Page 533 - Merveilles Industrie Tome 4
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L’ALCOOL ET LA DISTILLATION.                               527


         merce sont toujours acides; en les traitant  barrasse de ces mêmes principes par un cou­
         par le carbonate de soude, le carbonate  rant de vapeur d’eau surchauffée, et la même
         de potasse ou la chaux, on sature ces acides  huile peut alors servir à une nouvelle opé­
         libres, et le produit, soumis ensuite à la dis­  ration. On distille ensuite l’alcool séparé de
         tillation, donne un alcool sensiblement   l’huile qui a servi à les purifier.
         pur.                                        Disons pourtant que le produit de cette
           Tel est donc le moyen général que nous  rectification a toujours un goût et une odeur
         recommandons aux opérateurs. Mais après  qui rappellent l’huile qui a servi à ce traite­
         la méthode qui nous paraît devoir mériter  ment.
         la préférence, nous devons consigner ici les   Le savon de Marseille, employé à la dose
         procédés qui sont considérés comme les plus  de 1 kilogramme pour 20 litres d’alcool de
         efficaces parmi tous ceux qui ont été pro­  mauvais goût, a été recommandé dans le
         posés.                                    même but. D’après M. Klézinski, le savon
           Le charbon de bois, réduit en petits  s’empare d’environ 20 pour 100 de son poids
         fragments , ou en granules, que l’on a  des principes huileux odorants, et l’alcool,
         préalablement calcinés dans un creuset  séparé du savon et distillé, n’a presque plus
         et fait refroidir à l’abri de l’air, pour les  d’odeur. Le produit, rectifié, reste, en outre,
         empêcher d’absorber les gaz ou les va­    moins hydraté que l’alcool que l’on a traité,
         peurs d’eau, est très en faveur aujour­   car le savon retient une partie de son eau. Il
         d’hui. Son efficacité nous paraît cepen­  va sans dire que l’on débarrasse le savon des
         dant moins évidente qu’on ne le dit géné­  principes odorants qu’il a absorbés, et on
         ralement. Quoi qu’il en soit, on peut recti­  le rend propre à servir à de nouvelles opé­
         fier les eaux-de-vie par le charbon de bois,   rations en le soumettant à un courant de va­
         en les faisant traverser une couche un peu   peur d’eau surchauffée.
         haute de charbon de bois réduit en granules.   Des agents chimiques d’un effet plus sûr
         Le charbon retient une partie des acides et  que les précédents, ont été proposés, à savoir :
         des principes odorants. On fait servir le même  le chlorure de chaux, le manganate et le
         charbon à d’autres opérations, en le lavant  chromate de potasse. L’effet désinfectant de
         par un courant de vapeur d’eau, qui em­   ces corps, doués d’un pouvoir énergique
         porte les principes odorants retenus dans sa  d’oxydation, ne saurait être mis en doute;
         masse. Quand ce mode de nettoyage ne  il reste à établir seulement s’ils ne sont pas
         suffit pas, et que le charbon ne désinfecte  d’un prix trop élevé pour l’usage indus­
         plus l’alcool, on le calcine, pour le revivi­  triel.
         fier, ainsi qu’on le fait dans les raffineries   En résumé, les alcalis carbonatés, c’est-à-
         pour le charbon animal ; ce qui veut dire  dire le carbonate de potasse ou de soude,
         que l’on détruit, par l’action de la chaleur  ainsi que la chaux caustique, nous paraissent
         rouge, les matières organiques qui impré­  les moyens les plus efficaces pour la purifica­
         gnaient le charbon à la suite d’un emploi  tion des alcools de mauvais goût. Après les
         un peu long, et qu’on le remet ainsi en état  alcalis, le charbon de bois paraît le mieux
         de servir à de nouvelles opérations.      indiqué et le plus pratique.
           Quelquefois, on agite les alcools infects
         avec de l’huile grasse, qui leur enlève assez   Quel que soit l’agent dont on se soit servi,
         facilement les principes odorants. L’huile  pour opérer la purification chimique des al­
         chargée de ces principes odorants, étant sé­  cools bruts, il reste à exécuter l’opération
         parée de l’alcool par décantation, on la dé­  fondamentale, la rectification, ou nouvelle
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