Page 581 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 581

LE VINAIGRE.                                   575


         prit (le bois, que l’on recueille si l’on en a   nous offre en appât, au détriment de notre
         l’emploi. L'acide pyroligneux distille en­  santé.
         suite et est recueilli.                     Le docteur l’odéré, hygiéniste d’un grand
           L’acide pyroligneux ainsi obtenu est d’une  crédit, écrivait dans un mémoire spécial sur
         excessive impureté. Il est mélangé à toute   la comparaison des vinaigres de vin et d’a­
         sorte de proluits empyreumatiques, prove­  cide pyroligneux :
         nant du bois décomposé par la chaleur, et
                                                     « L’acide pyroligneux est, dit-on, du vinaigre de
         rien n’est plus difficile que de le débarras­
                                                   bois qui vaut tout autant que celui obtenu du vin.
         ser entièrement de toutes ces matières étran­  Les médecins ne doivent pas être les dupes de cette
         gères.                                    simplicité....... Le vinaigre naturel, celui qui ne
                                                   saurait nuire, et comme assaisonnement et comme
           Les procédés employés dans les fabri­
                                                   remède, n’est point un corps simple, mais mixte,
         ques, pour purifier l’acide pyroligneux, va­  dont toutes les parties sont parfaitement unies par
         rient beaucoup, et nous sortirions de l’objet   la fermentation. Le vinaigre naturel, enfin, n'est
         de cette Notice en les exposant avec détails.   pas de l’eau acidulée qui agace les dents.
                                                     « Ces considérations nous portent, comme méde­
         Contentons-nous de dire que, pour purifier
                                                   cin, à blâmer l’usage que l’on fait de la liqueur
         l’acide pyroligneux provenant de la distilla­  acide que l’on retire de la distillation du bois, fût-
         tion dans un alambic en fonte ou en cuivre,   elle parfaitement identique avec l’acide acétique, et
                                                   à témoigner notre surprise de ce que, dans un
         du produit de la distillation du bois, on le   temps où les lésions organiques sont si multiples, on
         transforme soit en acétate de soude, soit en   ne soit pas plus réservé sur l’emploi des substances
         acétate de chaux, et que ces acétates sont   âcres qui peuvent contribuer à les occasionner. »
         ensuite décomposés par l’acide sulfurique,   Pour en revenir à notre point de dé­
         de manière à fournir de l’acide acétique.
                                                   part, c’est-à-dire à la manière de recon­
         Cet acide est enfin purifié par des distilla­  naître la falsification du vinaigre par son
        tions convenablement répétées.             mélange avec une certaine quantité d’a­
           L’acide pyroligneux purifié, constituant ce   cide pyroligneux, nous dirons que, pour
         que l’on appelle le vinaigre de bois, reçoit   constater ce genre de fraude, il n’y a qu’à
         un grand nombre d’applications dans l’in­  évaporer le vinaigre. L’acide pyroligneux
         dustrie, particulièrement dans la teinture et   ne renferme ni tartre ni sucre, comme le
         l’impression des tissus. Le pyrolignite de fer   vinaigre provenant du vin ; par conséquent,
         et d’autres pyrolignites, sont employés dans   si dans ce vinaigre évaporé jusqu’à siccilé
         ces deux industries.                      on ne retrouve point de tartre, mais seule­
           Quand il est bien purifié, l’acide pyroli­  ment une substance brune et amère, sem­
         gneux, sous le nom de vinaigre de bois, sert,   blable au caramel, souvent accompagnée de
         comme nous l’avons dit plus haut, à fabri­  matière empyreumatique et de sels de soude,
         quer des vinaigres, qui, par leur force et leur   on conclura à la falsification par l’acide
         bon marché, nuisent infiniment au com­    pyroligneux du vinaigre examiné.
         merce des bons vinaigres, c’est-à-dire des
         vinaigres de vin. Mais nous le répétons, si
         l’on veut rester fidèle à l’étymologie qui dit
         que le vinaigre provient du vin et non du             CHAPITRE VIII
         bois, si l’on veut un produit à la saveur
                                                     LE COMMERCE ET LA CONSOMMATION DES VINAIGRES.
         franche,à l’odeur aromatique, ilfaut prendre
         les vinaigres de vin, reconnaissables à leur   Le véritable vinaigre ne se fabriquant
         couleur rosée, et rejeter ces contrefaçons  qu’avec le vin, et la France étant le pays
         détestables que la fureur du bon marché   producteur des vins par excellence, on
   576   577   578   579   580   581   582   583   584   585   586