Page 488 - Merveilles Industrie Tome 4
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                et par conséquent d’alcool. Ce marc est vendu   cesse d'être alcoolique, on arrête le feu, on
                aux distillateurs, qui en retirent l’alcool.  vide le marc épuisé par le trou d’homme B,
                  La masse considérable de la matière à  on introduit de nouvelle eau entre les deux
                distiller et le peu de matière alcoolique   fonds, on recharge la chaudière avec du
                qu’elle renferme, rendraient difficile l’em­  nouveau marc, et l’on recommence la dis­
                ploi des alambics perfectionnés qui servent  tillation.
                à la distillation des vins : il faudrait agran­
                dir singulièrement les dimensions des chau­  Malgré les perfectionnements que l’on a
                dières et modifier l’ensemble de l’appareil.   essayé d’apporter à la distillation des marcs
                On se contente donc, pour distiller les   de raisin, l’alcool provenant de cette source
                marcs, de l’alambic simple, que l'on munit  est toujours de mauvais goût, et ne peut
                d’un double fond, pour ne pas brûler les   servir à composer des boissons alcooliques.
                rafles par le contact des parois chaudes du   C’est qu’il existe dans les pépins du raisin
                métal.                                    un alcool particulier, Valcool amylique, très-
                  La figure 264 représente l’appareil géné­  âcre et de mauvais goût, et, en outre, une
                ralement en usage, chez les distillateurs,   huile essentielle. Par leur âcreté, ces pro­
                pour l'extraction de l’alcool des marcs de   duits donnent toujours une saveur détesta­
                raisin. La chaudière A. en cuivre, est pour­  ble au trois-six de marc. Si l’on a la pré­
                vue d’un double fond, sur lequel repose  caution de fractionner les produits de la
                le marc. On remplit d’eau l’intervalle entre  distillation, c’est-à-dire de recueillir à part
                le fond et le faux fond, et l’on introduit le  les liquides condensés à chaque période
                marc par le trou d’homme, T, que l’on ferme  d’une même opération, on obtient des al­
                ensuite par des boulons. La chaudière com­  cools de marc de moins mauvais goût ; mais
                munique par un tube, C, avec un réfrigé­  on ne parvient jamais à les débarrasser
                rant ordinaire. Le tube, C, qui conduit les  complètement de l’alcool amylique.
                vapeurs, au lieu d’être recourbé en forme    Un distillateur français, M. J. Brunet,
                de col de cygne, présente, au contraire, une   emploie une méthode particulière pour
                inclinaison, dont la pente est dirigée vers   extraire l’alcool du marc, sans entraîner
                la chaudière. De cette manière, les produits  l’alcool amylique. Il distille le marc dans
                les plus aqueux qui se sont condensés dans  un courant de vapeur d’eau.
                cette première partie, retombent dans la    On place le marc dans des paniers de
                chaudière.                                tôle percés de trous, et l’on fait descendre
                  Comme dans les réfrigérants ordinaires,   ces paniers, qui se poussent les uns les au­
                l’eau froide, venant d’un réservoir supé­  tres, dans une colonne verticale, en fonte.
                rieur, pénètre en suivant le tube GN, à la  On dirige alors, à travers cette colonne,
                partie inférieure du réfrigérant B qui con­  un courant de vapeur d'eau, fourni par un
                tient le serpentin, S. L’eau chaude, plus  générateur. La vapeur arrive par le bas,
                légère, s’élève à la partie supérieure, et  traverse les paniers percés de trous, emporte
                s’écoule constamment parle robinet G d’un  la vapeur d’alcool, et vient se condenser
                trop-plein. Le liquide alcoolique est re­  avec l’alcool, dans le serpentin. L’alcool du
                cueilli à l’extrémité du serpentin, dans le  vin étant plus volatil que l’alcool de marc
                vase, F, que l’on nomme vulgairement  (alcool amylique) est seul entraîné, à l’état de
                bassiot.                                  vapeurs, par le courant de vapeurs d’eau ;
                  Quand on reconnaît, au moyen de l’al­   l’alcool de marc reste dans le résidu.
                coomètre, que le produit de la distillation   M. Désiré Savalle a proposé une mé-
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