Page 466 - Merveilles Industrie Tome 4
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              des Ternes, adressèrent à la Société philoma­  était à la tête de l’ancienne société financière
              tique un rapport qui établit la haute opinion  d’Edouard Adam,dirigea la nouvelle société.
              des savants commissaires sur l’invention de   Il perçut les sommes résultant de la vente
              Bérard.                                   des appareils aux distillateurs ou de la ces­
                Les commissaires de la Société philoma­  sion des licences.
              tique décrivent dans tous les détails une   Son association avec les héritiers d’É­
              expérience que Bérard exécuta sous leurs  douard Adam n’empêcha pas Isaac Bérard
              yeux, avec du vin blanc de Touraine.      de continuer ses recherches ayant pour objet
                Bérard chargea la chaudière de 10 veltes  le perfectionnement de l’art du distillateur
              de ce vin, et il en retira successivement et à  de vins. Il fit construire ou breveter un assez
              volonté de l’eau-de-vie preuve de Hollande, |  grand nombre de dispositions d’appareils
              du trois-cinq, du trois-six, etc., etc. Ces di- !  qui donnaient une grande économie de com­
              vers produits mêlés fournirent une velte et  bustible, ou qui rendaient plus efficace le
              un sept-huitième d’une eau-de-vie preuve j  jeu de son cylindre analyseur des vapeurs.
              de Hollande.                              On a de lui des brevets d’invention et de per­
                Par une seconde distillation, il convertit   fectionnement pris en 1806, 1807, 1813,
              presque tout le premier produit, en alcool   1814 et 1816.
              trois-huit, qui est le plus fort degré de con­  Nous mettrons sous les yeux du lecteur le
              centration du commerce.                   dernier de ces appareils, celui qui fut bre­
                Ces deux opérations furent terminées en  veté en 1816, et dont nous avons sous les
              moins de deux heures.                     yeux un dessin de la main de son petit-fils,
                Les rapporteurs concluent en ces fermes :  M. J. Duval, en ce moment élève à l'Ecole
                                                        polytechnique.
               « Nous concluons d’après l’examen de l’appareil   On remarque dans cet appareil l'emploi
              de M. Isaac Bérard et d’après les résultats qu’il a ,   de deux chaudières pleines de vin (A et B),
              produits sous nos yeux, que ce procédé distillatoire j
              réunit tous les avantages qu’on peut désirer, soit :  disposition qui fut adoptée plus tard par les
              pour la sûreté dans le travail, soit pourlafacilité dans   constructeurs, en particulier par Cellier-
              la manifestation, soit pour la bonté des produits, soit   Blumenthal, Laugier, Dubrunfaut, etc., et
              enfin pour sa célérité dans l’opération ; et que cette
              découverte ne peut qu’être très-avantageuse à l’in- j   qui n’a été abandonnée que depuis les nou­
              dustrie et au commerce français.          veaux appareils de M. Désiré Savalle, où l'on
               « Nous déclarons, en outre, que ce procédé est   ne fait usage que d’une seule chaudière, en
              absolument neuf, et fait honneur à M. Bérard, son
              auteur. »                                 donnant un grand développement au reste
                                                        des organes condensateurs des vapeurs.
                En présence de tous ces témoignages,      Les vapeurs du vin provenant de la pre­
              l’issue du nouveau procès ne pouvait être  mière chaudière A, passent par le tube in­
              douteuse.                                 fléchi DC, dans la deuxième chaudière, B,
                N’ayant pu réussir à triompher de leur  superposée à la première. Le vin de cette
              adversaire, les frères Adam prirent le parti I  chaudière entre en ébullition, et les vapeurs
              de s’associer avec lui. L’accord définitif  pénètrent par le tube E, dans un premier
             s’étant fait, un acte général fut dressé, en  cylindre à diaphragmes métalliques, M,
              1811, portant que tous les auteurs brevetés  plongé dans une bâche pleine d’eau froide
              d’appareils pour la distillation des vins,  Ap rès avoir traversé successivement toutes
              c’est-à-dire les frères Adam, Isaac Bérard et  les cases du premier cylindre analyseur, M,
              Solimani, réuniraient leurs brevets pour une  les vapeurs passent par le tube P dans le
              association commune. Durand-Palerme, q i I  second cylindre analyseur, N, puis par le
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