Page 446 - Merveilles Industrie Tome 4
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                   Lorsqu’on ne voulait obtenir que de l’eau-  Les distillateurs nommaient cette opération
                 de-vie dite preuve de Hollande (à 50° cen­  Vépreuve au chapeau.
                 tésimaux), la chaudière et les deux œufs    Quand on avait reconnu que les vapeurs
                 suffisaient. On fermait alors le robinet qui  sortant de la chaudière ne renfermaient
                 fait communiquer les vapeurs du second  plus d’alcool, on éteignait le feu. On ouvrait
                 œuf avec le troisième, et l’on ouvrait le  alors le robinet, C, pour décharger la chau­
                 robinet qui faisait communiquer les vapeurs  dière et jeter la vinasse. On laissait ce résidu
                 du second œuf avec le serpentin le plus  s’échapper par un conduit pratiqué sous
                 élevé, c’est-à-dire celui de la cuve U. La  l’atelier et s’écouler au dehors. De même
                 distillation qui s’opérait dans ce cas donne  quand, par les épreuves faites, on avait re­
                 de l’eau-de-vie à 18’ centésimaux. On con­  connu que le vin des œufs ne contenait plus
                 tinuait à recevoir les produits de la dis­  d’alcool, on ouvrait les robinets, K, de com­
                 tillation dans la même futaille, jusqu’à ce  munication des œufs avec la chaudière, et la
                 que l’on s’aperçût que la liqueur diminuait  liqueur s’échappait parles mêmes voies qui
                 de force. Alors on ôtait la futaille, on en  servaient à évacuer le liquide de la chaudière.
                 mettait une seconde, pour recevoir ce qu’on   Nous avons dit que la cuve U, remplie de
                 appellait les repasses, afin de les redistiller,  vin, et dans laquelle est placé le premier
                 et l’on poussait la distillation jusqu’à ce que  serpentin, était hermétiquement fermée.
                 la chaudière ne donnât plus d’alcool.     Cependant elle reçoit des vapeurs alcooliques
                   Édouard Adam avait ajouté à cet appareil  très-chaudes, le vin se trouve échauffé par
                 un petit condenseur, F, que l’on voit sur le  ces vapeurs, et par conséquent il dégage,
                 côté gauche de la chaudière, et que l’on pou­  comme les œufs, des vapeurs alcooliques.
                 vait mettre, quand on le voulait, en commu­  C’est pour les retenir que l’on couvre par­
                 nication avec cette chaudière, au moyen d’un  faitement la cuve. Mais ces vapeurs pour­
                 tube, E, pourvu d’un robinet. Cet organe  raient briser le couvercle, et faire perdre, en
                 accessoire servait à reconnaître le moment  s’échappant, des produits de la distillation.
                 oii l’on devait arrêter la distillation. Pour  Pour éviter cet accident et ne pas perdre
                 cela, on ouvrait le robinet latéral, E, qui  d’alcool, le couvercle est surmonté d’un
                 conduisait les vapeurs dans le petit serpen­  petit tube ab, qui conduit les vapeurs al­
                 tin F, placé près du fourneau, et l’on fer­  cooliques du vin de cette cuve dans une
                 mait celui qui faisait communiquer les va­  boule T, d’où elles descendent, soit dans un
                 peurs de la chaudière avec le premier œuf,   des œufs, soit dans la chaudière. Grâce à
                 c’est-à-dire le tube I. Les vapeurs étaient  cette précaution, cet alcool n’est pas perdu.
                 donc obligées de se diriger vers le petit   Tel était l’appareil d’Édouard Adam. Il
                 serpentin, F. Elles s’y condensaient, et la li­  constituait un progrès immense sur tous
                 queur était reçue, par Je robinet, G, dans un  ceux qui l’avaient précédé, mais il avait un
                 verre.                                    grand inconvénient. C’était l’existence d’une
                   Il était facile, en examinant ce pro­   pression à l’intérieur des vases. Cette pres­
                 duit de condensation, de reconnaître s'il  sion était égale à une colonne d’eau repré­
                 restait encore de l’alcool dans le vin. Pour  sentée par la demi-hauteur des œufs. En effet,
                 cela, on jetait cette liqueur sur le chapiteau  dans l’appareil d’Édouard Adam, comme
                 de la chaudière, et l’on en approchait un  dans celui de Woolf, il y a constamment une
                 papier allumé ; si elle ne s’enflammait pas,   pression exercée par les vapeurs. Or, un ap­
                 c’est que le vin ne contenait plus d’alcool,  pareil distillatoire, surtout lorsqu’il s’agit
                 et que la distillation devait être arrêtée.   d’un liquide inflammable comme l’alcool, ne
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