Page 530 - Merveilles Industrie Tome 4
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524                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                 latives à la transformation du bois en sucre.   les richesses ? Le sage, l’homme modéré
                 Ce fait, c’est la possibilité de fabriquer à bas  dans ses besoins, serait alors le riche ; la
                prix du glucose par une opération chimique  pauvreté ne serait la compagne que de la
                très-simple.                               passion et de l’incontinence des désirs. Mais
                                                           ce problème capital de la fabrication écono­
                   La fabrication du sucre au moyen du bois  mique d’une matière alimentaire, est-il inso­
                est une question qui a une portée infiniment  luble ? Nullement, et peut-être partagera-
                plus grande qu’on ne serait tenté de le croire  t-on cet avis, si l’on considère avec quelle
                au premier aperçu. On nous permettra de  facilité a été résolue une partie de cette
                développer, en terminant ce chapitre, les  question du jour oii les circonstances en ont
                considérations qui donnent une importance   rendu la solution utile.
                toute particulière à cette ressource considé­  Le glucose entre comme élément essen­
                rable que la chimie vient nous offrir.     tiel dans un grand nombrejde substances ali­
                  Il faudrait fermer les yeux aux lumières  mentaires. Le pain, les fruits, les légumes,
                des faits qui nous environnent, pour  contiennent des quantités notables de glu­
                mettre en doute que, dans un intervalle    cose ou de produits analogues. A lui seul
                encore impossible à fixer, une transforma­  le sucre ne suffirait point pour compo­
                tion radicale soit destinée à s’accomplir  ser une alimentation complète, mais il y
                dans les conditions physiques de l’exis­   concourt dans une proportion considérable.
                tence des hommes. Les générations qui  Les travaux des physiologistes modernes
                doivent nous remplacer vivront d’une vie  ont montré qu’il constitue l’élément de la
                différente de la nôtre, et l’état où s’agitent  combustion chimique qui s’accomplit dans
                aujourd’hui notre impuissance et notre fai­  l’acte respiratoire des animaux. Sa présence
                blesse, ne sera pour nos neveux qu’un sujet  dans les matériaux de notre alimentation
                d’étonnements. L’application des sciences  est donc indispensable à l’entretien de la
                physiques et chimiques conduira un jour à  vie. Ainsi, obtenir économiquement du glu­
                transformer toutes les conditions des sociétés  cose, c’est fabriquer à bas prix un produit
                humaines. C’est, par exemple, une immense  alimentaire. Or, ce problème de la produc­
                question que celle de l’alimentation des  tion artificielle du glucose est résolu comme
                peuples. Quel bouleversement dans la hié­  fait scientifique, ainsi qu’on vient de le
                rarchie sociale, quelle perturbation dans  voir par les expériences de M. Arnould re­
                l'équilibre et les rapports des différentes  latives, à la conversion, au moyen des acides,
                classes, quelle révolution dans l’économie  du bois en sucre.
                publique , ne provoquerait point l’inven­    Une partie de la grande question de la fa­
                teur qui réussirait à fabriquer de toutes  brication économique d’un aliment est donc
                pièces et à bas prix une matière alimentaire !   résolue. Qu’une découverte du meme genre
                Voyez-vous tout de suite l’effet et les résul­  vienne à se produire pour obtenir artificiel­
                tats de cette découverte? Donner à tous les  lement un aliment azoté, et tout serait dit.
                moyens de subvenir sans frais aux besoins  Ce n’est donc pas sans raison qu'il est permis
                de la vie, débarrasser chacun de la nécessité  d’espérer, pour un avenir plus ou moins
                fatale et commune d’acquérir le pain de  prochain, l’entière solution du grand pro­
                chaque jour à la sueur de son corps ou à la  blème dont nous parlions, c’est-à-dire la
                fatigue de son cerveau, quelle révolution  fabrication d’une matière alimentaire fa­
                dans la famille humaine ! Que deviendraient  briquée artificiellement à bas prix, pro­
                les notions actuelles sur la pauvreté et sur  blème auquel se trouvent si étroitement
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