Page 518 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 518

512                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                 son poids de farine d’orge, de seigle on de fro­  levûre de bière, et, une fois qu’elle est en
                 ment, et après avoir délayé le mélange dans  train, on l’entretient par l’addition de vi­
                 une certaine quantité d’eau, on le porte à la   nasses anciennes, en ayant le soin de rejeter
                 température de -j- 60 ou + 70”. On provo­  dans la cuve la mousse qui est engendrée
                 que ainsi rapidement la transformation de   par la fermentation même.
                 l’amidon en sucre, qui se dissout dans      On couvre les cuves jusqu'au moment où
                 l’eau.                                    la fermentation est bien établie; alors on les
                   Les proportions de matière à employer et  découvre, pour éviter une trop grande élé­
                le mode opératoire sont les suivants. Pour  vation de température. Si la fermentation
                25 kilogrammes de malt, ou orge germée et  se ralentit, on couvre de nouveau la cuve,
                touraillée, on prend 75 kilogrammes de  pour prévenir son refroidissement.
                grains d’orge, de seigle ou de blé, réduits   La fermentation étant terminée, ce qui
                à l’état de farine. Le mélange est délayé   exige environ quarante-huit heures, on dis­
                dans 100 litres d’eau à + 40°, puis, en y  tille le liquide, pour en retirer l’alcool.
                ajoutant 3 à 4 hectolitres d’eau bouillante,   On admet que 100 kilogrammes de blé
                et agitant toujours la masse, on porte le tout  peuvent produire 56 à 58 litres d’alcool
                à la température de 50 à -|- 55°. Quand  à 50° centésimaux, le seigle 55 à 56 litres,
                la température est parvenue à -j- 55”, on  l’orge de 48 à 52 litres. On a construit des
                agite encore pendant cinq minutes. Alors  tables pour indiquer les proportions d’alcool
                un couvre la cuve et on abandonne le mé­   que doivent contenir les moûts d’une den­
                lange à lui-même, pendant trois à quatre  sité donnée.
                heures. La diastase contenue dans le malt    Les marcs retirés de la chaudière servent
                saccharifie l’amidon des grains, et le trans­  à la nourriture des bestiaux, quand on les a
                forme en glucose et endextrine. Le mélange,   mélangés avec de la paille et du foin hachés.
                4’abord blanchâtre, mucilagineux et d’un
                goût farineux, devient transparent, de cou­  Nous donnons dans les figures 279, 280,
                leur ambrée, d’un goût sucré et d’une odeur  281, le plan d’une usine installée pour la
                qui rappelle celle du pain frais.         distillation des grains par le malt.
                  La transformation de l’amidon des cé­
                réales en sucre étant ainsi terminée, on re­  Nous ferons connaître, à propos de la fa­
                froidit le moût, et on le ramène à la tem­  brication de l’eau-de-vie de grains, une dis­
                pérature convenable pour la fermentation.   tillerie de grains récemment établie dans
                Ce rafraîchissement se fait soit par l'addition  les environs de Paris, et qui présente le
                d’eau très-froide, soit par le passage du li­  double intérêt, au point de vue industriel,
                quide chaud sur des bacs refroidisseurs, sem­  de la fabrication de l’eau-de-vie de grains et
                blables à ceux des brasseries.            de celle de la levûre. Nous voulons parler
                  Le moût, c’est-à-dire le liquide provenant  de la distillerie du baron Max-Springer
                de la saccharification du grain, est mis en  à Maisons-Alfort.
                fermentation par la levûre de bière. Mais la   Propriétaire d’une grande distillerie de
                levûre étant assez chère, on a intérêt à en   grains près de Vienne (Autriche), M. Max-
                réduire autant que possible la quantité. C’est   Springer avait fait expédier de Vienne a
                pour cela que l’on mélange souvent le     Paris, delà levûre, pour la boulangerie pa­
                moût avec les vinasses des opérations pré­  risienne. Mais le coût du transport et la du­
                cédentes. Le plus souvent, on commence  rée avaient rendu cette opération imprati­
                à provoquer la fermentation au moyen de   cable.
   513   514   515   516   517   518   519   520   521   522   523