Page 686 - Merveilles Industrie Tome 4
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680 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
pommes de terre et de pain, donnent un appauvrissement progressif dans la quantité
excellent bouillon pour cent vingt-huit sol d’urée, c’est-à-dire dans la substance qui
dats. Le docteur Muller s’élève avec éner représente le résidu de l'alimentation ani
gie contre cette prétention. male.
M. Rouchardat avait déjà constaté ce
« M. Liebig prétend, dit M. Muller, que la vulga même appauvrissement, et prouvé que se
risation de son extrait à un prix modéré est un soumettre à l’usage de l’extrait de viande,
bienfait pour l’humanité. Ah ! certes, celui qui par c’est se condamner à la diète.
viendrait à répandre la viande à bon marché rendrait
un immense service à nos populations ouvrières, et M. Hepp, pharmacien en chef des hos
pourrait être, à juste titre, regardé comme un bien pices «le Strasbourg, nourrissant des chiens
faiteur de l’humanité. Je ne vois pas en quoi on a avec l’extrait de viande, a reconnu que ces
pu profiter de l’introduction de l’extrait de viande
dans l’alimentation ; cette préparation n’a aucune animaux dépérissaient au bout de quatre ou
valeur nutritive, car elle ne renferme presque pas cinq jours, et mouraient d’inanition au
de matières albuminoïdes. Si l’extrait de viande neuvième jour.
peut avoir quelque utilité, c’est grâce aux sels qui y Le docteur Muller a répété la même ex
sont contenus. Il renferme, en effet, près d’un cin
quième de son poids de sels. M. Liebig dit que, périence, et il a vu, comme M. Hepp, mou
sur 100 parties de sels, il y en a 81 de solubles rir au bout de quinze jours tous les chiens
dans l’eau et 19 d’insolubles, dont 5,77 de phos qu’il soumettait à cette alimentation.
phate de chaux, et 13,23 de phosphaste de ma
gnésie. M. Muller cite une expérience d’un phy
« L’emploi de l’extrait peut être salutaire àlafmde siologiste allemand, M. Kemmerich, publiée,
longues maladies, parce que l’économie épuisée en 1869, dans un recueil de médecine de
reçoit ainsi les sels dont elle a besoin. Comme ces
matières salines sont surtout nécessaires à la for Vienne, et de laquelle il résulte que l’ex
mation du suc gastrique, l’extrait de viande agit de trait de viande tue plus vite que l’absti
cette manière ; renfermant principalement des sels nence. M. Kemmerich expérimenta sur deux
de potasse, il produit dans l’économie la même ac chiens de même taille. A l’un, qui pesait
tion que ces sels ; à faible dose, il est stimulant. »
1,247 grammes, il ne donna que de l’eau ;
Ainsi, produire une légère stimulation de à l’autre, qui pesait 1,340 grammes, il don
l’estomac, agir uniquement par les sels qu’il nait de l’eau et 5 grammes d’eztfrazZ Liebig.
renferme, c’est-à-dire remplacer une cer Au bout de dix jours, ce dernier, qui était
taine dose de sel marin, voilà, d’après le plus vigoureux, ne pouvait plus marcher ;
le docteur Muller, le seul rôle auquel puisse au bout du douzième jour, il périt. Le pre
prétendre la substance qui était, jusqu’à ces mier vivait encore. On lui redonna, au bout
dernières années, vendue à un prix élevé de douze jours, sa nourriture normale ; qua
et à grand renfort d’annonces commerciales, tre jours après, il était rétabli.
parles entrepositaires du chimiste prussien. Pendant ce temps, on avait nourri des
Ce n’est pas seulement par le secours de chiens avec la viande épuisée qui avait servi
l'analyse chimique que le docteur Muller à faire l’extrait. L’usage de cette viande, as
établit le peu de valeur nutritive des extraits saisonnée avec du sel marin, entretint ces
de viande. 11 rapporte le résultat d’expérien chiens dans un état de santé parfaite.
ces faites, tant par lui que par d’autres ex Ainsi Vextrait de Liebig, loin de les nour
périmentateurs, sur l’homme et les ani rir, avait fait mourir ces animaux.
maux, et qui prouvent que l’alimentation Dans la dernière partie de son mémoire,
avec \'extrait Liebig équivaut à la diète. le docteur Muller cherche à expliquer phy
En se nourrissant d’extrait de viande et siologiquement le rôle des sels de potasse qui
analysant ses urines, M. Muller constata un sont contenus, en forte proportion, dans l’ex-