Page 568 - Merveilles Industrie Tome 4
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               d’épaisseur. On verse le liquide sur cet  odeur aromatique. C’est l’espèce de vinaigre
               amas de copeaux, et on l’y fait repasser cinq  qui sert à arroser les flacons de sels que ven­
               ou six fois dans l’espace de douze heures. La  dent les pharmaciens. L’odeur si vive et si
               transformation de la mélasse en vinaigre  pénétrante qui se développe lorsqu’on dé­
               est alors complète, et le produit est de  bouche un de ces flacons, est due à la grande
               bonne qualité.                            concentration de l’acide acétique.
                 Le peu de valeur de la matière qui lui    Le sel contenu dans ces flacons est habi­
               a donné naissance permet de vendre ce vi­  tuellement du sulfate de potasse réduit à
               naigre à assez bas prix.                  l’état de granules. La nature de ce sel est,
                 On peut faire un bon vinaigre de sucre  d’ailleurs, assez indifférente, puisqu’il n’agit
               par le procédé suivant.                   que comme corps étranger, destiné seule­
                 On prend 5 kilogrammes de sucre de  ment à offrir une grande surface à l’évapo­
               basse qualité et 3 kilogrammes de crème  ration de l’acide acétique.
               de tartre, que l’on dissout dans 180 li­    La préparation du vinaigre radical s’opère
               tres d’eau bouillante, et l’on place cette  dans les pharmacies, par plusieurs moyens,
               liqueur dans un tonneau. Lorsqu’elle est  tous fort simples.
               parvenue, par le refroidissement, à la      Le plus souvent, on distille l’acétate de
               température de + 25°, on ajoute 4 li­     cuivre cristallisé, vulgairement connu sous
               tres et demi de levûre de bière ; on couvre  le nom de verdet. Soumis à l’action de la
               légèrement le tonneau, et l’on entretient la  chaleur, l’acétate de cuivre abandonne son
               température de l’atelier à + 22 ou + 24°,   acide acétique, et fournit, en même temps,
               pour provoquer la fermentation. La fermen­  un peu d’acétone. C’est ce dernier produit
               tation étant terminée, on transforme l’al­  qui donne au vinaigre radical son odeur aro­
               cool en acide acétique en le plaçant, soit  matique.
               dans l’appareil de Schutzenbach, soit dans   On opère la distillation de l’acétate de
               un tonneau de vinaigrier, en mettant en pra­  cuivre dans une cornue de grès, à laquelle
               tique le procédé d’Orléans.               s’adapte une allonge, communiquant elle-
                 Le moyen suivant est plus simple encore.  même avec un récipient tubulé, que l’on re­
                 On dissout 12 kilogrammes et demi de  froidit constamment par un courant d’eau.
               bas sucre dans 1 hectolitre d’eau chaude.   On chauffe d’abord avec précaution la cor­
               Quand le sirop est arrivé, par le refroidisse­  nue, placée dans un fourneau à réverbère.
               ment, à la température de -j- 24°, on ajoute  L’acétate de cuivre,se décomposant par la
               4 pour 100 de son volume de levûre de bière,   chaleur, l’oxyde de cuivre reste dans la cor­
               et quand la fermentation est assez avancée,   nue et l’acide acétique passe à la distillation.
               c’est-à-dire après deux ou trois jours, on tire  Les premières portions du liquide distillé
               à clair le liquide, on le metdansun tonneau,   contiennent une assez grande quantité d’eau :
               et on ajoute, pour chaque hectolitre d’eau   c’est celle qui faisait partie du sel cristallisé.
               employée,70 grammes de crème de tartre et  On met de côté ces premières parties, pour
               autant de raisins écrasés. Le tout étant traité  ne recueillir que les trois derniers quarts du
               d’après le procédé d’Orléans ou la méthode  liquide condensé. Comme le produit est sou­
               allemande, on obtient un vinaigre, que l’on  vent coloré en bleu ou en vert, par quelques
               clarifie ensuite sur des copeaux de hêtre, et  traces de sel de cuivre entraînées dans le
               que l’on met en bouteilles.               récipient, il faut soumettre le liquide à une
                 Vinaigre radical. — On donne ce nom à  nouvelle distillation, dans une cornue de
               l’acide acétique très-concentré, doué d’une  verre.
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