Page 666 - Merveilles Industrie Tome 4

660 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

été assez prolongée ; ou si, en raison des bien serrée sont exposées, pendant une
trop grandes dimensions de la boîte, la heure, au bain-marie, dans une chaudière
température de 100° n’a pas eu le temps autoclave à la température de + 108° à
d’arriver jusqu’aux parties centrales de la -|- 110°. C’est donc la méthode d’Appert qui
masse qu’elle renferme, l’altération est im­ est mise ici en pratique.
minente. C’est en raison de cette der­ Les os des membres antérieurs sont expé­
nière circonstance qu’aujourd’hui on élève, diés en Angleterre, où ils se vendent 250
comme nous l’avons dit, la température du à 340 francs la tonne. Les os plus petits sont
bain-marie, dans lequel on chauffe les broyés et servent comme engrais.
boîtes au-dessus de 100° en faisant usage 11 y a deux catégories de boites de viande :
des chaudières autoclaves qui permettent celles de premier choix, qui se payent à
d’élever facilement de quelques degrés la Londres 1 fr. 50 le kilogramme, et celles
température de l’ébullition de l’eau. de second choix qui valent 1 fr. 40.
A toutes ces causes d’altération, qu’il est Ces viandes ont été essayées à diverses
possible de prévoir, s’ajoutent certaines in­ reprises par le comité de la société des arts de
fluences, jusqu’à présent inexplicables. Les Londres, qui les adéclarées d’une excellente
boîtes de viandes, préparées avec le plus qualité. Les marins en ont fait usage avec le
grand soin, s’altèrent quelquefois, sans que plus grand profit. Il est donc certain que ces
l’on puisse en trouver la raison. On ob­ produits exerceraient une influence très-
serva à Paris ce fait curieux, qu’à l’époque heureuse sur les cours des marchés anglais,
du choléra en 1849, les viandes et les lé­ si leur prix pouvait s’abaisser.
gumes préparés par le procédé Appert Les viandes de mouton d’Australie ne
s’étaient altérés dans une proportion bien peuvent être exportées, par ce procédé, avec
plus considérable qu’en temps ordinaire. autant d’avantages, parce que le mouton
est plus cher que le bœuf, et qu’il faut le
C’est en mettant en pratique le procédé nourrir plus longtemps, avant qu’il ait at­
Appert, qu’on a essayé de transporter d’Aus­ teint son parfait développement. Le mouton
tralie en Angleterre des viandes conservées. exige, en outre, plus de main-d’œuvre, car
Dans la contrée de l’Australie qui porte le la viande entière doit être désossée.
nom de pays de Galles-Sud, une compagnie C’est également par la méthode d’Appert
importante a créé, en 1860, sur la rivière que sont conservées les viandes dans plu­
Clarence, des établissements pour préparer sieurs établissements qui ont été créés au
des conserves de viandes et les expédier en cap de Bonne-Espérance et dans diverses ré­
Angleterre. On abat chaque année jusqu’à gions de l’Australie autres que celles que
dix mille bœufs, que l’on dépèce et que nous venons de citer.
l’on exporte en conserves. Disons cependant que le haut prix de la
Dans les mois d’avril et de mai, époque main-d’œuvre pour la préparation de ces
à laquelle les conditions d’abatage sont les conservés en Australie ou en Afrique, le
meilleures, on dépèce et on désosse les fret, les droits de courtage, l’intérêt des
viandes, et on les enferme dans des vases en sommes employées à la construction et à
fer-blanc cylindriques, fermés, comme nos l’installation des usines, enfin les mille
boîtes de conserves, par deux calottes soudées charges qui grèvent tout produit qui doit
à l’étain,d’une contenance de 3 kilogrammes, être transporté d'oufre-mer en Europe, met­
avec une certaine quantité de graisse, et on tent ces viandes, bien conservées, mais tou­
les fait cuire. Les boîtes pleines de viande jours un peu fades, à des prix relativement