Page 68 - Merveilles Industrie Tome 4
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                      provincial aerated bread, exploite les princi­  drique dans la préparation du pain était
                      pales villes de l’Angleterre et des colonies.   par trop téméraire, car l’acide chlorhydrique
                      11 existe aussi dans les villes de Liverpool,  du commerce renferme quelquefois de l’ar­
                      Birmingham, ainsi qu’à Melbourne (Austra­  senic. Le pain chimique de Liebig n’a donc
                      lie), des boulangeries Dauglish.          obtenu aucune faveur. L’Allemagne même
                        Aux États-Unis le pain au gaz carboni­  ne l’a pas pris au sérieux.
                      que est également en faveur. Les Améri­     Un autre chimiste, M. Horsford, mar­
                      cains trouvent à ce pain une saveur douce  chant sur les traces de Liebig, a proposé
                      et agréable, et le considèrent comme très-di­  un pain chimique que l’on obtient sans fer­
                      gestif.                                   mentation et par un mélange d’acide phos-
                        Liebig avait essayé de fabriquer, sous le  phorique, de carbonate de soude et de chlo­
                      nom éicpain chimique, un pain dans lequel  rure de potassium. Le pain Horsford, dit
                      la fermentation était supprimée, comme  pain au phosphate, que Liebig a patronné,
                      dans le procédé Dauglish.                 est plus lourd que le pain de boulanger,
                        Voici comment se préparait le pain chi­  et ne mérite pas d’être signalé plus longue­
                      mique de Liebig.                          ment.
                        On prenait 50 kilogrammes de farine de     On ne saurait en dire autant du projet
                      froment, de farine de seigle ou du mélange  conçu par un praticien français, M. Sésille,
                      de ces deux farines, 500 grammes de bi­   qui a voulu, comme M. Dauglish, suppri­
                      carbonate de soude, 2k“,125 d’acide chlo­  mer la fermentation de la pâte. M. Sésille
                      rhydrique purifié marquant 15 degrés à l’a­  est même allé plus loin encore que M. Dau­
                      réomètre, 2 kilogrammes de sel marin et  glish, car il a supprimé la mouture du grain,
                      40 litres d’eau. On mélangeait le bicarbo­  et c’est cette dernière particularité qui donne
                      nate de soude à la farine et l’on mettait de  une véritable importance à sa méthode de
                      côté quelques poignées de ce mélange. On  panification. Avec ce système,, qui pour­
                      faisait dissoudre le sel marin dans l’eau, et  rait s’appeler la panification directe du blé,
                      on formait la pâte sans employer d’autre  on peut mettre à profit 95 pour 100 de farine,
                      eau ; puis on ajoutait peu à peu l’acide chlor­  ou, pour parler plus exactement, de sub­
                      hydrique, ainsi que la portion de la farine  stances nutritives, et cela sans être obligé de
                      mise à part, et on formait des miches, qui,   porter le grain au moulin.
                      après 40 à 50 minutes, avaient augmenté      Voici comment opère l’inventeur. On dé­
                      de volume. On enfournait alors, en laissant  cortique le blé, en le faisant passer, après
                      le pain un peu plus de temps au four que  l’avoir lavé, soit dans un cylindre en tôle
                      le pain ordinaire.                         piqué, soit entre deux meules de grès, de
                         50 kilogrammes de farine bise rendent, en   manière à ne lui enlever que son écorce
                      moyenne, 60 kilogrammes de pain par le  superficielle. Le grain, qui a perdu par cette
                       procédé habituel ; 50 kilogrammes de farine  opération 5 pour 100 de son poids, est mis
                      donnent environ 75 kilogrammes de pain  dans l’eau, jusqu’à ce qu’il soit ramolli. (Il
                       chimique—ce qui représente un bénéfice de  faut pour cela sept à huit heures, quand l’eau
                       1 kilogramme 500 grammes de substances  est à -j- 30°.) A cet état de ramollissement,
                       nutritives.                               le grain est introduit entre deux cylindres
                         Ce procédé a pour lui une extrême promp­  lamineurs, qui l’écrasent et le transforment
                       titude d’exécution, et, comme on vient de le  en pâte. C’est cette pâte qui, mise en pré­
                       voir, une économie de 3 pour 100 de farine.   sence du ferment, selon les procédés ordi­
                       Mais l’idée d’employer de l’acide chlorhy­  naires, fournit le pain.
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