Page 48 - Merveilles Industrie Tome 4
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                       les farines employées étant de qualité infé- ;  avoir du levain frais, de l’échanger, en éche­
                       rieure, le mode de préparation et la qualité  lonnant ses échanges de manière à avoir à
                       de la matière concourent à rendre ce produit  coup sûr de la pâte du jour.
                       bien inférieur au pain des boulangers.       Dans les ménages, le pétrissage est ce
                         Pour rendre le pain de ménage aussi bon   qui laisse le moins à désirer. Il est cepen­
                       que celui que vend le boulanger, il faudrait  dant bien inférieur au pétrissage effectué
                       se rapprocher le plus possible des conditions  par les ouvriers boulangers des villes, qui
                       de la panification dans les boulangeries.  ont l’habitude et la vigueur qu’exige ce pé­
                         C’est surtout par le levain que pèche la  nible travail.
                       panification domestique. Or, le levain est la   Après le levain, la cuisson du pain est
                       grande affaire dans la panification. On a vu   ce qui laisse le plus à désirer dans les mé­
                       avec quel soin le boulanger des villes pro­  nages. Les fours des villages et des cam­
                       cède à sa préparation. Ces soins sont de  pagnes sont très-défectueux ; ils consomment
                       toute nécessité, car la blancheur, la sapidité  une grande quantité de combustible.
                       du pain ne tiennent, à égalité de farine,    Voici, d’une manière plus explicite et plus
                       qu’à la valeur du levain. Mais dans les mé­  détaillée, la manière dont il faudrait opérer
                       nages, le levain est l’élément auquel on  pour obtenir un très-bon pain de ménage.
                       pense le moins. On se borne à prélever, sur  D’abord, il faudrait n’employer que de la fa-
                       la pâte de la dernière fournée un mor­    ri ne de bonne qualité.Presque toujours le cul­
                       ceau, qui doit servir de levain à la fournée  tivateur ou le paysan se contente d’envoyer
                       suivante. Et comme une semaine au moins  au moulin le grain qu’il a récolté lui-même.
                       sépare chaque fournée, dans cet intervalle,   Ce grain moulu ompetit sac, c’est-à-dire sou­
                       que devient le levain? Il s’altère, s’aigrit,   mis à un blutage insuffisant, retient une
                       et comme il n’est jamais rafraîchi, il est  trop forte proportion de son. En outre, le
                       toujours acide et à demi pourri.          grain est souvent très-défectueux par sa
                         Le remède à apporter à ce défaut, serait  propre nature, et il n’a été soumis à aucun
                       de rafraîchir le levain trois ou quatre fois  nettoyage. La farine est donc de mauvaise
                       pendant la semaine qui sépare chaque four­  qualité. Le paysan ferait mieux de vendre
                       née. Il faudrait prendre un très-petit,levain,  son grain en sac et d’acheter une farine
                       le placer dans un endroit frais (et non dans  pure et bien blutée.
                       un lieu chaud, comme le font la plupart     Dans les ménages, ainsi que nous l’avons
                       des paysans, prenant ainsi les choses à l’en­  dit, la panification est réduite à sa plus
                       vers), et le rafraîchir tous les deux jours  grande simplicité. Point de levain de pre­
                       avec de l’eau et de la farine, en doublant  mière, de seconde ni de tout point; on n’em­
                       chaque fois son volume. C’est le seul moyen  ploie que le levain de chef, c’est-à-dire le
                       de ne pas avoir de levains pourris. On n’ob­  premier levain. La panification se réduit à
                       tiendrait pas encore le levain si actif et si  Vapprêt de la pâte, au pétrissage et à la
                       pur des boulangers des villes, mais on di­  cuisson.
                       minuerait ses défauts, et on aurait, par suite,   On commence par délayer le levain dans !
                       une fermentation plus active et un pain  la quantité approximative d’eau nécessaire
                       plus blanc, c’est-à-dire plus divisé par l’a­  pour la pâte entière ; on y ajoute le sel, et
                       cide carbonique.                          progressivement toute la farine destinée à
                         Un autre moyen d’avoir du levain jeune,   la fournée. On pétrit alors la pâte en l’éti­
                       le seul qui convienne à la panification,   rant en nappes, que l’on soulève, pour les]
                       serait de s’entendre avec les voisins pour  plaquer vigoureusement les unes sur les j
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