Page 669 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES CONSERVES ALIMENTAIRES.                                663

           L’animal étant tué par un coup sur la tète,   alimentaire n’est pas assurée par ce moyen.
         qui brise le cerveau et occasionne une mort  La viande se maintient sans altération et
         instantanée, on ouvre immédiatement la  reste presque fraîche les premiers jours ;
         poitrine et on découvre le cœur. On fait une   mais, malgré l’injection saline, les mouches
         incision au côté droit du cœur, c’est-à-dire au  peuvent l’attaquer encore et y déposer leurs
         ventricule droit, ou à l’oreillette droite. Le   œufs ou leurs larves.
         sang du côté droit (veineux) et du côté gauche   La méthode de M. Cerio ne conserve donc
         (artériel) s’échappe immédiatement. Quand   pas, à proprement parler, les viandes ; elle ne
         il a cessé de couler, on introduit un tuyau  fait qu’en retarder la putréfaction. Au bout
         dans le ventricule gauche, et on y fixe soli­  de douze ou quinze jours, la dessiccation de
         dement un tuyau qui est en communication  la viande a fait de tels progrès que les plus
         avec un tube muni d’un robinet. Ce tube,   beaux morceaux prennent des formes mécon­
         long de 7 à 8 mètres, communique avec  naissables. Pour que la conservation s’opère
         un tonneau aussi élevé que la longueur du  bien, il faut que les morceaux soient sus­
         tube le permet. Le tonneau contient de la  pendus dans un lieu sec et enveloppés d’une
         saumure et un peu de nitre; dès que l’on  toile grossière, qui les préserve des insectes.
         ouvre le robinet, le liquide salé pénètre, par  Mis en caisse, même à claire-voie, ils se
         les vaisseaux, dans tout le corps de l’animal.   couvrent de moisissures et s’altèrent au bout
         Un taureau peut êtreinjecté en dix minutes,   de quelque temps, s’ils sont renfermés. Mais
         et après trois quarts d'heure on peut le dé­  avec les précautions que nous venons d’in­
         couper en morceaux. Ces morceaux ne        diquer, la viande continue à se sécher et
         doivent pas être trop épais, afin de laisser  prend une saveur de jambon très-salé. Des­
         évaporer l’eau. On les suspend immédia­    salée, elle a un goût un peu rance, mais
         tement, pour les faire sécher, dans une    peut se manger.
         chambre balayée par un fort courant d’air    Le procédé de M. Cerio n’offre donc aucun
         qui contient un peu de fumée.              avantage sur ceux que nous venons de dé­
           La conservation d’un bœuf, pratiquée par  crire. Il entre dans la classe de ceux qui ont
         le procédé du docteur Morgan, ne coûte pas  déjà été expérimentés et ont été jugés peu
         plus de 1 fr. 25 à 1 fr. 50.               avantageux. Les salaisons ordinaires, soit de
           C’est encore en mettant à profit la même  bœuf, soit de porc, sont certainement préfé­
         méthode, c’est-à-dire l’injection et opérant  rables, du moins jusqu’à présent, aux vian­
         par le vide, qu’un industriel de Turin,    des salées par l’injection du corps de l’ani­
         M. Cerio, a essayé de conserver la viande de   mal.
         boucherie.                                   Nous allons faire connaître maintenant
           On place la pièce de viande à conserver  les substances nouvelles dans lesquelles on
         dans un vase recouvert d’une cloche en mé­  a reconnu, de nos jours, la vertu antisep­
         tal, et on fait le vide dans cette cloche, jusqu’à   tique, c'est-à-dire d’arrêter la fermentation
         ce que la pression ne soit que de 5 millimè­  putride et que l’on a, en conséquence, pro­
         tres. Un tube, muni d’un robinet, permet de  posées pour la conservation des viandes.
         faire arriver sous la cloche une dissolution   En 1874, le docteur Sacc, de Neufchàtel
         de sel marin. En deux ou trois minutes, la  (Suisse), a fait connaître les propriétés anti­
         viande s’injecte d’elle-même. On la retire, on  septiques d’un sel auquel on ne soupçonnait
         la fait égoutter, puis secher légèrement, et  point cette précieuse propriété. Nous vou­
         on la suspend dans des caisses à claire-voie.  lons parler de l’acétate de soude. M. Sacc
           Cependant la conservation de la substance   propose donc d’imprégner d’acétate de
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