Page 580 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 580

574                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

               en même temps, la théorie de la fabrication  | lablement divisé en bûchettes. Le cylindre
               de cet acide.                           I est chauffé, au commencement de l’opéra­
                 C’est Philippe Lebon, l’auteur de l’applica­  tion, par du charbon de terre. La flamme
               tion du gaz à l’éclairage public, qui a, le pre­  du charbon, avant de se rendre dans la che­
               mier, obtenu l’acide pyroligneux. Nous avons  minée d’appel, traverse plusieurs carneaux,
               raconté, avec tous les détails nécessaires,   pour échauffer l’air qui alimente la combus­
               dans la Notice sur VEclairage, qui fait par­  tion. Au cylindre rempli de bois, est adapté
               tie des Merveilles de la science (1), les travaux  un tube J, qui aboutità l’appareil condenseur.
               de Philippe Lebon sur la distillation du   Cet appareil consiste en une série de tuyaux
              bois et la curieuse opération par laquelle,   horizontaux et recourbés B, B, enveloppés
               dès l'année 1801, Philippe Lebon produisait  par des manchons de tôle C, C, dans les­
              à la fois, avec le bois, du gaz pour chauffer  quels circule continuellement un courant
              et éclairer, du charbon et des eaux acides.  d’eau froide, amenée du réservoir E, par le
                 Philippe Lebon ne s’était occupé que de   tube DD. Cette eau froide, en remontant
              tirer parti du gaz provenant de la décom­  pour reprendre son niveau, passe dans tous
              position du bois en vases clos. Après lui,   les autres manchons, et après s’ètre échauf­
              c’est-à-dire vers 1810, les frères Mollerat   fée à ce contact, sort par le trop-plein, G.
              créèrent l’industrie de la fabrication de l’a­  Nous avons dit que les gaz provenant de
               cide pyroligneux, ce qui fit longtemps dési­  la distillation du bois étant combustibles,
              gner ce produit sous le nom de vinaigre  servent à chauffer la cornue dans laquelle
              de Mollerat. Ces fabricants établirent, dès   on distille le bois. A cet effet, les gaz en­
              le début, la méthode pour la production et  gendrés dans le cylindre A, par la décom­
              la purification de l'acide pyroligneux sur des   position du bois, sont dirigés, par le tuyau II,
              bases si exactes et si bien calculées, qu’on   dans le foyer qui chauffe le cylindre A. Là,
              n’a presque rien changé jusqu’à nos jours   ils s’enflamment et remplacent le charbon,
              aux dispositions et procédés pratiques adop­  qui n’est utile que dans les premiers mo­
              tés par les créateurs de cette industrie.  ments de la distillation.
                Nous donnerons la description de l’ap­     Le goudron et les huiles empyreumati-
              pareil pour la fabrication de l'acide py­  ques provenant de la même distillation, se
              roligneux généralement répandu en France   condensent et s’écoulent par le tuyau R r
              sous le nom d’appareil Kestner, et qui est   dans les cuves M,M', placées dans la cave.
              employé dans toutes les fabriques de cet     Au bout de cinq ou six heures de travail,
              acide établies aujourd'hui tant à Paris que   on retire le charbon du cylindre A par une
              dans d’autres centres de production. Cet ap­  porte ménagée au bas de ce cylindre.
              pareil, dont les fabricants font inutilement   Le liquide qui s’est réuni dans les réci­
              mystère, n’est autre que celui que les frères   pients M, M', est composé d'eau, d’acide acé
              Mollerat ont imaginé et fait connaître aux   tique, de goudron, d’esprit de bois, d’acétate
              industriels et aux savants.               de méthylène (éther acétique de l’esprit de
                La figure 301 représente l'appareil de Kest­  bois). Il est facile de séparer le goudron en
              ner pour la distillation dubois et la produc­  décantant le liquide dans un seau, N. Pour
              tion de l'acide pyroligneux. Dans un cylin­  obtenir l'acide acétique, qui porte ici le nom
              dre A, de tôle ou de fonte, d’une capacité de   d acide pyroligneux, on distille le liquide
              3 à 4 mètres cubes, on place le bois, préa-  séparé par décantation, dans un alambic de
                                                        cuivre. Dans les premiers produits de la
               (1) Tome IV, pages 102 et suiv.          distillation, est une certaine quantité d’es­
   575   576   577   578   579   580   581   582   583   584   585