Page 56 - Merveilles Industrie Tome 4
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                       Le pétrin mécanique ne saurait d’ailleurs  crire et en apprécier les avantages, ainsi
                     fonctionner sans le concours d’un ouvrier  que les défauts.
                     capable. La mécanique est une force brutale   Le four que M. Lespinasse construisit pour
                     que l’art et l’intelligence doivent conduire et  la manutention militaire de Paris, est un
                     maîtriser. Le tort des premiers boulangers  des premiers et des meilleurs appareils de
                     qui voulurent se servir du pétrin mécanique,  ce genre. Ce four est muni de carneaux
                     fut de se figurer qu’ils pourraient ainsi se  contournés en fer à cheval, qui partent au-
                     passer d'ouvriers boulangers, ou de croire,   dessous de Pâtre où s’effectue la combustion
                     du moins, que le travail de force étant de   et communiquent avec cet espace. La com­
                     beaucoup allégé, ils pourraient diminuer  bustion est donc alimentée par de l’air
                     considérablement leur personnel. Ce n’était  chaud, et l’on réalise ainsi une économie de
                     pas là, mais dans l’économie de la matière  combustible. Les gaz provenant de la com­
                     première, dans un rendement meilleur et  bustion, passent dans les ouras, formés de tu­
                     plus abondant, qu’ils devaient chercher les  bes en fonte épaisse. Ils se rendent de la
                     avantages du nouveau système. L’emploi de  dans des carneaux situés au-dessus de la
                     simples manœuvres étrangers à l’art de la  voûte; puis ils passent par diverses ouvertu­
                     panification ou la réduction excessive du  res qui les amènent à une cheminée tour­
                     personnel, ne pouvait amener que des dé­   nante communiquant avec une cheminée-
                     ceptions.                                 verticale.
                       Nous représentons ici (fig. 31) un très-   M. Carville a construit, à Lyon, pour la
                     curieux appareil qui fonctionne à la direc­  manutention militaire, une sorte de moufle
                     tion de la commission des farines-types  qui est chauffée directement par la flamme
                     supérieures de Paris, pour les essais des  qui l'enveloppe de toutes parts. Ce four
                     farines soumises à l’examen de cette com­  brûle de la houille. Le foyer est situé au-
                     mission officielle. On peut faire fonction­  dessous de la moufle.
                     ner à volonté ces douze petits pétrins mé­   Le four Rolland, dont la figure 32 (page 52)
                     caniques, ou n’en faire marcher que quatre  représente la coupe, est également chauffé
                     ou huit. Ils sont montés sur une table de  comme une moufle, c’est-à-dire que la pâte-
                     fonte et mus par un seul homme au moyen  est préservée intérieurement de tout contact
                     d’une manivelle et d’un volant.            avec la flamme et avec les gaz auxquels la
                                                                combustion donne naissance.
                        Les opérations du pétrissage n’ont pas eu   Les pains sont disposés sur un disque de
                     seules le privilège de provoquer les recher­  tôle, recouvert de briques. Ce disque est sup­
                     ches de l'esprit d'invention. La cuisson du  porté par un arbre et par des tiges de fer
                     pain, telle que nous l’avons décrite, est sin­  disposées en forme de cône autour de cet
                     gulièrement défectueuse. Elle fait perdre  arbre, comme les tringles qui soutiennent un
                     beaucoup de chaleur ; elle met directement  parapluie ouvert. Une manivelle extérieure
                      en contact le pain et les cendres du combus­  commande un système de transmission qui
                     tible que l’on vient de retirer du four. C’est  permet d’imprimer au plateau un mouve­
                      pour obvier à ce double inconvénient que  ment de rotation, grâce auquel ses divers
                      l'on a construit les fours aérothermes, c’est-  secteurs se présentent tour à tour à la bouche
                      à-dire à air chaud (de tbip air, Oepptoç cha­  du four : disposition très-commode pour
                      leur). Les fours aérothermes constituent un  l’enfournement et le détournement des
                      groupe d’appareils que l’on peut réunir  pains. On peut également, à l’aide d’une vis
                      d’une manière très-naturelle, pour les dé­  de rappel, élever ou abaisser le disque à vo-
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