Page 665 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES CONSERVES ALIMENTAIRES.                                659


        remplissage, ensuite à la soudure des boîtes.  souder hermétiquement le couvercle de fer-
          Los viandes,étant taillées convenablement  blanc, sur les contours supérieurs de la boîte.
        et prêtes à être enfermées dans les boîtes,   Comme l’opération de la soudure doit
        sont passées, comme le montre notre des­   être exécutée rapidement et avec délica­
        sin, à travers un guichet, par un ouvrier, au   tesse, il faut donner à l'ouvrier les moyens
        metteur en bottes. Le metteur en boites, que  de rendre ses mouvements aisés et faciles.
        l’on voit au fond de l'atelier, commence   Pour cela, la boîte est placée sur un petit Zowr
        par peser, à l aide d’une balance placée à sa  à potier, semblable à celui dont les potiers
        droite, la quantité de viandes qu’il doit em­  se servent pour façonner leurs vases d’argile.
        ployer. Ensuite, il introduit, dans chaque   Sur une même tringle verticale sont enfilés
        boîte, les quartiers de viande, et remplit les  deux disques de bois. L’ouvrier, en faisant
        vides avec le bouillon salé et convenable­  glisser avec son pied le disque .de bois infé­
        ment assaisonné, qui a été préparé dans  rieur, porté sur l'axe commun, et qui tra­
        V atelier de cuisson que nous avons représenté  verse la table, fait tourner, en même temps,
        plus haut (fig. 347).                     le disque de bois supérieur, sur lequel la
          Les boîtes étant remplies de viande et de  boîte est posée. Il peut ainsi manœuvrer
        bouillon, il faut les fermer hermétiquement  plus facilement la boîte, se servir du fer à
        au moyen d’une bonne soudure à l’étain.   souder et diriger le double jet de gaz.
        On les porte donc aux ouvriers soudeurs. On   La soudure des boîtes de conserves exige
        voit, sur la figure 348, trois de ces ouvriers  des ouvriers habiles et exercés.
        occupés à leur travail.                      Ainsi hermétiquement fermées par une
          La fusion de l’alliage que l’on nomme la  bonne soudure à l’étain, les boîtes pleines
        soudure des plombiers, et qui est formé,   de viande sont portées dans batelier de cuis­
        comme on le sait, d’étain uni à une faible  son, que nous avons représenté plus haut
        quantité de plomb, s’opère au moyen d’un   ( fig. 347), disposées dans un panier de fer,
        fer chauffé au rouge par le gaz de l’éclai­  et introduites dans la chaudière autoclave,
        rage. On voit sur la figure 348 l’extrémité   pour y subir la température de 108° à
        du tube qui conduit à la portée de l’ouvrier  — 110°, pendant une heure ou une demi-
        le courant de gaz de l’éclairage. Mais la   heure, selon leur nombre et leur dimension.
        chaleur du gaz ne serait pas suffisante pour   Telle est la série d’opérations au moyen
        fondre, avec la rapidité voulue, l'alliage   desquelles on prépare aujourd’hui les con­
        soudant. On donne à la flamme du gaz la  serves de viandes par la méthode d’Appert.
        température du rouge-blanc,endirigeant un
        courant d’air au milieu de cette flamme. Ce   On a fait en France plusieurs tentatives
        courant d’air est produit par un ventilateur,   pour modifier le procédé Appert ; mais elles
        V, que l’on voit contre le mur, au fond de  ont mal réussi pour la plupart. Il est dange­
        l’atelier. L’air est poussé par ce ventilateur  reux, en effet, pour la réussite, de s’éloigner
        dans un tube donton aperçoit l’extrémité en­  trop du point de départ de l’inventeur. La
        tre les mains de l’ouvrier. Grâce à l’action  moindre négligence peut amener la perte de
       •
        comburante de l’air poussé en quantité suffi­  boîtes qui semblent pourtant avoir été pré­
        sante par le ventilateur, le gaz de l’éclairage  parées comme les autres. La présence de
        brûle à la température du rouge-blanc, et  l’air dans la boîte cause infailliblement l’al­
        détermine la prompte fusion du bâton de    tération du contenu. L’emploi de viandes
        soudure que l’ouvrier tient à la main. Quel­  dont la fraîcheur est contestable, est une
        ques gouttes de cet alliage suffisent pour  autre cause d’insuccès. Si l’ébullition n’a pas
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