Page 662 - Merveilles Industrie Tome 4
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656                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

                  La divulgation faite si loyalement par   fabricants sont dans l'impossibilité de ga­
                François Appert, de tous les détails de son   rantir, d’une manière absolue, la bonne
                procédé, eut pour résultat de l’empêclier   qualité de leurs produits.
                de profiter des légitimes bénéfices de sa dé­  Gannal a découvert que, pour éviter le
                couverte. Dès que son procédé fut rendu pu­  bombage et par conséquent, pour obtenir
                blic, une foule d’industriels se mirent à fa­  des préparations d’une conservation cer­
                briquer des conserves alimentaires. Appert  taine, il suffit de placer les boîtes dans une
                mourut pauvre, en 1840, sort trop fré­     étuve chauffée à -|- 100“ pendant huit à
                quemment réservé aux inventeurs désinté­   quinze jours, un mois après leur fabrication.
                ressés et loyaux.                          Si, dans ces circonstances, les boîtes ne se
                                                           bombent pas, c’est qu’elles offrent toutes les
                  Nous décrirons maintenant l’application   garanties de durée.
                du procédé Appert à la conservation des      Nous avons dit que le procédé Appert a
                viandes.                                   été légèrement modifié de nos jours. C'est
                  On commence par placer dans les boites  à un industriel, nommé Fastier, que l’on
                les viandes à conserver, et l'on remplit les  doit cette modification, qui assure une plus
                vides soit avec du bouillon de viande, soit  longue conservation au produit. Voici en
                avec la sauce dont on désire assaisonner la  quoi consiste le perfectionnement trouvé par
                conserve. On place alors toutes les boîtes  Fastier.
                dans un même bain-marie ; on pose le couver­  Lorsque les viandes sont disposées dans
                cle sur le bain-marie et on porte l’eau à  la boîte, avec le liquide dont on a achevé
                l’ébullition, que l’on entretient pendant une  de les remplir, on soude le couvercle, à l’é­
                demi-heure, si le volume des boîtes n’est pas  tain. On a ménagé sur le couvercle un
                de plus de quelques litres, et pendant  petit trou, destiné à donner issue à la vapeur
                une heure ou deux, si le volume des boîtes  qui se dégage pendant l’opération. Quand
                est plus grand.                            la cuisson est terminée, et que les vapeurs
                   Quand on retire les boîtes du bain-marie,   sortent avec force par la petite ouverture,
                le couvercle doit être bombé, et, comme nous   on retire la boîte du bain-marie, et l’on fait
                l’avons déjà dit, cette convexité doit dispa­  tomber sur l’ouverture une goutte de sou­
                raître par le refroidissement, pour faire place   dure, qui bouche le trou. Alors on verse
                à une légère concavité. Si cette concavité n’a   dans le vase quelques gouttes d’eau froide ;
                pas lieu, c’est une preuve que l’opération n’a  les vapeurs se condensent, le vide se forme
                pas réussi. Dans ce cas, le meilleur parti à  et les parcelles d'air emprisonnées dans les
                prendre si la conserve est préparée depuis  os sont mises en liberté. Quelque temps
                quelques jours seulement, c’est d’ouvrir la  après, on répète cette opération, c’est-à-dire
                boîte et d’en retirer les viandes, pour les  que l’on débouche la petite ouverture du
                mettre dans d’autres boîtes.               couvercle, et qu’on replace la boîte dans le
                   Du reste, le bombage des boîtes n’apparaît  bain-marie bouillant. La chaleur raréfie et
                pas toujours quelques heures ou quelques   chasse au dehors tout l’air qui pourrait se
                jours après le chauffage. Il peut n’arriver que   trouver encore dans la boîte. Lorsque la
                plusieurs mois et même plus d’une année  vapeur sort de nouveau par le trou du cou­
                après. Mais ce signe est toujours l’annonce  vercle, on ferme comme précédemment ce
                d’une altération ultérieure profonde, et la  trou, en y laissant tomber une goutte de
                boîte qui le présente doit être jetée, comme   soudure fondue. Ainsi soumises deux ou
                perdue. Ajoutons qu’en raison de ce fait, les   plusieurs fois à l’action de la chaleur, les
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