Page 470 - Merveilles Industrie Tome 4
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                  différents constructeurs, parleurs essais, par  résuma tous ces systèmes dans un harmo­
                  leurs longs tâtonnements et les dépenses  nieux ensemble. 11 est donc souverainement
                  considérables qu’ont exigées leurs recher­  illogique et injuste d’attribuer à Édouard
                  ches, ont fini par porter l’appareil pour la  Adam la paternité de toutes les inventions
                  distillation des vins à un degré extraordi­ I rassemblées dans l’appareil Derosne et Cail.
                  naire de perfection. L’appareil Derosne et  . Nous espérons que dans une autre édition de
                  Cail est le dernier terme et le résultat de  son ouvrage , M. Girardin voudra bien don­
                  cet ensemble de recherches. Donner le     ner à ses lecteurs le dessin exact de l’appareil
                  dessin de l’alambic Derosne et Cail, en l’ap­  d’Edouard Adam, et rendre à Bérard ce qui
                  pelant : « Appareil d’Adam, plus ou moins  appartient à Bérard. On verra alors s’il est
                  modifié dans quelques-unes de ses parties, sui­  permis d’établir le moindre rapprochement
                  vant les localités, » c’est absolument comme   entre les œufs de cuivre d’Édouard Adam et
                  si l’on donnait, dans un ouvrage, le dessin  la colonne distillatoire de Derosne et Cail.
                  de la locomotive actuelle, en l’intitulant :   Dans sa Biographie d’Edouard Adam,
                  « Machine à vapeur de Denis Papin, plus ou  M. Girardin élève des reproches fort in­
                  moins modifiée dans quelques-unes de ses  justes contre les populations du midi de la
                  parties, selon le temps et les lieux. » En   France, qu’il accuse d’avoir fait à son com­
                  omettant ainsi les noms des inventeurs qui  patriote un très-mauvais accueil, de l’avoir
                  ont perfectionné la machine à vapeur de­  repoussé et presque traqué comme un en­
                  puis Papin jusqu’à nos jours, en suppri­  nemi du pays.
                  mant d’un trait de plume les noms et les
                                                              « On voit, ditM. Girardin, un étranger, un homme
                  travaux de Savery, de Newcomen, de James
                                                            de savoir et de bonne foi, se débattre en vain contre,
                  Watt, d’Olivier Evans, de Stephenson, etc.,   une ligue puissante, qui veut le dépouiller de ce
                  etc., on commettrait la même inexactitude   qu'il a trouvé à force de persévérance et de soins.
                  que commet M. Girardin en supprimant les   Ses adversaires cherchent à faire de leur cause m c
                                                            affaire nationale, en dénonçant l'homme de Rom n
                  noms de Cellier-Blumenthal,dcDubrunfaut,
                                                            à toutes les populations du Midi, comme voulant
                  de Derosne et Cail, etc., pour faire honneur   monopoliser la fabrication des esprits et des eaux-
                  au seul Edouard Adam du riche tribut des   de-vie, afin de mettre sous sa dépendance les pro­
                                                            priétaires de vignobles, les négociants, et d’anéan­
                  inventions de ses successeurs. La vérité est
                                                            tir les petites fabriques qui, dans ces contrées, don­
                  que le premier appareil d’Edouard Adam,   nent à vivre à plus de dix mille familles. Et après
                  ce que nous avons appelé Fappareil d’essai,   l’avoir représenté comme un ennemi dangereux pour
                                                            le pays qui l’a reçu, on le signale comme un igno­
                 qui fut construit en 1801, était une ma­
                                                            rant plagiaire, qui a puisé l'idée de toutes ses pré­
                 chine informe et grossière. C’était tout sim­  tendues inventions dans les vieux auteurs qui ont
                  plement l’appareil de Woolf, exécuté en   écrit sur la distillation. Partout, dans les phas< s
                 cuivre. Le second appareil qu’il fit bre­  différentes de cette lutte animée [on aperçoit une
                                                            partialité révoltante contre le pauvre Adam. Sa vie
                 veter en 1805, était un véritable et bon ap­  estplusieurs fois menacée. Un appareil, dont la con­
                 pareil distillatoire, qui introduisait une idée   fiscation lui a été adjugée, est enlevé, malgré les
                 nouvelle dans l’industrie : l’application du   garde-scellés par une troupe d’hommes armés et
                                                            masqués. Un prévenu est soustrait à la force publi­
                 système de Woolf à la distillation. Mais ce
                                                            que, que le peuple insulte. Et, quand un contrefac­
                 n’était là qu’une partie de la question. Bé-   teur a été convaincu, c’est à 24 francs que le juge
                 rard vint apporter le grand principe de    de paix borne les dommages et intérêts dus à Adam,
                                                            enlecondamnant, lui, à supporter 1,700à 1,800 francs
                  la colonne analyseuse, et après lui, Cellier-
                                                            de frais ! »
                  Blumenthal le principe de la distillation
                  continue, qui avait manqué jusque-là à tous   Ces accusations contre les habitants du
                 les systèmes. L’appareil de Derosne et Cail   bas Languedoc sont fort déplacées. Voila un
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