Page 566 - Merveilles Industrie Tome 4
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560                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                desateliers, peut conserveries principes vola­  entre les mains de quelque frelon de l’in­
                tils qui lui donnent une odeur agréable, prin­  dustrie, l’objet de brevets d’invention, parla
                cipes qui se dissipent , au contraire, dans la fa­  simple addit ion de dispositions d’appareil s ou
                brication par la méthode allemande. Grâce :  de modifications insignifiantes. L’invention
                à ces principes aromatiques, le vinaigre d'Or­  du savant est alors exploitée,àson seulprofit,
                léans paraît plus fort à l’odorat et au goût que  par ledit industriel, qui n’a pris d’autre peine
                les vinaigres d’alcool, lors même que la  que de consigner sur un brevet l’application
                proportion d’acide n’y est pas supérieure, et  de cette découverte, et qui, armé de son pri­
                même quelquefois lorsqu’elle est moindre.   vilège, interdit à tout le monde son exploi­
                Ce que l’on peut reprocher au procédé  tation. M. Pasteur prit le meilleur moyen
                d’Orléans, c’est d’exiger un temps fort long  pour éviter cet abus. Il fit breveter son sys­
                et de grands emplacements pour les ateliers.  tème, et ce brevet, il déclara l’abandonner
                  Un inconvénient réel de cette méthode ré­  au domaine public. C’était une conduite à la
                side dans la nécessité de faire toujours fonc­  fois habile et généreuse. Il serait à désirer
                tionner les ateliers, de ne jamais interrompre   que tous les savants, dans des circonstances
                la fabrication. Quel que soit le prix du vin  analogues, suivissent un si bon exemple.
                ou de l’alcool, il faut fabriquer. Un chômage
                total ou partiel d’une vinaigrerie, dans le
                système d’Orléans, est impossible. Toute­
                fois, la bonne qualité des produits obtenus            CHAPITRE IV
                par ce système permet de lutter avec avan­
                tage contre le procédé allemand, qui ne peut   LES DIFFÉRENTES ESPÈCES DE VINAIGRES. — LES VINAI-
                                                            GRES DE CIDRE ET DE POIRÉ, DE BIÈRE ET DE BETTE­
                être utilisé pour le vin, et, en général, pour
                                                            RAVE. — LE VINAIGRE RADICAL. — LES VINAIGRES
                les liquides chargés de principes albumi­   AROMATIQUES.
                noïdes, parce qu’il se formerait sans nul
                doute des quantités si abondantes de mère    Tous les liquides alcooliques naturels peu­
                de vinaigre, qu’il y aurait obstruction des  vent se transformer, par l’action de l’air et
                interstices de copeaux, et que, l’air ne pou­  du ferment qu’ils contiennent, ou qu’on leur
                vant plus circuler, l’acétification s’arrêterait.  fournit, en acide acétique. Le nom de vinai­
                                                          gre signifiant, à proprement parler, vin ai­
                  Le procédé Pasteur est employé dans  gri, la logique exigerait que ce mot restât,
                quelques vinaigreries d’Orléans, mais en  limité au produit de l’acétification du vin.
                très-petit nombre. Nous avons cité, à ce point  L’usage a cependant étendu ce nom aux
                de vue, la fabrique de MM. Rreton-Lorion  divers liquides naturels alcooliques aigris.
                et les résultats obtenus par ces vinaigriers.   C’est pour cela que l’on connaît les vinai­
                Il serait à désirer que cette méthode fût  gres de bière, de cidre et de poiré, de su­
                expérimentée d’une manière plus géné­     cre, etc. Nous allons examiner chacun de ces
                rale, afin de pouvoir apprécier avec certitude  produits en particulier.
                ses bons et ses mauvais côtés. Sa mise en    Vinaigres de cidre et de poiré. — L’acéti­
                pratique est d’autant plus facile que M. Pas­  fication du poiré, du cidre et de tout autre
                teur, par une pensée libérale et à laquelle on  vin de fruits qu’on peut imaginer, serait
                ne saurait trop applaudir, a mis ce procédé  fort simple; mais cette espèce de vinaigre
                industriel à la disposition de tous. Il arrive  n’est jamais fabriquée ni dans les ménages
                fréquemment qu’une découverte scientifique  ni dans l’industrie. La bière seule sert en
                livrée à la publicité par son auteur, devient, 1  Allemagne, et surtout en Angleterre, à fabri­
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