Page 447 - Merveilles Industrie Tome 4
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L’ALCOOL ET LA DISTILLATION.                              441


          doit jamais avoir de pression a l’intérieur, car   Solimani chauffait le vin à la vapeur, et
          cette pression peut provoquer l’explosion de  son appareil produisait à la fois économie
          l’appareil ou des fuites dangereuses d’al­  de temps, de main-d’œuvre et de combus­
          cool. Lors des expériences qui furent faites  tible.
          à Montpellier en 1807, par une commission   C’est ici le lieu de parler, comme nous
                                                    l’avons promis, des rapports d’Édouard
                                                    Adam et de Solimani, et de rechercher si
                                                    le marchand de mousselines de Rouen
                                                    n avait pas dû toutes ses connaissances
                                                    scientifiques et même toute l’idée de son ap­
                                                    pareil, aux leçons et aux conseils de Soli­
                                                    mani.
                                                      Un très-curieux et très-éloquent Mémoire,
                                                    publié à Nîmes, en 1802, par Laurent Soli­
                                                    mani, en réponse à un factum d’Edouard
                                                    Adam, ayant pour titre Observations, va édi­
                                                    fier complètement le lecteur, et faire connaî­
                                                    tre, en même temps, des détails très-curieux
                                                    sur la personne , le caractère d’Édouard
                                                    Adam, et la manière dont le marchand de
                                                    mousselines rouennais parvint d’abord à
                                                    réaliser, ensuite à exploiter sa découverte.

                                                      « J’ai fait du bien au sieur Adam, dit Solimani, dans
                                                    ce Mémoire, je l’ai accueilli dans ses malheurs ; j’ai
                                                    compati à son infortune ; j’ai fait plus, je lui ai rendu
                                                    l’espérance qu’il paraissait avoir perdue ; je lui ai
                    Fig. 246. — Édouard Adam.       enseigné les principes d’une science à laquelle il était
                                                    étranger, et que je cultivais depuis mon enfance ; je
          d’experts, on reconnut ce grave défaut, et   lui ai fait connaître les ressources qu’il pourrait
                                                    tirer de mes leçons ; je l’ai enfin initié dans l’art de
          l’on n’osa pas pousser très-loin la distilla­
                                                    la distillation, dont il tire aujourd’hui vanité.
          tion, à cause des dangers qu’elle présentait.  Pour prix de tant de soins, pour récompense de
                                                    tant de services, il m’insulte, il m’outrage, il me
                                                    calomnie, il cherche à me tourner en ridicule, il se
            Nous avons dit que Solimani faisait con­
                                                    permet sur mon compte les plaisanteries les plus
          struire, en même temps qu’Edouard Adam,   grossières. »
          un appareil distillatoire. Solimani établit cet
          appareil dans une distillerie de Calvisson,   Après ce préambule, Solimani raconte ses
          village dans le département du Gard.      rapports avec Édouard Adam, comment il
            Un rapport adressé à \’Académie des  fut amené à lui enseigner les principes de­
          sciences et lettres du Gard, dans sa séance  là chimie et à lui suggérer l’idée de son
          du 9 décembre 1802, par quatre commis­    appareil.
          saires nommés par cette Société, contient
          une description précise de cet appareil, qui   « Adam est Normand d’origine. Il vint à Nîmes au
                                                    commencement de la Révolution, s’y maria et y
          montre que l’alambic de Solimani était
                                                    forma un établissement commercial.
          bien supérieur, par son efficacité, à celui
                                                      « Ses spéculations ne furent point heureuses ; il eut
          d'Edouard Adam.                           beau vendre de la mousseline et de la toile, il fal-
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