Page 659 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES CONSERVES ALIMENTAIRES.                                653

           Un savant célèbre, Gay-Lussac, une fois   gène de l’air tenu en dissolution dans le
        la découverte réalisée par l’humble con­   lait. Après le refroidissement on pouvait
         fiseur de la rue des Lombards, étudia ce  constater que le liquide ne renfermait plus
         curieux phénomène. Dans un travail juste­  d’oxygène en dissolution : ce gaz avait donc
         ment célèbre, qui fut publié en 1810, Gay-  disparu en se combinant avec les matières
         Lussac parvint à expliquer d’une manière   organiques.
         qui parut alors aussi simple qu’ingénieuse,   Dans une autre expérience, Gay-Lussac
         mais qui n’est pas aujourd’hui aussi favo­
         rablement jugée, le fait empirique qu’Ap-
         pert venait d’appliquer si heureusement à
         l'économie domestique. Voici, d’après les
         expériences de Gay-Lussac, comment il faut
         se rendre compte de l’action de la chaleur
         comme moyen conservateur des produits or­
         ganiques dans la méthode d’Appert.
           Nous avons déjà rapporté l’expérience
         faite par Gay-Lussac, pour démontrer que la
         présence de l’oxygène atmosphérique est in­
         dispensable pour que les matières organi­
         ques entrent en fermentation. Ayant fait
         pénétrer dans une cloche de verre remplie
         de mercure des grappes de raisin, qu’il
         écrasait sous le mercure même, de manière
         à placer le jus végétal parfaitement à l'abri
         de l’air, Gay-Lussac observa que ce liquide
         abandonné à lui-même n’entrait point en
         fermentation ; mais que si l'on faisait péné­
         trer dans la cloche une bulle d’air, la fermen­
         tation alcoolique s’établissait.
           L’intervention de l’air est donc indispen­
                                                             Fig. 346. — François Appert.
         sable pour provoquer la fermentation.
           Mais comment expliquer ce fait, bien  remplit une bouteille de lait qu’il soumit a
         connu, que les matières organiques, les li­  l’ébullition, puis il boucha la bouteille et
         queurs fepmentescibles telles que du jus de  l’abandonna à elle-même. Le lait s’v con­
         raisin, du lait, etc., renfermés dans des  serva sans subir la moindre altération, pen­
         vases parfaitement bouchés, se décomposent,   dant un espace de dix-huit mois.
         comme si on les exposait librement à l’air ?   On raconte que le célèbre physicien ne
         Gay-Lussac explique le fait, en disant que,   manqua pas un seul jour, pendant ce long
         dans ce dernier cas, la fermentation est  intervalle, d'examiner l’état du lait qu’il
         provoquée par l’oxygène de l’air, qui se   avait soumis à cette expérience fondamentale.
         trouve toujours dissous en petite quantité   Rien qu’occupé alors de travaux de la plus
         dans le liquide organique. En effet, en fai­  haute valeur, son premier soin, en entrant
         sant bouillir du lait dans un vase hermé­  chaque matin dans son laboratoire, c’était
          tiquement clos, il reconnut que le liquide,   de courir à ce flacon plein de lait, qui con­
          pendant cette ébullition, absorbait l’oxy­  tenait l’explication d’un fait si important par
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