Page 527 - Merveilles Industrie Tome 4
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L’ALCOOL ET LA DISTILLATION.                              521

           La cuve à saccharification renferme d’a­  surnage le dépôt. Ce liquide sert au bétail,
         vance un mélange, tout préparé, de 6 pour  soit pour la boisson, soit pour mouiller la
         100 de malt délayé dans de l’eau à la tem­  pâture sèche.
         pérature ordinaire. A mesure que les tuber­  Pendant que la pâte de pommes de terre est
         cules de pommes de terre tombent dans  lessivée, on fait bouillir, dans une deuxième
         la cuve, on s’arrange pour que la tem­    cuve, grâce à un courant de vapeur, la quan­
         pérature du mélange définitif soit d’en­  tité d’acide sulfurique étendu nécessaire pour
         viron 4- 65 à -b 70°. Alors on agite le tout  l’opération. Par hectolitre de pommes de
         et on laisse agir le malt jusqu’à ce qu’il ait   terre, on prend 1 kilogramme 1/2 à 2 kilo­
         transformé l’amidon et la fécule en sucre et   grammes d’acide sulfurique étendu de 3 ou
         en dextrine. Cette transformation se fait en   4 litres d’eau. On introduit dans ce liquide
         deux ou trois heures.                     bouillant la pâte de pommes de terre la­
           La saccharification étant terminée et la  vée, et on entretient l’ébullition jusqu’à ce
         masse, de pâteuse qu’elle était, étant de­  que la fécule soit transformée en glucose.
         venue fluide, on fait passer le moût à tra­  Tant qu'un échantillon du liquide, mélangé
         vers un tamis, qui retient les pelures et les  dans un verre à expérience avec de l’alcool
         matières insolubles, et on le verse dans les  concentré, devient laiteux, on continue l’é­
         bacs-refroidissews, où on l’abandonne jus­  bullition, car c’est le signe qu'il existe encore
         qu’à ce qu’il soit arrivé à 20° environ,   de la dextrine.
         température convenable pour la fermen­      La saccharification est terminée au bout
         tation.                                   de cinq à six heures d’ébullition avec l’eau
           Cette fermentation s’effectue par l’addi­  acidulée. Alors on transvase le liquide dans
         tion de levûre de bière, comme pour Je  une cuve à double fond, et on le soutire
         moût du grain. Pour 100 kilogrammes de    dans une autre cuve contenant de la craie,
         liquide, on prend 11 litres de levûre pâ­  qui sature l’acide libre. Il se forme du sul­
         teuse.                                    fate de chaux; on sépare le liquide clair du
           Le moût de pommes'de terre renferme     précipité, et on le met à fermenter dans une
         diverses substances étrangères, qui sont te­  cuve avec de la levûre.
         nues en suspension pendant la fermentation.   Nous avons déjà dit que la saccharification
         Ces matières étant soulevées à la surface du   des pommes de terre par les acides est rare­
         liquide, forment une sorte de couverture,   ment employée, en raison des dépenses de
         que l’on nomme le chapeau, comme dans     combustible qu’elle entraîne. 11 faut, comme
         les cuves de vendange. L’aspect et la ma­  on vient de le voir, entretenir une ébullition
         nière dont se comporte ce chapeau permet­  de plusieurs heures, pour que l’acide exerce
         tent de tirer une conclusion sur la marche   son action saccharifiante sur la fécule. La
         de la fermentation.                       dépense de combustible est donc toujours im­
                                                   portante. Aussi ne fait-on usage de ce pro­
           La saccharification des pommes de terre  cédé que pour traiter les pommes de terre
         par les acides ne diffère pas de la saccharifi­  gâtées parla maladie. Ces tubercules altérés,
         cation des grains par les mêmes agents. Les  qui ne donneraient que peu de sucre, traités
         pommes de terre sont râpées et la pulpe est  par le malt, donnent, par l’acide, un certain
         introduite dans une grande cuve, que l’on  rendement.
         remplit d’eau. La fécule, séparée des cellules
         déchirées par le râpage, se dépose au fond
         de la cuve. On décante le liquide brun qui
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