Page 451 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 451
L’ALCOOL ET LA DISTILLATION. 445
réunissaient, pour former un seul tube ab- ] « Les avantages de cet appareil, dit le rapport de
ces commissaires, sont étonnants pour tous ceux
ducteur, qui condensait les vapeurs dans |
qui en ont été les témoins. Quatre feuilles de cuivre
un vase semblable à celui que Glauber a i carrées, de cinquante centimètres de largeur, n’oc
décrit, et ressemblait par conséquent à un cupant que soixante-six centimètres de hauteur,
appareil de Woolf. Dans ce vase, les vapeurs placées dans le réservoir en bois, recouvertes
d’eau, communiquant d’un côté à la chaudière, à
se lavaient en traversant une couche de
l’aide d’un tuyau qui s’adapte à son chapiteau, île
liquide. là et de l’autre côté au serpentin descendant, recli-
Venait ensuite un appareil que Solimani flent en seize heures six cents veltes d’eau-de-vie, et
cela sans aucun embarras, sans aucun travail, indé
appelait alcogène, et qui peut être considéré
pendamment de l’économie du temps, du combus
comme le rudiment des colonnes des appa tible et de la main d’œuvre. Cette forme d’appareil
reils actuels. Il était formé de deux feuilles influe sur la qualité des esprits ; ils sont infiniment
plus doux, plus suaves que les autres ; car cette
de cuivre étamé soudées par leurs bords et
espèce d’analyse du vin s’opère tranquillement, sans
laissant entre elles un très-petit espace aucune espèce de combustion, les esprits étant con
(4 millimètres et demi). L’ensemble de ces stamment tempérés par l’eau, qui ne peut jamais, à
feuilles métalliques plié sous forme de ; l’aide du régulateur dont nous avons parlé, atteindre
à un plus haut degré de température que celle qui
pians alternatifs, inclinés de 43°, était plongé |
est nécessaire à la rectification des esprits. »
dans l’eau que contenait une barrique, dont
on pouvait chauffer l'eau à la température Le condenseur dont Solimani faisait usage,
que l’on voulait. se composait de six plans inclinés analo
Solimani voulait chauffer cette eau à gues à ceux de son alcogène, et plongés dans
une température convenable pour déter un vase rempli d’eau froide, constamment
miner la condensation de la plus grande renouvelée.
partie de la vapeur aqueuse, et laisser passer, Une pompe adaptée au vase laveur, ou
pour les condenser, les vapeurs alcooliques, vase Glauber, renvoyait dans les chaudières
pendant que le produit aqueux de la con les produits condensés de la rétrograda
densation retournerait au vase de Glauber. tion.
En maintenant, par exemple, la tempéra L’appareil de Solimani était un véritable
ture du réservoir entre 55 et 57°, il obtenait instrument de précision. On distillait le vin
facilement du trois-six. dans un bain de vapeur ; on exécutait un la
Pour bien régulariser la température re vage des vapeurs du vin ; on séparait les va
quise et obtenir un alcool d’un degré déter peurs d’eau de celles de l’alcool par conden
miné, Solimani employait une sorte d’aréo sation partielle et rétrogradation, et l’on
mètre mobile réglé à -|- 50" de température, mettait en œuvre tous les moyens techniques
et qui s’abaissait dans le liquide, lorsque la connus à cette époque pour obtenir avec
température s’élevait au-dessus de ce terme. économie des liquides spiritueux, abondants,
Le mouvement d’abaissement de cet aréo d’une grande pureté, et d’un degré déter
mètre provoquait l’ouverture d’une sou
miné.
pape, qui donnait passage à l’eau froide,
jusqu’à ce que la température normale fût « L’appareil de Solimani, dit M. Basset dans son
rétablie. ouvrage, Guide du fabricant d’alcools, se serait beau
coup approché de la perfection par la seule modi
Cette disposition, fort ingénieuse pour le
fication de quelques détails de forme, et beaucoup
temps, était peut-être trop délicate pour un de nos constructeurs modernes auraient puisé d’u-
appareil industriel. Cependant les commis ! tiles enseignements dans l’étude des principes qui
saires nommés par T Académie des sciences avaient dirigé ce chimiste (1). »
et lettres du Gard en parlent avec admiration, jj (1) Tome III, page 72, 1873.