Page 458 - Merveilles Industrie Tome 4
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              que furent construits les cylindres analy­  1 autre côté de. l’appareil. A la jonction de ces petits
                                                        tuyaux avec le grand, sont placés deux robinets à
              seurs à diaphragmes, ou plaques métalliques
                                                        trois ouvertures, extrêmement ingénieux, et que
              qu’il fabriquait pour les brûleurs de vin du   nous ferons connaître plus bas en détail.
              bas Languedoc.                              « A l’aide de ces robinets on établit la communi­
                Nous emprunterons à l'ouvrage d'un con­  cation, soit avec la totalité des cases, soit avec une
                                                        partie seulement, el l'on détermine par là la force
              temporain, F Art du distillateur, par Seb.
                                                        plus ou moins grande de la liqueur, à volonté.
              Lenormand, la description de l'appareil     « Le condensateur est totalement immergé dans
              distillatoire d’Isaac Bérard, que représente   l’eau, que l’on entretient graduellement à quarante
                                                        degrés de chaleur. Cet appareil est placé presque
              la figure 251.
                                                        horizontalement dans une baie, et n’a, dans sa tota­
                                                        lité, que l’inclinaison suffisante pour que les phlegmes
                « L’appareil d’Isaac Bérard. dit Lenormand, est   qui se condensent dans les cases puissent s’écouler
              très-simple, peu dispendieux, et par conséquent à   dans la chaudière au fur et à mesure qu’ils se for­
              la portée de tous les distillateurs. La chaudière est   ment. A la dernière case de l’appareil est soudé un
              la même que celle dont on se servait dans les an­  tube qui porte les derniers produits de la distillation
              ciennes brùl eries, c’est-à-dire avant la découverte   dans un serpentin plongé dans une cuve remplie de
              d’Adam. Le serpentin est double, comme celui d’A­  vin, comme dans le procédé d’Adam, et de celui-ci
              dam, c’est-à-dire l’un supérieur, plongé dans une   dans un serpentin plongé dans une cuve pleine
              cuve pleine de vin, et l’autre inférieur, plongé dans   d’eau, ou réfrigérant; c’est ce serpentin que nous
              une cuve pleine d’eau. L’un et l’autre ont puisé,   appelons le condenseur.
              dans la même source, les ouvrages du comte de   « A cet appareil, infiniment ingénieux, Bérard a
              Ilumford.                                 ajouté un perfectionnement qui étonne par sa sim­
                « Le vase intermédiaire, le condensateur, est une   plicité et par les résultats avantageux qu’il en retire.
              découverte qui mérite les plus grands éloges à son   Pleinement convaincu par les bons effets que pro­
              inventeur. Ce condensateur est formé par la réu­  curait son condensateur, que lorsque les vapeurs
              nion de trois cylindres de quinze centimètres cha­  rencontrent quelque obstacle dans leur route, la
              cun de diamètre, dont deux ont un mètre de   partie la plus aqueuse se condense avec la plus spi
              longueur chacun, et le troisième seulement cin­  ritueuse, et qu’il se détermine alors, à l’aide d’un
              quante centimètres. Ce dernier cylindre réunit les   degré de calorique suffisant, une véritable analyse
              deux autres à angle droit, et ils forment ensemble   de ces vapeurs, Bérard intercepta le passage de<y
              les trois côtés d’un parallélogramme d'un mètre de   vapeurs de la cucurbite dans la partie supérieure du
              long sur cinquante centimètres de large. Les deux   chapiteau, par un diaphragme en cuiv.e étamé,
              extrémités de cet assemblage sont hermétiquement   soudé au chapiteau dans le sens horizontal. Ce dia­
              fermées, à l’exception de deux issues que nous fe­  phragme est percé dans son milieu d’un trou de
              rons connaître plus bas, et qui établissent la com­  cinq centimètres de diamètre, auquel est adapté un
              munication du condensateur, soit avec la chau­  tuyau de même grosseur, et de quinze centimètres
              dière , soit avec le serpentin supérieur.  de longueur. Ce tuyau est recouvert parun cylindre
                « L’intérieur de ces trois cylindres réunis, que l’on   de même longueur que le tuyau, mais de sept cen­
              ne doit considérer que comme un seul et même   timètres de diamètre, de manière qu’il y ait une dis­
              vase, est divisé en treize cases, par douze diaphrag­  tance d’un centimètre entre son fond et l’extrémité
              mes en cuivre élamé. Chacun de ces diaphragmes   du tuyau qu’il recouvre, et par conséquent son extré­
              porte un trou rond dans sa partie latérale, et un   mité inférieure se trouve suspendue à un centimètre
              trou semi-circulaire dans sa partie inférieure. Le   du diaphragme. Les vapeurs qui s’élèvent dans le
              trou rond sert à donner passage aux vapeurs qui   chapiteau ne peuvent parvenir à son sommet qu’en
              circulent d'une case dans l’autre, et le trou semi-   passant par le tuyau. Elles frappent le fond du cy­
              circulaire laisse passer les phlegmes qui se rendent   lindre, une partie s’y condense, tombe sur le dia­
              dans la chaudière, afin d’v subir une seconde distil­  phragme, tandis que la partie la plus spiritueuse
              lation.                                   monte dans la partie supérieure du chapiteau, et
                « A l’extérieur de ce condensateur est un tuyau de   enfile son bec pour se rendre dans le cylindre.
              trois centimètres de diamètre, qui est le prolonge­  « Les vapeurs condensées, à force de s’accumuler
              ment du chapiteau de la chaudière, et qui, traver­  sur le diaphragme, finiraient par remplir la partie
              sant tout l’appareil à dix centimètres au-dessus,   supérieure du chapiteau et par conséquent par cau­
              communique avec le condensateur par quatre tubes   ser une explosion, s’il n’avait eu la sage précaution
              latéraux dont deux servent à porter les vapeurs di­  d’v adapter un tube de sûreté qui garantit de tout
              rectement dans les deux cases extrêmes d’un côté,   accident. Ce tube, qui a trois centimètres de diamètre
              et les deux autres dans les deux cases extrêmes de   et la même hauteur que le premier, est soudé au
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