Page 461 - Merveilles Industrie Tome 4
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L’ALCOOL ET LA DISTILLATION.                              455

         métalliques. Les mêmes lettres qui ont servi   seconde analyse. Celles qui sont plus volatiles rem­
         à sa description dans la figure 251, indiquent   plissent la partie supérieure du chapiteau, se ren­
                                                    dent par le tuyau D dans le tuyau F, et de là dans
         les mêmes pièces. On voit ici de quelle ma­
                                                    le condensateur, dont elles parcourent les treize
         nière sont ajustés les trois cylindres, qui sont   cases. Dans chacune de ces cases les vapeurs sont
         divisés en treize cases par douze diaphrag­  comprimées ; il s’y fait une analyse, les phlegmes se.
                                                    condensent, se ramassent sur la partie inférieure
         mes. Ces trois tubes ne sont pas placés sur
                                                    du cylindre, et se rendent de case en case, par le
         le même plan ; la partie F est plus élevée   trou semi-circulaire de chacune, dans le tuyau U,
         que l’extrémité G du premier cylindre ; la   qui les porte sans interruption dans la chaudière,
                                                   pour y être distillées de nouveau.
         partie G du second cylindre est plus élevée
                                                     « Pendant que les phlegmes suivent cette route, les
         que la partie II, et cette partie H plus élevée   vapeurs alcooliques en suivent une adtre. Elles par­
         que la partie E, afin que l’écoulement des   courent, comme plus légères, les parties supérieures
         phlegmes se fasse continuellement dans la   des treize cases, et se rendent, par le tuyau L, dans
                                                   le premier serpertin contenu dans la cuve 0. Lors­
         chaudière, par le tube U :
                                                   qu’elles sortent du condensateur, l’analyse est ter­
           Voici maintenant comment s’opérait la   minée, et les vapeurs alcooliques sont déphlegmées
         distillation à l’aide de cette machine. Nous   autant qu’elles peuvent l’être dans cet appareil. Il
                                                   ne reste plus qu’à les rendre à l’état liquide, en les
         laisserons parler l’auteur de Y Art du distil­
                                                   privant du calorique surabondant, ce qui s’opère,
         lateur, Séb. Lenormand :                  dans les deux réfrigérants, par les moyens connus.
                                                   La liqueur est reçue dans le bassiot Q, et de là por­
           « Quand on chauffe, dit Lenormand, le vin con­  tée dans les futailles.
         tenu dans la chaudière A, les vapeurs s’élevant du   « Les vapeurs, en s’élevant de la cucurbite, ren­
         liquide en ébullition, trouvent un diaphragme aa,   contrent le petit diaphragme, qui, leur opposant une
         qui,s’opposant à leur ascension, les comprime et les   résistance, les oblige de comprimer le liquide, et
         dispose à une première analyse. Ces vapeurs ren­  cette compression lui permet d’acquérir un plus
         contrent des tuyaux condensatoires qu’elles enfilent;   grand dégré de chaleur. En passant dans les tuyaux
         mais elles sont forcées, par le fond de la boîte qui   condensatoires, elles y rencontrent des surfaces
         recouvre cës tuyaux, de redescendre pour passer   moins chaudes qu’elles, et y déposent une partie de
         par-dessous les bords inférieurs. Tous ces obtacles   leur calorique. Les parties les plus aqueuses s’y con­
         déterminent la première analyse ; la partie la plus   densent, les plus volatiles s’élèvent, remplissent l'es­
         aqueuse se condense et s’accumule sur le diaphragme,   pace contenu entre les deux diaphragmes, s’y accu­
         jusqu’à ce qu’il y en ait en assez grande quantité   mulent et s’y compriment. Après s’y être accumulées
         pour qu’ils passent par les trous E du tube de   en assez grande quantité, pour vaincre la résistance
         sûreté, afin de retomber dans la chaudière.  qu’oppose le liquide contenu sur la partie supé­
           « Lorsqu’il s’est accumulé une assez grande quan­  rieure de ce diaphragme, elles passent par le tuyau
         tité de phlegmes sur le diaphragme pour que les   condensatoire, et trouvent encore des surfaces moins
         bords inférieurs de la boîte soient couverts, alors   chaudes qu’elles ; une partie s’y condense, tandis
         les vapeurs sont obligées, pour sortir, de traverser   que les vapeurs les plus volatiles se rendent dans
         le liquide, et la compression des vapeurs inférieures   le condensateur, et, de case en case, rencontrant
         augmente en proportion de l’élévation du liquide,   toujours des surfaces plus froides qu’elles, elles dé­
         ce qui contribue encore à une plus grande rectifica­  posent dans chacune une partie de leur calorique,
         tion. On peut placer sur ce diaphragme autant de   et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elles aient déposé
         tuyaux condensatoires que l’espace peut le permettre.   tout le calorique qui les élevait au-dessus de 80°.
         Bérard en place trois.                    Alors la partie de ces vapeurs qui se condense au-
           « Un seul tube de sûreté suffit, quel que soit le   dessous de 80° devient liquide et s’écoule dans la
         nombre des tuyaux condensatoires; ou pourrait   chaudière par la route qui lui est tracée et que nous
         seulement avoir la précaution de le faire un peu   avons déjà indiquée. La partie la plus volatile qui ne
         plus gros, dans le cas où l’on craindrait qu’il ne   s’est pas condensée gagne de nouvelles cases et se
         put suffire à débarrasser cette partie des phleg­  débarrasse à chaque pas des phlegmes surabondants,
         mes qui s’y accumuleraient en trop grande quan­  jusqu’à ce qu’enfin, se rendant dans le serpentin,
         tité.                                     elle s’y condense entièrement et se réduit en liquide,
           « Les vapeurs qui, après cette première analyse,   qui coule par l’extrémité du second serpentin, de
         s’élèvent dans le chapiteau, rencontrent un second   manière que cet alcool est d’autant plus pur, qu’on
         diaphragme, qui les comprime de nouveau; elles   a fait parcourir à la vapeur un plus grand nombre
         passent par le tuyau condensatoire et éprouvent une   de cases.
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