Page 472 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 472

466                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

              dociensse sont montrés oublieux envers quel­
              qu’un, c’est précisément envers un de leurs
              compatriotes, envers Isaac Bérard, qui, en             CHAPITRE VI
              inventant la colonne analvseuse, a véritable­
              ment créé l’appareil actuel pour la distilla­  LES PERFECTIONNEMENTS DE L’APPAREIL ADAM ET BÉRARD
              tion des vins. On s’apitoie sur le triste sort   CONDUISENT A LA CONSTRUCTION ACTUELLE DE L’APPA-
                                                          REIL A COLONNE ANALYSEUSE VERTICALE. — APPAREILS
              d’Édouard Adam, mourant à la peine, pen­
                                                          D’AUGUSTIN MÉNARD, ALÈGRE ET DE CARBONEL. —
              dant le cours de son exploitation, mais Isaac   CELLIER-BLUMENTHAL DISPOSE VERTICALEMENT LA CO­
              Bérard a-t-il été plus heureux? Il passa    LONNE ANALYSEUSE ET REND LA DISTILLATION CON­
                                                          TINUE. — DEROSNE ET CAIL MODIFIENT CET APPAREIL
              toute sa vie consumé par le feu de ses
                                                          ET L’APPLIQUENT A L’iNDUSTRIE GÉNÉRALE DE LA DIS­
              fourneaux , et mourut, comme Édouard        TILLATION. — LES APPAREILS DISTILLATOIRES EN ALLE­
              Adam, par l’excès des fatigues résultant de   MAGNE ET EN ANGLETERRE. — ÉTABLISSEMENT EN
              son ardeur au travail. Mais tandis que le nom   FRANCE DES DISTILLERIES AGRICOLES. — TRAVAUX DE
                                                          DL'BRUNFAUT, CIIAMPONNOIS, ETC.
              d'Édouard Adam est entouré de toutes sortes
              d'hommages publics, celui d’Isaac Bérard
              est aujourd’hui entièrement inconnu. Il n’est   \dappareil d’Isaac Bérard, qui renfer­
              inscrit que dans quelques ouvrages spéciaux,   mait la colonne analyseuse, donnait la so­
              etsiM. Girardinle cite une fois, dans sa 7?m-   lution générale du problème de la distilla
              yraphie d’Édouard Adam, c’est pour y acco­  tion des vins. C’est, en effet, en modifiant
              ler l’épithète de contrefacteur. Heureuse­  la colonne analyseuse de Bérard, que l’on
              ment , l’arrêt d’un tribunal et l’histoire   est arrivé à l’appareil actuel, c’est-à-dire à
              impartiale rendront justice à chacun, et   la colonne analyseuse verticale.
              l’estime publique placera au même titre,    Le plus ancien des appareils à colonne
              au même rang, les deux hommes dont les  construits sur le même principe que celui
              inventions réunies, perfectionnées ensuite   de Bérard, est l’appareil distillatoire d’Au­
              par d’autres inventeurs, ont fini par créer   gustin Ménard. Mais il faut se hâter de dire
              le superbe et imposant appareil qui sert au­  qu’Augustin Ménard n’avait fait que réunir
              jourd’hui dans le monde entier à la distilla­  les deux appareils d’Édouard Adam et d’I­
              tion prompte et économique des vins et des  saac Bérard.
              autres liquides alcooliques.                Augustin Ménard était un pharmacien de
                Nous demanderons, en terminant, s’il ne   Lunel (Hérault), ville située à quelques ki­
              serait pasjuste, puisque la reconnaissance pu­  lomètres du Grand-Gallargues.
              blique a consacré par une statue s’élevant   Voici les dispositions de son appareil, qui
              sur une des places de la ville de Montpellier,   ne fut jamais breveté, en raison de sa trop
              la gloire de l’inventeur rouennais, de rendre  évidente ressemblance avec ceux d’Adam et
              quelque hommage au distillateur languedo­  de Bérard.
              cien qui a tant perfectionné l’œuvre du pre­  La chaudière communiquait, par un tube,
              mier inventeur. Un buste, un monument,    avec un large cylindre reposant sur un mas-
              tant modes’.e lut-il, élevé à Montpellier, à Nî­  sif de maçonnerie et contenant ce que Mé
              mes ou au Grand-Gallargues, son village  nard appelait, comme Solimani, alcoyène ou
              natal, serait-il un hommage excessif pour  condensateur. Plongé dans une bâche pleine
              Isaac Bérard ? C’est une question que je pose,   d’eau, ce condensateur était divisé, à l’inté­
              comme Languedocien, à mes compatriotes.   rieur, en huit cases, par sept diaphragmes en
                                                        cuivre, séparés de manière à donner à la
                                                        première et à la huitième une dimension
   467   468   469   470   471   472   473   474   475   476   477