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450 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
son propre génie, qui venait de résoudre fera, plus l’esprit sera fort de titre. Chaque chambre
un problème d’une portée économique im est séparée par une platine diagonalement placée,
ayant deux ouvertures ; colle qui est à la partie supé
mense et qui, depuis un siècle, occupait les
rieure est deux fois plus grande que celle qui est à
plus éminents industriels ou savants. Il lui la partie inférieure.
avait fallu treize ans de recherches, de tâ « Les deux robinets adaptés à l’appareil de rectifi
cation sont faits à trois eaux, mot de mon invention,
tonnements, de dépenses ; il avait dû s’en
de manière que, lorsqu’on établit la communication
velopper, pendant ce long intervalle, du avec un tuyau, il la ferme à l’autre.
secret le plus rigoureux ; il venait de jouer « Le bras du chapiteau de la chaudière commu
sa vie dans une expérience sans précédent, nique avec le tube M, au bout duquel estun robinet G
où est adapté le tuyau II, I communiquant avec les
mais le brillant résultat qu’il avait obtenu, deux cylindres.
dans cette nuit mémorable, le récompen « Le tuyau M s’adapte au serpentin N. Il y a aussi
sait largement de ses fatigues. le tuyau L, qui correspond au tuyau M, duquel on
dira l’utilité ci-après.
L’appareil d’Édouard Adam était un véri
« La chaudière étant remplie de vin, le fourneau
table monument, dont la construction ab étant allumé et le distillateur voulant faire de l’eau-
sorbait des sommes énormes, car le pre de-vie preuve de Hollande, tourne le robinet C, de
mier modèle, le grand appareil ne coûtait manière à intercepter la communication avec le cy
lindre E. La vapeur passe immédiatement dans le
pas moins, comme nous l’avons dit, de tuyau M, dans le serpentin N, S, et tombe en preuve de
trente mille francs. A ce point de vue, Hollande dans le récipient R qui est au bas et devant
Edouard Adam avait mis un véritable mo le réfrigérant. Mais lorsque l’eau-de-vie commence à
s’affaiblir, c’est-à-dire lorsqu’on n’obtient que ce
nopole aux mains des sociétés financières
qu’en distillation on appelle vulgairement repasse,
qui pouvaient seules exploiter la fabrica le distillateur tourne le robinet C, pour établir la
tion des trois-six. L’appareil d’Isaac Bérard, communication par le tuyau I), avec le cylindre E, la
vapeur entre dans la première ehatnbre et communique
d’une simplicité qui tenait du prodige, ne
devait pas coûter plus de 350 francs, et s’a
dapter à toute chaudière. 11 devait, par le
fait, renverser le monopole créé à son profit
par la compagnie d’Edouard Adam, et,
comme nous le dirions aujourd’hui, démo
cratiser l’industrie des alcools.
C’est, en effet, ce qui ne manqua pas d’ar
river. Isaac Bérard ayant fait breveter son
appareil en 1805, la plupart des fabricants
Fig. 249. — Détail du cylindre à platines métalliques
d’eaux-de-vie s’empressèrent d’adopter sa d’Isaac Bérard.
colonne analyseuse, et les appareils d’É
successivement aux autres par le trou supérieur de
douard Adam reçurent un coup terrible de chaque platine.
cette découverte imprévue. « La platine de séparation des deux chambres où
est la lettre G n’ayant point d’ouverture supérieure,
Il est indispensable, avant d aller plus
ce n’est que par le robinet G, que la communication
loin, de décrire l’appareil d’Isaac Bérard, entre les deux cylindres s’établit par le tuyau H I,
en l’accompagnant (fig. 250) du dessin de dont on se sert pour mieux rectifier la repasse. I.t»
l’appareil. Voici le texte du brevet pris par partie la plus grossière de l’appareil, qu’on appelle
phlegme, tombe au fond de chaque chambre etvient
l’inventeur : communiquer au tuyau O. On dira ci après l’utilité
de ce tuyau et ce que devient le phlegme.
« L’appareil, en forme oblongue, est composé de « La vapeur arrivée à la dernière chambre du
deux gros cylindres placés parallèlement, dont cha cylindre J entre dans le tuyau L, puis dans le
cun est divisé intérieurement en six pièces ou cham tuyau M, passe au serpentin N, et tombe en preuve
bres : on peut en faire plus ou moins. Plus on en de Hollande. C’est dans cette seule opération de