Page 586 - Merveilles Industrie Tome 4
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              chant plusles mains ni le papier. Les huiles   1° Suivant la nature des surfaces sur les­
              de lin, de noix, de chènevis, se résinifient  quelles on les applique. Une peinture à
              ainsi à l’air; tandis que d’autres, comme les  l’huile de lin étalée sur du plomb, sèche en
              huiles d’olive, de colza, d’amandes, tout en  treize heures ; tandis qu’il faut près de qua­
              absorbant l’oxygène à froid, ne donnent ja­  rante-huit heures pour le zinc, le laiton, le
              mais un résidu exempt des caractères des  ( uivre et surtout le fer, seize jours sur les
              corps gras, c’est-à-dire ne tachant plus le pa­  bois de sapin, vingt-un jours sur le bois de
              pier ni les mains.                        peuplier, et trente-trois jours sur le bois de
                On appelle huiles siccatives les huiles qui,   chêne ;
              comme celles de lin, de noix et de chènevis,   2° Suivant le mélange d’huiles préparées
              se sèchent complètement à l’air, c’est-à-dire  avec divers siccatifs.
              se résinifient, et huiles non siccatives celles
              qui ne présentent pas ce caractère.       Ainsi la siccativité de l’huile de lin pure
                                                          étant............................................................................... 1
                Le lecteur comprend maintenant pour­
                                                        et celle de l’huile manganésée............................ 8,43
              quoi, dans la peinture à l’huile, on prend         1 lit. 56 huile pure................/ qui 1
                                                        celle d’un
              l’huile de lin, de noix ou de chènevis, et                            devrait) 2,635
                                                         mélange
              l’on rejette les huiles d’olive, de colza et d’a­  0   44 huile manganésée' être J
                                                       I est en réalité.................................................................. 12,112
              mandes. Les dernières, si l’on s’en servait   c’est à-dire près de cinq fois plus grande.
              pour délayer les couleurs destinées à la pein­
              ture, n’absorbant point l’oxygène de l’air,   3° Suivant la nature du corps solide délayé
              resteraient toujours poisseuses et grasses;   dans l’huile. Pour prendre un exemple,
              tandis que les huiles dites siccatives devien­  l’huile de lin, qui sèche en cinq heures sur
              nent, au bout de quelques semaines, com­  du plomb décapé, n’exige pas moins de vingt-
              plètement solides et sèches, par suite de leur  une heures lorsqu’elle est mêlée de céruse.
              résinification à l’air.                   Cette dernière, qui est un siccatif puissant
                L’empirisme a depuis longtemps décou­   dans d’autres circonstances, devient un anti­
              vert un moyen d’augmenter ou de hâter la   siccatif svccXs plomb décapé.
              propriété siccative des huiles. Ona reconnu
              qu’en faisant bouillir de l’huile de lin ou de   La différence d’action chimique que pré­
              noix avec de l’oxyde de plomb (qui peut être  sentent les huiles vis-à-vis de l’oxygène,
              remplacé par de l’oxyde de zinc ou de  c’est-à-dire la propriété de certaines huiles
              manganèse), on augmente la siccativité des  de se transformer par l’oxydation à l'air en
              huiles.                                   une résine sèche, tandis que les autres ré­
                Pour opérer, c’est-à-dire pour rendre  sistent à cette action, semblerait trahir une
              l’huile siccative, il faut commencer par  différence dans la composition chimique de
              chauffer l’huile jusqu’à la température où  ces corps. 11 n’en est rien pourtant, car l'on
              commence sa décomposition par la chaleur,   sait, à n’en pas douter, que les huiles cons­
              puis la laisser un peu refroidir, ajouter alors  tituent un groupe chimique très-naturel, qui
              l’oxyde de plomb (litharge), et faire chauffer  embrasse des corps présentant tous la même
              de nouveau.                               composition chimique générale.
                On obtient une bonne huile siccative en   Une huile, quelle que soit son origine,
              faisant chauffer pendant huit heures l’huile  qu’elle soit végétale ou animale, résulte,
              avec 10 pour 100 d’oxyde de manganèse.    comme tout autre corps gras, du mélange
                D’après M. Chevreul, la propriété sicca­  de plusieurs corps gras neutres , la stéa­
              tive des huiles employées en peinture varie :  rine, la margarine, l’oléine, auxquels on
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