Page 525 - Merveilles Industrie Tome 4
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L’ALCOOL ET LA DISTILLATION.                              519


           cool, quand, par les autres procédés, ce ren­  rence de niveau de 6 mètres. On pourrait l'augmen­
           dement n’atteint que 28 à 30 pour 100.    ter considérablement sans aucun inconvénient. —
                                                     Rien ne reste dans le saccharificateur. Aussi le
             Les figures 285 et 286 représentent l’ap­
                                                     faux fond percé de trous n’a-t-il point pour but de
           pareil de MM. Colani et Kruger.           faire fonction de passoire, mais de retenir le grain,
             Dans une brochure publiée en 1874,      pendant l’opération, à une certaine distance du bar-
                                                     boteur, afin que la distribution de la vapeur se fasse
           MM. Colani et Kruger expliquent, en ces
                                                     uniformément.
           termes, leur procédé appliqué au traitement   « La décharge dure quatre minutes, le charge­
           des maïs.                                 ment onze. Avec les cinquante minutes de cuisson,
                                                     la durée totale de l’opération est donc de soixante-
                                                     cinq minutes, de sorte que nous faisons habituelle­
             « La cuisson s’opère en vase clos. Ce vase est en
           cuivre. Disons tout de suite pourquoi nous avons   ment vingt-deux cuites en vingt-quatre heures.
           choisi ce métal. L’acide chlorhydrique ou muriati­  L’ouvrier attaché au saccharificateur a tout le temps
           que, le seul dont nous nous servions, n’attaque   nécessaire pour conduire au moins deux appareils,
           guère le cuivre en masse et ne l’attaque qu’au con­  chargement compris. Il serait donc facile d’établir
           tact de l’air; par l’expulsion de l'air au moyen de la   dans les grandes usines toute une batterie de sac-
           vapeur, nous mettons l’appareil saccharificateur à   charificateurs, et rien n’empêcherait, d’autre part,
                                                     de donner au cylindre une dimension double, triple
           l’abri de toute action corrosive, ainsi qu’on peut s’en
           convaincre en visitant celui qui est monté à notre   ou même quadruple. »
           usine ; après 1,300 cuites, il est, à l’intérieur, exac­
           tement dans le même état que le jour où le construc­  Suivant MM. Colani et Kruger, on arrive,
           teur nous l’a expédié.......
             « Pour chaque espèce de substances contenant de   par l’application de leur procédé, à dimi­
           l’amidon, l’opération exigera une quantité d’eau et   nuer la dépense nécessaire pour la fabri­
           d’acide, une pression et une durée quelque peu dif­  cation de 1000 kilogrammes de maïs de
           férentes. Au lieu d’entrer à ce sujet dans d’innom-
           bles détails, nous allons raconter exactement com­  38 francs 50 cent.
           ment nous procédons avec le maïs, qui est un des   Ce procédé augmente aussi le rendement
           grains les plus rebelles à une saccharification com­  en alcool, car on parvient à obtenir de cer­
           plète.                                    tains maïs, 35 litres de 3/6 fin.
            « Nous versons d’abord dans notre saccharifica-
           leur, qui mesure une capacité d’un mètre cube et
           demi, 600 litres d’eau coupés de 16 kilogrammes
           d’acide chlorhydrique, et en même temps nous ou­
           vrons le robinet de vapeur. Dès que les deux tiers de
           l’eau sont entrés, nous chargeons, par le trou        CHAPITRE XIII
           d’homme supérieur, 360 kilogrammes de maïs con­
           cassé. On ferme le trou d’homme ; on laisse sortir   FABRICATION DE L’ALCOOL DE POMMES DE TERRE. —
           l’air par le robinet purgeur jusqu’à ce qu’il ne passe   NETTOYAGE ET BROYAGE DE LA POMME DE TERRE. —
           plus que la vapeur. On ferme alors ce robinet, et le   SACCHARIFICATION DE LA FÉCULE. — FERMENTATION DU
           manomètre ne tarde pas à monter. Lorsqu’il mar­  MOÛT SUCRÉ. — DISTILLATION DU PRODUIT FERMENTÉ..
           que 3 atmosphères (pression normale pour le mais),
           on arrête l’introduction de la vapeur de chauffage.
           Une ou deux fois peut-être pendant l’opération, le   La fabrication de l’alcool par la fermenta­
           manomètre redescend vers 2 1/2; il est bon, en ce   tion du sucre dérivé de la fécule de pomme
           cas, de rouvrir l’accès à la vapeur durant quelques   de terre, ne diffère pas, en principe, de
           secondes, ce qui suffit pour rétablir et maintenir la
           pression normale. Après cinquante minutes de   la fabrication de l’alcool au moyen des cé­
           chauffage (à partir de l’instant où l’on a fermé le   réales. C’est toujours une matière amylacée
           trou d’homme), on ouvre le robinet de décharge, et   que l’on transforme en sucre, ce qui donne
           l’appareil devenant un vrai monte-jus, toute la masse   un moût que l’on fait ensuite fermenter par
           liquide s’élève par le tuyau vers la cuve de dépôt, qui
           est munie d’un couvercle solidement cloué et d’une   la levûre de bière.
           petite cheminée en bois, pour permettre à la vapeur   Comme pour les grains, on peut saccha-
           du liquide de s’échapper librement sans produire   rifier la fécule de pomme de terre par le
           d’éclaboussures. Entre le point de départ et le point
           d’arrivée du tuyau de décharge, il existe une diffé­  malt (diastase) ou par les acides. Mais ce
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