude, de la propriété de conserver  goût aux viandes, et, de plus, les sulfates for­
         les matières organiques. Si l’on admet que  més par leur oxydation ont une action pur­
         la propriété conservatrice du sel marin tient  gative qui les exclut absolument. Le bisulfite
         à son avidité pour l’eau, qui enlève à ces  de chaux, qui est tout à fait inoffensif, a été
         substances l’eau nécessaire à leur putréfac­  proposé à leur place par M. Lascelles Scott.
         tion , on en tirera cette conséquence, que  Dans une séance de la Société des arts de
         le sucre ayant moins d’avidité pour l’eau que  Londres, tenue en 1874, cet expérimentateur
         le sel marin, doit être un agent conserva­  montra des spécimens de viandes, de vo­
         teur-moins efficace. C’est ce que l’observa­  lailles, d’huîtres, de poissons, etc., préparés
         tion confirme.                             au bisulfite de chaux, et qui étaient dans
           On recommande, avec raison, d’employer  un parfait état de conservation.
         du sucre exempt de toute matière étrangère,   En 1875, on a proposé de conserver les
         pour ne point provoquer sa propre fermen­  viandes dans un mélange d’alun, de ben­
         tation. Il est également indispensable, pour  join et de gomme. On met ces substances
         obtenir un résultat certain, de faire bouillir  en poudre et on enfouit les viandes dans
         les matières organiques avec la dissolution  leur masse. On a ainsi conservé en assez
         du sucre.                                  bon état les viandes de bœuf ; mais celles
                                                    de mouton laissent à désirer.
            Un grand nombre de composés chimiques     La créosote, l’acide pyroligneux, l’acide
         autres que l’acétate de soude, le chlorure  phénique et l’acide salycilique, ont été pro­
         d’aluminium et le sucre , ont été essayés  posés, à diverses époques, comme moyens
         comme agents de conservation des viandes.   puissants de conservation des viandes.
         Tels sont l’éther sulfurique, le chloroforme,   Plongées dans de l’eau contenant une cer­
         les huiles essentielles, le borax et l'acide  taine quantité de créosote ou d’acide pvro-
         borique.                                   ligneux, les viandes durcissent, brunissent
            Le borax, dont les propriétés antiputri­  et peuvent se conserver très-longtemps.
         des ont été signalées par M. Dumas, est la   L’emploi de la créosote et de l’acide
         base d’un procédé qui a été récemment  pyroligneux n’est, pour ainsi dire, que la
         exploité par une compagnie italienne qui  forme scientifique dont on a revêtu une
         faisait des expéditions de viande de Rio de   très-ancienne coutume. Le boucanage, ou
         la Plata. Ce procédé sera utile si le borax  enfumage, tel est le terme vulgaire par
         n’exerce pas d’action fâcheuse sur les ani­  lequel on désigne l’art d’exposer les viandes
          maux, comme pourraient le faire craindre   à la fumée, pour les préserver de la putré­
          les expériences faites en 1875 par M. Pé-   faction. C’est évidemment la créosote, l’a­
          ligot, sur les plantes arrosées de dissolution   cide pyroligneux et l’acide phénique, com­
          de borax.                                 posés chimiques qui existent dans la fumée,
                 T. iv.                                                            337
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