Page 513 - Merveilles Industrie Tome 4
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L'ALCOOL ET LA DISTILLATION. 507
A la fin de la journée, on remplit ces deux que l’on clôt hermétiquement à leur partie
cuves; la fermentation continue pendant la supérieure.
nuit, et elle est terminée vingt-quatre heures Pour extraire de l'alcool de ces tranches,
après. Alors, l’une des cuves est de nouveau on fait arriver, dans le cylindre ainsi monté,
divisée en deux, et ainsi de suite. un courant de vapeur d’eau, que l’on entre
tient pendant trois quarts d’heure. La va
Le système Kessler n’est qu’une modifica peur entraîne l’alcool à l’état de vapeurs, et
ces vapeurs, dirigées dans un serpentin, se
tion du système Champonnois que nous ve
condensent à l’état liquide.
nons de décrire. Au lieu de diviser la bet
Le liquide des cuves à fermentation reste
terave en tranches, on la râpe, et pendant le
le môme pendant toute la durée de la cam
râpage, on arrose la pulpe avec un filet d’eau
acidulée par l’acide sulfurique. Cette pulpe pagne. 11 sert à faire fermenter les charges
successives de cossettes de betteraves; il suf
acidulée est ensuite placée sur un châssis de
fit d’ajouter à chaque nouvelle charge un
toile, et on y verse les vinasses qui sortent de
peu d’acide sulfurique et de levûre de bière.
l’alambic. Les vinasses chaudes dissolvent
le principe sucré de la betterave. On arrête
« L’ingénieux procédé de M. Leplay, dit M. Girar-
l’aspersion lorsque le liquide marque 1/2 din, dans ses Leçons de chimie Élémentaire (1), consti
à 1° à l’aréomètre de Baumé, et on conduit tue à tous égards une innovation précieuse pour l’agri
le liquide filtré dans les cuves à fermenta culture ; il rend l’extraction de l’alcool plus pratique
et plus facile pour ceux qui ne sont ni chimistes ni
tion. industriels expérimentés. Il supprime l’emploi des
Le système Leplay diffère complètement alambics ordinaires pour la distillation, appareils
des deux précédents. Il consiste à traiter les assez difficiles à conduire et qui exigent des ouvriers
intelligents, tandis que les cylindres de Leplay ne
betteraves par la vapeur d’eau, pour en dis
demandent que des ouvriers ordinaires. »
soudre les principes solubles.
On coupe la betterave en rondelles, qu’on La pulpe qui reste après cette opération,
immerge dans de l’eau acidulée par l’a peut servir à la nourriture des bestiaux. On
cide sulfurique et additionnée de levûre peut la conserver dans des silos, après l’a
de bière. Les cuves ont 40 à 50 hectolitres voir égouttée.
de capacité, et reçoivent les deux tiers d’eau
et un tiers de leur contenance en tranches M. Désiré Savalle a combiné un montage
ou cossettes de betteraves. Au moyen d’un de distillerie agricole fonctionnant par ma
tuyau, on introduit dans chaque cuve le cération, dans lequel toutes les opérations
courant de vapeur d’un générateur, qui s’exécutent d’une manière automatique.
échauffe le liquide de ces cuves à la tempé La betterave se rend mécaniquement dans
rature de 18° environ. La fermentation le coupe-racines , et tombe de là, naturelle
s’établit bientôt. Elle devient très-éner ment, dans chaque macérateur.
gique, et, au bout d’une demi-journée, tout Nous donnons (fig. 277) le plan d’en
le sucre s’est changé en alcool et en acide semble de cette installation.
carbonique, dans les tranches mèmès de Les betteraves, sortant du laveur, sont
betteraves. élevées, au moyen de la courroie en caout
On retire des cuves, au moyen de filets chouc, D, dans une rigole qui communique
ou de paniers, ces tranches chargées d’al à l’entonnoir des coupe-racines, E. Réduites
cool, et on les place sur des diaphragmes en cossettes, elles tombent naturellement
percés de trous, que l’on superpose, au nom
bre de dix à onze, dans des cylindres de tôle (1) Tome III, page 519, 5e édition. Paris, 1873.