Page 524 - Merveilles Industrie Tome 4
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                curer, etc., on a recours à la saccharification   Les alcools résultant de la saccharification
                par l’acide. Les riz et les maïs et d’autres  par les acides, sont plus purs que ceux qui
                matières provenant des cultures exotiques,  proviennent de la saccharification par le
                comme les caroubes de l’Algérie, sont quel­  malt. Ils trouvent un grand emploi dans le
                quefois trop dures pour être saccharifiées  vinage des vins et la fabrication des eaux-
                par la diastase : on les traite alors par l’a­  de-vie. 100 kilogrammes de riz donnent, par
                cide. Avec ce mode de traitement, les ré­  ce procédé, 35 à 36 litres d’alcool. Les
                sidus ont moins de valeur que ceux qui pro­  seigles, les orges et les maïs donnent à peu
                viennent de la saccharification par le malt,   près le même rendement que lorsqu’on les
                mais il faut considérer aussi que l’opération  traite par le malt.
                est plus simple et exige moins de main-
                d’œuvre, la germination du grain, le tou­   La méthode que nous venons de décrire
               raillage et les infusions se trouvant suppri­  pour saccharifier le grain par l’acide sulfu­
               més. Enfin, il n’est pas nécessaire de réduire  rique est très-simple, mais elle est assez dis­
               les céréales en farine ; il suffit de les con­  pendieuse. MM. Colani, ancien professeur à
               casser.                                    l’Académie de Strasbourg, et Kruger, dis­
                  Le procédé de saccharification des céréales  tillateur à Niort, sont arrivés à un perfec­
               par les acides consiste, dans son ensemble, à  tionnement réel et pratique de cette méthode
               mettre les grains concassés dans une cuve  de saccharification.
               de bois, avec trois fois leur poids d’eau    Leur procédé consiste à opérer sous pres­
               contenant 6 pour 100 d’acide sulfurique  sion, dans un cylindre en cuivre, et à déter­
               à 60° ou 10° pour 100 d’acide chlorhydri­  miner d’une manière exacte le nombre de
               que à 22°. On fait passer, au moyen d’un  calories nécessaires à la saccharification de
               tuyau barbotteur, un courant de vapeur  chaque substance, en opérant à une pression
               à travers ce mélange. On fait durer qua­   de vapeur donnée et dans un laps de temps
               torze à quinze heures ce courant de vapeur,   déterminé.
               si l’on opère avec l’acide sulfurique, et    MM. Colani et Kruger sont ainsi arrivés
               neuf à dix heures seulement avec l’acide  à fixer le milieu de pression le plus favorable
               chlorhydrique. Sous l’influence de la cha­  au traitement de chaque espèce différente de
               leur, l’acide étendu transforme l’amidon  grains et d’autres matières. Lorsqu’on dé­
               d’abord en dextrine, puis en glucose, et l’on  passe ce milieu de pression, et par consé­
               obtient un sirop brunâtre, que l’on fait écou­  quent de chaleur, on produit la transfor­
               ler, au moyen d’un robinet, dans une cuve  mation du glucose en acide caramélique;
               de bois. Là, on sature l’acide libre avec de  si l’on opère à une pression inférieure à celle
               la craie, puis on ajoute de l’eau froide, de  indiquée, on perd le bénéfice du système,
               manière que le mélange acquière la densité  par la durée trop longue du travail et la dé­
               de 104 à 105, et que la température soit d’en­  pense trop forte de combustible.
               viron -j- 22°. On fait alors fermenter, au   Ils ont tour à tour traité les maïs, les
               moyen de la levùre de bière et des résidus  orges, les seigles, les blés, puis le foin, la
               de fermentations intérieures, avec les pré­  paille, le bois, etc., et ont ainsi obtenu des
               cautions que nous avons décrites pour la  résultats très-intéressants. Le foin, par
               fermentation du moût provenant du malt.   exemple, leur a donné 12 1/2 pour 100 d’al­
                 Nous représentons ici (figure 283), l’en­  cool. Mais ils se sont surtout appliqués au
               semble d’une distillerie de grains opérant  traitement industriel des maïs, et leur ren
               par les acides.                           dement est élevé jusqu’à 35 pour 100 d’al­
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