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574 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
en même temps, la théorie de la fabrication | lablement divisé en bûchettes. Le cylindre
de cet acide. I est chauffé, au commencement de l’opéra
C’est Philippe Lebon, l’auteur de l’applica tion, par du charbon de terre. La flamme
tion du gaz à l’éclairage public, qui a, le pre du charbon, avant de se rendre dans la che
mier, obtenu l’acide pyroligneux. Nous avons minée d’appel, traverse plusieurs carneaux,
raconté, avec tous les détails nécessaires, pour échauffer l’air qui alimente la combus
dans la Notice sur VEclairage, qui fait par tion. Au cylindre rempli de bois, est adapté
tie des Merveilles de la science (1), les travaux un tube J, qui aboutità l’appareil condenseur.
de Philippe Lebon sur la distillation du Cet appareil consiste en une série de tuyaux
bois et la curieuse opération par laquelle, horizontaux et recourbés B, B, enveloppés
dès l'année 1801, Philippe Lebon produisait par des manchons de tôle C, C, dans les
à la fois, avec le bois, du gaz pour chauffer quels circule continuellement un courant
et éclairer, du charbon et des eaux acides. d’eau froide, amenée du réservoir E, par le
Philippe Lebon ne s’était occupé que de tube DD. Cette eau froide, en remontant
tirer parti du gaz provenant de la décom pour reprendre son niveau, passe dans tous
position du bois en vases clos. Après lui, les autres manchons, et après s’ètre échauf
c’est-à-dire vers 1810, les frères Mollerat fée à ce contact, sort par le trop-plein, G.
créèrent l’industrie de la fabrication de l’a Nous avons dit que les gaz provenant de
cide pyroligneux, ce qui fit longtemps dési la distillation du bois étant combustibles,
gner ce produit sous le nom de vinaigre servent à chauffer la cornue dans laquelle
de Mollerat. Ces fabricants établirent, dès on distille le bois. A cet effet, les gaz en
le début, la méthode pour la production et gendrés dans le cylindre A, par la décom
la purification de l'acide pyroligneux sur des position du bois, sont dirigés, par le tuyau II,
bases si exactes et si bien calculées, qu’on dans le foyer qui chauffe le cylindre A. Là,
n’a presque rien changé jusqu’à nos jours ils s’enflamment et remplacent le charbon,
aux dispositions et procédés pratiques adop qui n’est utile que dans les premiers mo
tés par les créateurs de cette industrie. ments de la distillation.
Nous donnerons la description de l’ap Le goudron et les huiles empyreumati-
pareil pour la fabrication de l'acide py ques provenant de la même distillation, se
roligneux généralement répandu en France condensent et s’écoulent par le tuyau R r
sous le nom d’appareil Kestner, et qui est dans les cuves M,M', placées dans la cave.
employé dans toutes les fabriques de cet Au bout de cinq ou six heures de travail,
acide établies aujourd'hui tant à Paris que on retire le charbon du cylindre A par une
dans d’autres centres de production. Cet ap porte ménagée au bas de ce cylindre.
pareil, dont les fabricants font inutilement Le liquide qui s’est réuni dans les réci
mystère, n’est autre que celui que les frères pients M, M', est composé d'eau, d’acide acé
Mollerat ont imaginé et fait connaître aux tique, de goudron, d’esprit de bois, d’acétate
industriels et aux savants. de méthylène (éther acétique de l’esprit de
La figure 301 représente l'appareil de Kest bois). Il est facile de séparer le goudron en
ner pour la distillation dubois et la produc décantant le liquide dans un seau, N. Pour
tion de l'acide pyroligneux. Dans un cylin obtenir l'acide acétique, qui porte ici le nom
dre A, de tôle ou de fonte, d’une capacité de d acide pyroligneux, on distille le liquide
3 à 4 mètres cubes, on place le bois, préa- séparé par décantation, dans un alambic de
cuivre. Dans les premiers produits de la
(1) Tome IV, pages 102 et suiv. distillation, est une certaine quantité d’es