Page 592 - Merveilles Industrie Tome 4
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                 Les magasins où sont conservées les pro­  concerne le rendement de l’huile, et elle
              visions d’huiles, sont toujours maintenus à  a l’inconvénient certain de provoquer l’al­
              la température de + 15°. L’huile de seconde  tération, larancidité de l’huile. C’est à cause
              pression est conservée, chez les fabricants  de ce mauvais système d’extraction que
               d’huile de recense, dans de grandes citer­  l’Espagne, qui cultive une si grande quan­
               nes en maçonnerie, placées également dans  tité d'oliviers, ne verse dans le commerce
               un lieu un peu chaud. Par le repos, tous les  que des huiles de qualité inférieure. L’huile
               corps étrangers tombent au fond du liquide.   d’olive obtenue en Espagne ne sert que
               On soutire alors l’huile. Quant au dépôt, ou  dans ce pays pour l’usage alimentaire. C’est
               crasse, le fabricant trouve encore le moyen   que les huiles rances ne déplaisent pas plus
               d’en extraire une huile, naturellement fort  aux palais espagnols que les vins aigris,
               impure.                                   conservés dans des outres, suivant l’antique
                 Quelles que soient son origine et sa qua­  coutume du pays des hidalgos. Quand l’Es­
               lité , l’huile d’olive doit être maintenue  pagne se décidera à entrer dans la voie du
               soigneusement à l’abri du contact de l’air,  progrès industriel en ce qui concerne la fa­
               qui la ferait promptement rancir, c’est-à-dire  brication des huiles comestibles, elle fera
               l’oxyderait, et la transformerait en acide car­  au midi de la France et à l’Italie une con
               bonique. On la renferme, pour cela, dans de  currence redoutable; mais jusqu’à ce jour,
               grands réservoirs en tôle étamée, fermés par  et malgré les avis de toute sorte, elle per­
               un couvercle et tenus constamment pleins.  siste dans Yancienno aviso.
                                                           L’Italie est beaucoup mieux inspirée.
                 Nous venons de décrire la préparation de  Dans la rivière de Gênes, dans toute la
               l’huile d’olive telle qu’elle s’exécute dans le  Toscane et même à Naples, ainsi que dans
               midi de la France, c’est-à-dire dans les ré­  tout le midi de l’Italie, l’huile s’extrait avec
               gions de Nice, Cannes, Antibes et Hyères,  assez de soins, et par le procédé général
               ainsi que dans les parties des départements  que nous avons décrit, c’est-à-dire en expri­
               du Var, des Rouches-du-Rhône, de l’Hérault  mant le fruit après sa récolte.
               et du Gard, où l’on cultive l’olivier. Mais   Ce n’est pas dire pourtant que le progrès
               l’extraction de l’huile d’olive ne se fait pas  règne partout dans les contrées oléicoles.
               avec les mêmes soins dans tous les pays. L’Es­  Dans un certain nombre de moulins d’hui­
               pagne, par exemple, reste fidèle à l’absurde  les des villages de nos départements du Gard,
               et séculaire préjugé qui veut que l’on con­  de l’Hérault, des Bouches-du-Rhône^les meu­
               serve les olives plusieurs semaines après  niers d’huile n’en sont pas même encore à la
               leur cueillette, avant d’en extraire l’huile.  presse à vis de fer. Ils continuent de se servir,
               On se fonde, pour justifier cette vicieuse  pour exprimer le marc d’olives, de l’antique
               pratique, sur ce que la fermentation est né­  presse à levier, la même que nous avons repré­
               cessaire pour dégager l’huile du fruit, et  sentée dans ce volume, en parlant de la fabri­
               rendre son extraction plus facile. Les pro­  cation du cidre en Normandie et de la fa­
               priétaires espagnols font de grandes fosses  brication des vins en Bourgogne (1) et qui
               dans lesquelles ils entassent leurs olives, et  consiste en une immense poutre horizon­
               où elles demeurent cinq à six semaines  tale,'composée d’un tronc d’arbre entier
               avant de passer au moulin. C’est là, nous le  qui, par son poids, et par la traction que
               répétons, une très-mauvaise méthode. La  l’on imprime sur son extrémité libre, agit
               conservation des olives pendant quelques  comme un levier et comprime fortement la
               semaines n’a aucun avantage, en ce qui
                                                          (1) Page 245, fig. 163.
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