Page 560 - Merveilles Industrie Tome 4
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554                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

               à 50° Tralles, 40 litres de vinaigre et 120 li­  1ère beaucoup l’absorption directe de l’oxy­
               tres d’eau , auxquels on ajoute, pour nourrir  gène de l’air par l’alcool. Aussi, si l’on place
               le champignon du vinaigre, une décoction  le noir de platine arrosé d’alcool dans une
               de son et de farine de seigle. Le local doit  petite capsule de porcelaine, et que l’on
               être chauffé à -j- 20 ou + 24°; mais dans les  chauffe légèrement cette capsule, voit-on se
               tonnes, la température s’élève jusqu’à + 40°,   dégager des vapeurs blanches, que l'on recon­
               ce qui occasionne, par l’évaporation de l’acide   naît facilement, à leur odeur piquante, pour
               acétique et de l’aldéhyde, îa perte d’environ  de l’acide acétique. C’est là une des plus
               10 pour 100, que nous avons signalée. En te­  jolies expériences de la chimie organique ; on
               nant compte de cette perte, on peut admet­  l’exécute assez souvent danslcs cours publics.
               tre que 1 hectolitre d’eau-de-vie à 50° Tral­  Il était naturel de chercher à appliquer à
               les, fournit :                            l’industrie le fait singulier de l’oxydation
                                                         directe de l’alcool par l’oxygène de l’air.
               13hectol. de vinaigre cont. 3 pour 100 d’acide acétique.
               10     —     —        4   —               C’est ce que l’on a tenté plusieurs fois en Al­
               7.9    —     —        5   —               lemagne, mais sans jamais arriver à aucun
               6,6    —     —        6   —               résultat pratique.
               5,6    —  -   —       7   —                 Nous représentons ici (fig. 296) l’appareil
               4.9    —     —        8   —
               4,4    —     —        9   —               quia été construit pour préparer l’acide acé­
               3.9    —     —       10   —               tique en grand par la méthode de Dôbereiner.
                                                         Une cage de verre, AD, munie d’étagères,
                 Au point de vue du transport, il y a avan­
                                                         supporte une série de capsules en porce­
               tage à ne préparer que le vinaigre le plus
                                                         laine à fond plat. Chacune de ces capsules
               fort, et à étendre celui-ci avec de l’eau sur le
                                                         reçoit un trépied de porcelaine, qui sup­
               lieu de consommation (1).
                                                         porte un verre de montre contenant de la
                 Le procédé d’acétification rapide , dit  mousse de platine. Des ouvertures, E et CD,
               procédé de Schutzenbach, est fort répandu en  placées au haut et au bas de la cage de verre,
               Allemagne; le contraire a lieu pour une  provoquent un courant d’air à travers ce sys­
               autre méthode scientifique d’acétification.   tème. Si, au moyen d’un tuyau parcouru par
               Nous voulons parler du procédé de Dôbe-  un courant de vapeur d’eau, on élève à -f-
               reiner, qui a échoué dans la pratique, et qui  33° la température de cette enceinte, l’al­
               n’a, dès lors, qu’un intérêt de théorie. Mais   cool se vaporisant lentement, arrive au con­
               cet intérêt est considérable : on va en juger.  tact du platine et se transforme peu à peu
                 Le chimiste Dôbereiner découvrit, en    en acide acétique. Ces vapeurs acides se
               1835, que si l’on prend du noir de platine,   condensent en partie sur les parois de verre
              c’est-à-dire du platine métallique très-divisé,   delà cage, et le liquide ruisselle dans un ré­
               constituant une sorte de poudre (obtenue en   servoir disposé au bas de l’appareil.
               calcinant au rouge certains composés métal­  Avec une cage de verre d’environ 40
              liques à base de platine) et qu’on arrose   mètres cubes de capacité et 17 kilogrammes
               cette poudre avec de l’alcool, l’alcool ainsi   de noir de platine, on peut transformer,
               divisé par la poudre métallique, et en con­  par jour, environ 150 litres d’alcool en acide
              tact avec l’air par une surface considérable,   acétique de la plus grande pureté.
              se transforme rapidement en acide acétique.   L’écueil de ce système réside dans la
               Une légère élévation de température accé-  ventilation. Il est évident qu’il faut, pour
                                                         que l’oxydation de l’alcool continue sans
                (1) Wagner, Traité de c'/imie industrielle, traduction
               française, in-8. Paris, 1868, tome II, page 251.  interruption, renouveler constamment l’air
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