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502 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
d’épaisseur. On verse le liquide sur cet odeur aromatique. C’est l’espèce de vinaigre
amas de copeaux, et on l’y fait repasser cinq qui sert à arroser les flacons de sels que ven
ou six fois dans l’espace de douze heures. La dent les pharmaciens. L’odeur si vive et si
transformation de la mélasse en vinaigre pénétrante qui se développe lorsqu’on dé
est alors complète, et le produit est de bouche un de ces flacons, est due à la grande
bonne qualité. concentration de l’acide acétique.
Le peu de valeur de la matière qui lui Le sel contenu dans ces flacons est habi
a donné naissance permet de vendre ce vi tuellement du sulfate de potasse réduit à
naigre à assez bas prix. l’état de granules. La nature de ce sel est,
On peut faire un bon vinaigre de sucre d’ailleurs, assez indifférente, puisqu’il n’agit
par le procédé suivant. que comme corps étranger, destiné seule
On prend 5 kilogrammes de sucre de ment à offrir une grande surface à l’évapo
basse qualité et 3 kilogrammes de crème ration de l’acide acétique.
de tartre, que l’on dissout dans 180 li La préparation du vinaigre radical s’opère
tres d’eau bouillante, et l’on place cette dans les pharmacies, par plusieurs moyens,
liqueur dans un tonneau. Lorsqu’elle est tous fort simples.
parvenue, par le refroidissement, à la Le plus souvent, on distille l’acétate de
température de + 25°, on ajoute 4 li cuivre cristallisé, vulgairement connu sous
tres et demi de levûre de bière ; on couvre le nom de verdet. Soumis à l’action de la
légèrement le tonneau, et l’on entretient la chaleur, l’acétate de cuivre abandonne son
température de l’atelier à + 22 ou + 24°, acide acétique, et fournit, en même temps,
pour provoquer la fermentation. La fermen un peu d’acétone. C’est ce dernier produit
tation étant terminée, on transforme l’al qui donne au vinaigre radical son odeur aro
cool en acide acétique en le plaçant, soit matique.
dans l’appareil de Schutzenbach, soit dans On opère la distillation de l’acétate de
un tonneau de vinaigrier, en mettant en pra cuivre dans une cornue de grès, à laquelle
tique le procédé d’Orléans. s’adapte une allonge, communiquant elle-
Le moyen suivant est plus simple encore. même avec un récipient tubulé, que l’on re
On dissout 12 kilogrammes et demi de froidit constamment par un courant d’eau.
bas sucre dans 1 hectolitre d’eau chaude. On chauffe d’abord avec précaution la cor
Quand le sirop est arrivé, par le refroidisse nue, placée dans un fourneau à réverbère.
ment, à la température de -j- 24°, on ajoute L’acétate de cuivre,se décomposant par la
4 pour 100 de son volume de levûre de bière, chaleur, l’oxyde de cuivre reste dans la cor
et quand la fermentation est assez avancée, nue et l’acide acétique passe à la distillation.
c’est-à-dire après deux ou trois jours, on tire Les premières portions du liquide distillé
à clair le liquide, on le metdansun tonneau, contiennent une assez grande quantité d’eau :
et on ajoute, pour chaque hectolitre d’eau c’est celle qui faisait partie du sel cristallisé.
employée,70 grammes de crème de tartre et On met de côté ces premières parties, pour
autant de raisins écrasés. Le tout étant traité ne recueillir que les trois derniers quarts du
d’après le procédé d’Orléans ou la méthode liquide condensé. Comme le produit est sou
allemande, on obtient un vinaigre, que l’on vent coloré en bleu ou en vert, par quelques
clarifie ensuite sur des copeaux de hêtre, et traces de sel de cuivre entraînées dans le
que l’on met en bouteilles. récipient, il faut soumettre le liquide à une
Vinaigre radical. — On donne ce nom à nouvelle distillation, dans une cornue de
l’acide acétique très-concentré, doué d’une verre.