Page 54 - Merveilles Industrie Tome 4
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48                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                      « 3° La régularité de l’action de la machine et la
                    rapidité avec laquelle elle accomplit l’opération du
                    mélange, aussi bien que l’extrême simplicité de ses
                    agencements pour régler et contrôler l’appareil
                    mélangeur, rend sa direction immédiatement ac­
                    cessible à l’ouvrier le plus ordinaire.
                      « Le doute n’est plus permis à cette heure, la cri­
                    tique n’est plus possible ; il faut se rendre à l’é­
                    vidence et appliquer bien vite partout des appa­
                    reils qui fonctionnent avec tant de succès. Si les
                    boulangers intelligents ont de bonnes raisons pour
                    accueillir à bras ouverts le pétrin mécanique, les
                    consommateurs en ont de bonnes aussi pour dé­
                    sirer qu’il se vulgarise promptement. Si les bou­
                    langers attendent de cette innovation un pétrissage
                    parfait, une pâte toujours homogène, une qualité
                    de pain soutenue pour toutes les fournées considé-
                    dérables, et avec cela une garantie d’indépendance,
                    les consommateurs en attendent, eux aussi, cer­
                    tains avantages que le pétrissage à bras ne leur offre
                    pas.
                      « Ce n’est pas uniquement au point de vue d’une
                    propreté rigoureuse que le consommateur est in­
                    téressé au triomphe du pétrin mécanique, il y est
                    intéressé, en outre, parce que ce pétrin permettra
                    d’employer à la panification des farines riches en
                    gluten de bonne qualité. Pourquoi repousse-t-on si
                    obstinément les farines rondes, et par conséquent
                    le pain de ménage? Parce que le travail de ces
                    farines rondes est tellement pénible, qu’on ne
                    trouverait pas de geindre pour les pétrir.
                      « Aujourd’huile geindre est trouvé, et celui-ci a des
                    muscles de fer et de la vapeur dans les veines.
                    Pourquoi sacrifie-t-on les blés demi-durs, riches en
                    gluten, aux blés tendres, qui sont moins riches?
                    Parce que, comme l’a dit très-bien M. Joigneaux, le
                    pétrissage à bras y trouve son compte en même
                    temps que la meunerie, tandis que le pétrissage
                    mécanique triompherait aisément des farines de
                    blés demi-durs, à la grande joie des consomma­
                    teurs. Pourquoi enfin rejette-t-on les blés demi-
                    durs du Midi et de l’Algérie, qui, mélangés en
                    proportions convenables avec nos blés tendres, aug­
                    menteraient la puissance nutritive du pain? C’est
                    encore et toujours à cause de l’impossibilité où
                    nous sommes d’en pétrir la pâte à bras d’homme.
                      « Du moment que, par l’intermédiaire des pétrins
                    mécaniques, nous arrivons à lever les obstacles qui
                    existent du côté de la boulangerie, elle a tout in­
                    térêt à répondre au désir de la consommation ;
                    et la meunerie, qui maintenant procède en sou­
                    veraine, sera bien forcée de modifier sa fabrication,
                    de rechercher les blés dont elle ne veut plus, de
                    réhabiliter ce qu’elle a proscrit, de redemander à
                    la culture les variétés auxquelles celle-ci n’a renoncé
                    qu’à regret (1). »
                      (1) Études sur l’Exposition de 1867, in-8", chez Eugène
                    Lacroix, t. Il, p. 455.                              Fig. 29, — Pétrin Deliry avec manège.
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